Pourquoi est-ce que les malédictions tombent toujours sur les personnes qui auraient pu se tourner vers les bons côtés de la vie ? Non, ce serait trop simple et fade. La vie, comme jeu, nous joue des tours souvent incompris, pourtant ce n'est qu'une étape de plus vers la liberté.

Sorrow fermait le livre qu'il était entrain de lire, passablement frustré par ce dernier passage. Ce n'était pas qu'il ne comprenait pas.. Il ne voulait simplement pas comprendre. Le garçon serrait la mâchoire et envoyait valser le livre au fond du dortoir. Seul, il s'était isolé et avait interdit quiconque de le déranger. Connaissant le caractère instable du jeune homme, personne n'avait bronché à son interdiction pour la soirée et pour une fois la salle commune des Serpentard était un peu plus animée qu'à l'accoutumée, étant donné qu'il n'y avait rien d'autres à faire après le couvre feu.

Le tatoué se levait, fit le tour de la chambre et laissait traîner ses mains sur ses affaires. Une photo de lui et sa famille commençait à prendre la poussière. Le regard humble et froid de son père fixait l'objectif, et sa mère caressait tendrement les cheveux de lui, enfant, avec un sourire chaleureux.
Famille qui lui inspirait un sentiment partagé. A se souvenir, il n'avait jamais été extrêmement proche de son père. Il ne le voyait pas souvent - ce dernier travaillait plus qu'il ne s'occupait de sa famille - mais sa non présence ne lui avait jamais fait ressentir quelconque manque. Il en était assez indifférent, bien qu'il le prenait comme modèle. Le modèle du père est important dans la vie d'un enfant... Même s'il n'y avait pas vraiment d'affinité de la part de l'un et de l'autre.

Le doigt du jeune Serpy glissait tendrement sur la joue de sa mère, retirant au passage une partie de la légère couche de poussière. C'était elle qui comblait l'affection qui aurait pu lui manquer. Peut-être même un peu trop, car très vite il avait voulu être très indépendant, s'extirper de la possession de sa "maman poule".
Il l'aimait énormément, mais il avait vite sentit qu'il étouffait sous sa surprotection.

Et c'était sûrement cette surprotection qui l'avait amené à devenir le monstre qu'il était.
Son regard se couvrait et se durcit à cette simple pensée. Peut-être que s'il ne s'était pas enfuit ce soir là.. S'il avait été moins bête que de fuguer un soir de pleine lune... En lisière d'un bois pour se cacher, en plus.
Il s'en voulait à lui même d'avoir été un con. Oh, il l'était toujours, mais de manière disons.. Différente.
Là, il haïssait le jeune garçon inconscient qu'il avait été, l'espace d'une nuit dont il se souviendrait le restant de ses jours. Jamais il n'avait été à la fois excité par la bêtise, mais aussi terrifié par les événement qui s'étaient passés.

La lune, brillante, lui avait éclairé le sous bois. Il se souvenait encore de sa respiration haletante, ses jambes qui l'emmenaient le plus loin possible, la terreur qui faisait perler de lourdes sueurs froides le long de son échine. Ses cris étaient devenus muets, tus par la terreur qui le prenait. Et il entendait derrière lui, les grognements de la bête, le froissement des feuilles, les branches mortes craquaient.
Ces images hantaient encore une partie de ses rêves. Il en cauchemardait régulièrement.
Sorrow se réveillait toujours au moment où il tombait, son pied pris dans une racine, et la bête le mordait sauvagement. C'était trempé de sueur dans son sommeil qu'il s'éveillait régulièrement en plein milieu de la nuit.
Il aurait pu mourir, déchiqueté par le garou, mais ses cris avaient alertés des voisins, habitants proches de la lisière. Le brun ne se souvenait pas distinctement de qui avait fait quoi, et quel sort avait été utilisé. Il avait perdu conscience, et la bête s'était enfuies. Il ne savait toujours pas qui était exactement le loup qui l'avait transformé alors qu'il n'avait que douze ans.

Le regard morne, les poils hérissés sur ses bras, il reposait doucement la photographie. Il n'arrivait pas à décrisper sa mâchoire.
Il sursautait en entendant taper à la porte en bois. Le bruit extérieur l'avait surpris et avait terminé de le sortir de ses noires pensées.

Sorrow - Il me semble avoir ordonné de me laisser seul ! Aboyait-il à ceux qui venaient réclamer la chambre.

Vu que les autres ne semblaient pas lâcher l'affaire, il ouvrait la porte, furibond et lançait un sévère stupefix au premier devant lui, pour bien faire comprendre qu'il ne supportait pas qu'on se déroge à ses ordres. Il n'avait aucune crainte qu'on le dénonce. Personne ne voulait faire perdre de point aux Serpentards.. Et puis, ils avaient bien trop peur de la rancune du loup-garou. Dans "la meute", Sorrow était un mâle dominant. Et les sales rumeurs qui couraient sur lui ne faisaient qu'engendrer un peu plus la crainte..
Certains disaient qu'il n'hésitait pas à venir déchiqueter ceux qui le provoquaient, les soirs de pleine lunes. D'autres soufflaient qu'il avait déjà été à Azkaban durant ses quelques mois d'absences (suite à sa transformation)... Enfin, l'on disait qu'il vénérait un nouveau mage noir en espérant qu'il soit aussi puissant que le tristement célèbre Lord Voldemort.

Ca lui passait par dessus la tête ses rumeurs. Il ne faisait rien - à part être lui meme - pour les engendrer. Mais il ne bougeait pas non plus pour les faire taire. Il s'en foutait. Les gens n'avaient qu'à penser ce qu'ils voulaient, tant que lui était bien certain de ce qu'il faisait...

En passant dans la salle commune, il snobait une jeune fille. Amaryllis. Cette fille, il ne pouvait pas la voir. Il avait bien failli la tuer il y'avait de ça quelques semaines... Pour être honnête, sur le coup il avait eu peur. Tuer une élève, même s'il avait été sous l'emprise de la Bête en lui, aurait pu lui amener beaucoup d'ennuis. La façon dont elle lui avait finalement parlé ne lui avait pas plu du tout... Et c'est, sans cœur, qu'il l'avait laissée se démerder pour retourner au château, jusque l'infirmerie alors qu'il l'avait plutôt gravement blessée.
Depuis dès qu'ils devaient malheureusement s'adresser la parole, ça se finissait presque à chaque fois aux mains. Ils ne pouvaient pas s'adresser une seule phrase sans que ça parte en couilles. La meilleure solution qu'il avait trouvé ? L'ignorer totalement.
Ca marchait... La plupart du temps.

En attendant, il rêvait de mettre la main sur l'homme qui l'avait transformé de force. Et se venger. C'en était presque plus important pour lui que de finir ses études et travailler dignement. Il voulait le retrouver, et peut-être même aller jusqu'à le tuer.