Fraîchement arrivé à Poudlard, Dragan n’avait jamais eu cette impression de ne pas être à sa place à Poudlard. Au temps de ses études, il était un vrai prince dans ce château. Préfet-en-chef, joueur élite de l’équipe de quidditch et meilleur duelliste du collège, il était une vraie étoile montante. Nombreux étaient ceux désirant faire partie de son cercle d’ami, pourtant si restreint. Pourtant, aujourd’hui, le château ne lui semblait plus si attrayant. Peut-être était-ce la perception qui avait changé. Le bagage accumulé au cours des dix dernières années le rendait-il aveugle à cette magie que dégageait le château. Ou était-ce la tristesse qui l’avait soudainement submergé en prenant conscience que jamais son fils n’aurait la chance de passer de merveilleuses années dans ce château comme lui l’avait fait alors qu’il était encore jeune. Il ne passait pas une journée depuis sept ans sans que Dragan ne pense à sa femme et son fils qu’on lui avait sauvagement dérobé. Il avait toujours eue cette impression de ne pas avoir réellement fait ses adieux, dit comment il les aimait de tout son cœur avant de les perdre. On disait que vivre dans le regret n’était pas la meilleure manière de passer au travers d’un deuil, mais ceux ayant connu une telle épreuve savent que par la suite, il est impossible de ne pas continuer à penser à ceux que l’on aime. Dragan n’avait toujours pas trouvé sa paix intérieure, mais Poudlard serait peut-être la source de cette dernière. Après tout, il revenait à la case départ.

À son arrivé, il avait trouvé le château changé. Il n’était pas une question de changement physique, mais de l’esprit de Poudlard. Un nuage de crainte et de peur survolait la population du collège. Sur chaque visage, on pouvait lire une profonde inquiétude. Les plus jeunes se déplaçaient en bande serré, comme pour se protéger entre eux. Certains des plus vieux lui lançaient des regards suspects. La veille au soir, Ysaline l’avait officiellement présenté à tous les étudiants lors du souper. Il avait bien senti la vague d’animosité à son égard. Arriver après le début des classes n’était jamais une chose aisée. L’ancien professeur de botanique avait quitté le château après le meurtre de l’enseignante d’étude des moldus. Dragan comprenait bien la crainte des étudiants, il ne pouvait que compatir en se disant qu’il était là pour les protéger, prendre soin d’eux tout en trouvant le coupable de cet acte de barbarie ignoble.

Aujourd’hui, un soleil magnifique brillait dans le ciel. Malgré le léger vent d’automne, il faisait bon à l’extérieur. Dragan en profita pour aller prendre une petite marche de santé. Étant la fin de semaine, il n’aurait pas de cours à donner avant lundi, autant profiter de sa liberté encore un petit peu en redécouvrant ses souvenirs de jeunesses. Tout au long de sa procession vers la colline au sommet de laquelle se dressait un magnifique érable, Dragan en profita pour prendre des notes mentales. Ils y avaient quelques étudiants éparpillés dans le parc. Certains lisaient, d’autres bavardaient. Il y avait un petit groupe qui s’amusait à faire des courses de balais au-dessus de la tête de leurs compagnons qui les encourageaient avec grandes acclamations. Un sourire s’accrocha aux lèvres du sorcier. Finalement, Poudlard n’avait peut-être pas tant changé. C’est alors qu’il aperçu une silhouette familière assise sous un arbre, plongée dans la lecture d’un livre. S’avançant doucement, Dragan s’assis dans l’herbe près d’elle. Il s’écoula un moment avant que la sorcière ne daigne lui accorder son attention.

« - Bonjour Dragan. Qu'est ce que tu veux ?! » questionna-t-elle d’un ton qui ne se voulait pas très amical. Dragan ne pouvait que comprendre cette animosité. À l’époque de leurs études respectives, la jeune femme adulait tout simplement le sorcier, faisant des pieds et des mains pour qu’il daigne s’intéresser à elle. Il ne fit pourtant rien, et aujourd’hui la rencoeur semblait toujours habiter le cœur de la sorcière.

