POLTERGEIST † blake and rocksane

Les cauchemars et encore les cauchemars. Je n’arrivais plus a fermer les yeux puisque mes rêves étaient parsemés de cauchemars. Le cauchemar est l’antithèse du rêve. Il peut être aussi dévastateur que le plus beau des rêves permet de faire avancer en nous donnant de l’espoir. La vie n’est pas toujours facile. Parfois les jours sont difficiles, les démons reviennent nous hanter, de sorte que nous ne sommes plus à même de se reposer. Vous savez, chaque jour, je me bats contre des démons intérieurs et extérieurs. Certains, plus brutaux que d’autres, ils n’en restent pas moins dévastateurs. Il y a des jours où, à la tombée des jours, je me sens complètement anéantis, vidé, épuisé. Alors que d’autres, mes cauchemars commence avec la lueur de l’aube. Aujourd’hui, je n’avais toutefois pas fermé l’œil. Luttant contre la fatigue qui prenait peu à peu possession de mon être, je devais absolument sortir de la salle commune déserte, endroit de prédilection pour lire tranquillement lorsque tout le monde était parti de mettre au lit depuis des heures. Toutefois, le sommeil était mon  ennemi en cette soirée paisible, je décidai donc d’aller me balader dans le château. Avec un peu de chance, il y aurait des elfes dans les cuisines qui seront prêt à me donner un petit quelque chose à me mettre sous la dent. Passant le tonneau qui menait à la sortie, j’échouai dans le premier couloir sombre de ma balade. Bien que qu’il fasse une noirceur de pois, je ne m’en faisais pas. Connaissant le chemin par cœur, je marchai dans le noir. La baguette n’était pas une option après le couvre feu, trop de risque de se faire surprendre.

Longeant le mur en direction sud, je trouvai rapidement le tableau de la coupe de fruits menant aux cuisines. Habilement, je gratouillai juste où il fallait, mais mes caresses ne suffirent pas, l’entrée me restait obstinément fermé. Soupirant de plus belle, je rebroussai chemin. La tour d’astronomie serait certainement déserte à cette heure, et le ciel me semblait magnifique ce soir. Je pourrai l’observer tranquillement en rêvassant à l’avenir parfait que Liam et moi s’étions conçu enfants. Un avenir certainement inaccessible aujourd’hui… Remontant l’escalier de marbre quatre à quatre, je débouchai sur le palier. Je pris alors l’ouest vers les escaliers mouvants. J’en étais au quatrième lorsque surgit une ombre sur le palier. M’accostant contre le mur, je tentai de me faire plus petit que jamais, mais l’ombre s’avançait de plus en plus en ma direction. S’éleva soudainement une chanson des plus horribles. La voix qui la chantait ne pouvait être confondue avec aucune autre au monde. Personne n’avait une voix plus cassante que ce foutu esprit frappeur, et gare à celui qui oserait lui dire. Gare, également, à celui qui se ferait prendre à se balader dans les couloirs en pleine nuit. Peeves n’aurait que son plus grand plaisir à faire le plus de bruits possible afin d’alerter Archibalt ou un enseignant quelconque. C’est qu’il était démoniaque cet esprit frappeur. Je pris rapidement la sortie sur ma droite, espérant ne pas tomber directement sur le fantôme. Encore deux fois à droite, puis je fonçai directement sur un mur qui me laissa le passage libre. J’allais en ressortir de l’autre côte lorsque je faillis percuter quelqu’un de plein fouet.

Fuyant l’inquiétude que créaient mes cauchemars dans mon esprit, j’avais choisis de me soustraire au sommeil au profit d’une balade nocturne dans le château. Mon plan initial de me rendre aux cuisines ayant été réduit à néant, je décidai donc de me rendre à la tour d’astronomie dans l’espoir de pouvoir observer le ciel en toute tranquillité, l’esprit divaguant vers des pensées agréables. Mais cette fois encore, mes beaux projets de solitude et de calme furent anéantis, mais assez brutalement par l’arrivé soudaine de l’esprit frappeur. Un être ayant pour mission dans sa mort de faire souffrir les étudiants le plus possible. Dès que l’occasion s’en présentait, il ne perdait pas aucune chance de vous tirer le tapis sous les pieds dans l’escalier, faire tomber les lustres sur vos têtes dans les salles de classe, se cacher derrière les armures et les pousser au sol sur votre chemin, vous lancer des livres ou tout ce qui risquait de vous mettre en rogne le rendait heureux. Il fallait se méfier de cet esprit frappeur, parce que Peeve était l’être le plus exécrable de Poudlard, une vraie petite peste. Pourtant, son activité préféré restait la chasse à l’élève rebelle qui sortait de son dortoir après le couvre feu. Il adorait vous poursuivre partout dans le château en faisant un boucan du tonnerre afin d’alerter les autorités de l’école ce qui vous ferait gagner une horrible retenue et, certainement, perdre quelques points à votre maison. Des points qui n’étaient pas facile de gagner. Vous comprenez certainement pourquoi j’avais fait tout mon possible pour me cacher lorsque j’avais entendu Peeve chanter plus loin sur l’étage. Me cacher au risque de me blesser par inadvertance…

