« La femme sera toujours le danger de tous les paradis. »
C’était toujours une matinée comme les autres. Ce genre de journée où, tu n’avais aucunement l’envie de te lever, car tu avais passé une mauvaise nuit, avec un homme des plus répugnants. Mais c’était les risques du métier. Comme toujours, il y avait cela ou le risque d’attraper n’importe quelles maladies liées au sexe, ou bien tombées enceintes… Malgré tout ce que la potion que tu donnais à tes filles pouvait faire, parfois cela arrivait. Mais grâce au ciel, toutes celles à qui cela était arrivé avaient eu la sage décision d’abandonner l’idée de garder leurs enfants. Pour toi ? Avoir des enfants n’était pas une nécessité, bien que durant toute ta jeunesse, tu en avais avidement désiré. Tu avais vite compris que cela serait d’un compliqué à gérer si tu tenais à garder ton affaire, toute ta vie. En fait, tu n’avais pas monté ta propre maison de charme pour la laisser à Yura une fois que tu aurais trouvé l’homme parfait, idéal qui accepterait ta condition sans rien dire. D'ailleurs, tu pensais à juste titre que ce genre d’homme ne pouvait pas exister. Qui était assez fou pour se marier avec une prostituée ? Personne vraiment, c’était encore une idée stupide que de croire à l’amour avec ta maison de charme sur les bras.
Te levant enfin, et non sans difficulté, tu enfilas un par-dessus de soie blanche presque transparente à longue manche, au-dessus d’une nuisette longue qui cachait même tes pieds. Tes cheveux bruns glissant le long de ton cou dans une difficile mélodie de boucles enragées. Yura frappa à ta porte pour t’amener un médicament et une tasse de thé à l’orange que tu avais mérités amplement alors que tu comptais les billets que tu avais récoltés et tu n’en avais pas moins que ce que tu avais demandé. Cinq mille galions, ni plus ni moins et encore heureux pour celui qui t’avait payé. Si jamais il n’en avait oublié ne serait-ce qu’un, tu aurais envoyé Yura pour le récupérer. Un sou est un sou ! Enfin, Cléo une de tes filles vint frapper à ta porte avec un petit air gêné sur le visage. Ici toutes les filles pensaient que Yura et toi étiez un couple caché, alors que vous n’étiez que des amis, des complices. Enfin, elle ajouta faiblement : «
Anne a fait rentrer un homme assez grand, il dit qu’il a un colis pour toi Rose. ». Tu te levas en trombe, la poussant presque pour la dégager de devant la porte. C’est d’une traire que tu descendis les trois étages pour arriver au rez-de-chaussée. Essoufflée, mais pas moins souriante. Anne, une de tes plus vieilles filles, le regard gourmand et le décolleté plongeant en prime, tu lui remontas d’un coup sec en ajoutant sévère : «
Tu devrais savoir qu’on ne travaille pas ici avant vingt heures ! Remonte avec les autres. » Toujours, comme toujours, elle baissa les yeux, tu étais la grande patronne après tout malgré ton âge.
Enfin, tu te retournas sur l’étranger, du moins, tu le connaissais bien, car Kitty était une fervente lectrice et commander des livres était plus une obligation qu’un plaisir. Alors, tu avais choisi un bon libraire. Kilian ne cachait certes pas ses origines et il était mignon qui plus est. Enfin, il te sourit et te demandas s’il ne te dérangeait pas. Naturellement tu répondis : «
Je suis plutôt du genre à me lever tard, mais j’avoue que je ne me suis pas encore couché. Montons, je n’ai pas de quoi te régler à cet étage. » Tu lui souris en lui emboitant le pas dans ta grande maison de charme. Au premier, il n’y avait pas grand-chose, salle de réception et autres chambres.
Le second était rempli de porte ouverte avec une femme qui nettoyait. Pas une prostitué, mais cette personne s’occupait de vous comme une mère, même toi tu n’osais pas lui donner d’ordre.
Cependant que tu arrivas au troisième, en pleine conversation avec ton visiteur, tu tombas nez à nez avec ton petit frère Hadès, sa chevelure rousse se détachant des murs tant elle flamboyait : «
Hel, tu as dit qu’on irait faire mes fournitures aujourd’hui. » Et il se pencha pour voir l’homme sur tes talons : «
Mais je vois que tu as encore du travail. J’irais avec Yura. Profites bien » ajouta-t-il avec ce petit sourire narquois que tu détestais tant ?
C’est rageusement que tu ouvris la porte de ton bureau rempli de photo de femmes d’autres lettres de demandes de filles, de réservations de tout ce qu’on pouvait trouver. Tu te retournas vers Kilian : «
Tu veux quelque à boire ? »