« Wow ! Tu es devenue très amicale depuis le temps, moi que te croyais plus gentille dans le temps… », réplica-t-il d’un ton à la fois doux et moqueur. Voyant le froncement de sourcil d’Elalle s’intensifier, il repris tranquillement : « J’avais envie de discuter et… bien tu es l’une des seules personnes que je connaisse un tant soit peu ici donc j’avais espéré qu’on puisse parler un peu… »

Son retour au château où il avait fait ses études eu plus d’impact sur Dragan qu’il ne le croyait à son arrivé. Des souvenirs à la tonne fourmillaient dans son esprit le rendant quelque peu étourdis par leur force. Il y avait notamment cette fille, la belle jeune femme qui enseignait désormais la divination à Poudlard, Dragan avait un vague souvenir d’elle, comme si elle avait été très présente à un moment de sa vie, sans toutefois se souvenir avoir passé du temps avec elle. C’était plus comme un souvenir visuel à vrai dire. Elle n’avait pas beaucoup changé au cours de ces dix dernières années, mais Dragan ne s’était jamais aperçu de sa beauté naturelle. Il faut dire qu’à l’époque, il ne s’apercevait pas de beaucoup de choses en dehors de ses amis et son univers très restreint.

Dans l’espoir de discuter avec quelqu’un qui lui était un tant soit peut familier, le sorcier avait rejoint la cadette des de la Croix. À son approche cette dernière ne sembla pas très heureuse de sa présence et le ton froid qu’elle employait à son égard le fit sentir passablement coupable, même s’il ne savait pas trop pourquoi il avait à se sentir coupable. Les paroles d'Elaelle vinrent confirmer ses impressions.

« - Tu es sacrément gonflé de venir me voir après ce que tu m'as fait... Enfin bon, c'est le passé et je suis prête à passer outre si tu consentes à t'excuser de t'être comporté comme un con envers moi. Et là, je serais prête à engager une discussion avec toi. »

Un con… Certe, Dragan était très nombriliste à l’époque de ses études à Poudlard. Il se pensait même très supérieur à de nombreuses personnes. Il en avait ignoré plusieurs, en avait envoyé promené encore plus, mais de là à ce souvenir de tous ceux qu’il avait blessé, c’était pousser le bouchon un peu loin. Non qu’il soit quelqu’un d’égoïste, au contraire, Dragan avait prit beaucoup de maturité aux cours de ces dernières années, mais lors de son adolescence, nous pouvons affirmer qu’il l’était sans aucun doute. 

Fixant la sorcière, il tenta de se souvenir d’elle plus précisément. Mettant de côté les souvenirs superficiels auxquels il n’avait pas repensé depuis des années, il chercha coute que coute Elaelle dans sa mémoire. Petite serdaigle frêle, mais tout de même jolie. Elle avait se regard de biche rempli d’admiration pour Dragan. Il se souvenait partiellement l’avoir souvent aperçue non loin de lui et sa bande d’ami. La petite cherchait à attirer son attention, mais lui, en con de première, il ne cessait de l’éconduire. À plusieurs reprises, il avait vu la tristesse et la déception dans son regard, mais il ne s’en était jamais formalisé. Aujourd’hui, il se rendait bien compte du mal qu’il avait put lui faire. Une pointe de malaise lui traversa le cœur, mais pas tout à faire mal à l’aise. S’il avait compris une chose au cours de ces dix ans passés au ministère, c’était bien que les expériences et les déceptions de l’adolescence étaient minimes à côté de ce que la vie vous réservait. Il répondit tout de même à la sorcière d’un ton le plus sincère possible, une chose facile vu ses talents pour jouer la comédie. 

« - À l’époque j’étais un vrai con, j’en suis réellement désolé. Avec le recul, je me rends bien compte que j’ai mal agis. » Agrémentant le tout d’un sourire désolé, il la regarda directement dans les yeux sans ciller. Elle le regarda un moment avant de reprendre d’un ton qui se voulait un tant soit peu amical :

« - Tu veux qu'on discute c'est ça ?!... Eh bien, discutons... Comment vas-tu en cette belle journée ensoleillée ?!.. »

Dragan la fixait toujours , comme incertain de ce soudain revirement de situation. Fallait-il embarquer dans son jeu ou se la jouer le mec à qui on ne ferait pas croire aussi bien qu’on était heureux de des excuses bidons? Sans hésitation, le maître de la botanique lui répondit :

« - Je vais bien, même si la météo n’est pas un sujet de conversation très palpitant ! Et si tu me parlais un peu de nos collègues, c’est à peine si j’arrive à mettre un nom sur chaque visage que le croise ! Je me sens tellement idiot d’aller m’adresser aux gens lorsque j’oublie leur prénom… »