Alors que je m’insérais de reculons dans le passage secret, je faillis entrer en collision avec quelqu’un. Sur le coup, je sentis mon cœur faire un bon. Était-ce le concierge ou un enseignant de l’école? Malgré que ce passage fût bien connu, ce pourrait aussi bien être un préfet qui faisait à ronde. À cette heure, ils vaquaient toujours à leurs occupations. M’immobilisant, espérant ne pas avoir attiré trop l’attention sur moi, je n’osai plus faire le moindre geste. C’est alors qu’elle chuchota doucement ce que je crus être une salutation. Essayant toujours de me faire discret, ne sachant toujours pas à qui j’avais affaire, je n’osai pas répondre. Des mains se posèrent sur ma tête, passant de mes cheveux à mon visage. Tétanisai, mon cœur cognait fort contre ma cage thoracique. Il ne faisait plus aucun doute que j’étais repéré. Pourtant, j’avais ce fort pressentiment que je n’étais pas vraiment dans le trouble. Et puis, s’il s’agissait simplement d’un élève, il risquait, en me dénonçant, d’écoper autant que moi. Autant me laisser tâter. Il ne risquait pas de me reconnaître dans le noir. C’est à cette réflexion que les mains retombèrent et qu’un voix s’éleva :  « Blake ? Dis moi que c'est bien toi. »  Sur le coup, je pensais à Liam puisqu’il n’y avait personne au monde capable de me reconnaître dans le noir en dehors de mon cousin, mais le voix était nettement féminine, ce qui mettait de côté Stevenson. Avant de formuler une réponse positive, je devais absolument savoir à qui j’avais affaire. Qui pouvait bien me reconnaître de la sorte? À moins que…

« Rocksane ? » Il était évident que si lors de la première rencontre, il faisait noir comme chez le loup et que vous avez fait connaissance par le toucher, le toucher peut facilement vous indiquer à qui vous avez affaire lorsque vos yeux ne peuvent le faire. Un léger sourire étira la bouche de Blake au souvenir de leur première rencontre dans des conditions étonnamment semblable. Il allait faire part de sa réflexion amusante à son amie lorsque la voix de Peeve se fit plus près. Attrapant le bras de la jeune fille, il la força à s’asseoir au sol, le dos contre la paroi. Une légère pression sur sa main suffit à lui faire comprendre qu’il lui demandait de ne pas faire le moindre bruit.

Les esprits frappeurs ne sont pas appelés ainsi à la légère. L’origine de leur nom est bien plus poussé que vous ne pourriez le croire. Bien entendu, s’ils sont des esprits, c’est parce qu’ils sont morts, mais l’adjectifs « frappeurs » n’est pas là seulement pour faire beau. Ce terme fait allusion à des phénomènes de petites hantises consistant en la provenance de bruit étrange, déplacement, apparition ou disparition d’objets inexplicables. Pour sa part, Peeves remplissait à merveille son rôle d’esprit frappeur. D’une fourberie sans non, c’était de roi des Poltergeist. Bien entendu, tous le craignait. N’allez pas tenter de faire entendre raison à un esprit frappeur, c’est peine perdu. Les étudiants de Poudlard l’avaient, au fils des générations, appris bien à leur détriment. Nombreuses fut les victimes de Peeves, mais ce soir, Blake n’avait certainement pas l’intention d’être de nouveau l’une d’entre elles. Ce fut donc avec empressement qu’à l’audition de la voix du fantôme dans le couloir, il avait instinctivement attrapé le bras de la serpentarde pour « tenter » de se faire discret. Bien entendu, s’il s’avérait que l’indésirable se pointe dans le passage secret, il en était peu fait de leur super cachette puisque l’esprit en question avait la faculté de voir dans le noir.

Le dos au mur, la main toujours autour du poignet de la jeune femme, Blake ne faisait pas le moindre bruit, attendant de voir dans quelle direction le fantôme irait. Lentement, la voix semblait s’estomper, mais elle ne semblait pourtant pas s’éloigner. Au contraire l’esprit donnait l’impression d’avoir une conversation avec lui-même. Parlant fort, puis se répondant à voix basse créant ainsi une alternance dans l’écho percuté par les murs du couloir vide. Les deux étudiants retinrent leur respiration, question de ne pas se faire repérer. Après un moment, le son de sa voix s’éloigna doucement, mais pas suffisamment pour devenir inaudible ou bien était-ce l’écho qui l’amplifiait. Quoi qu’il en soit, Rocksane resta prudente en s’adressant à Blake.

« Un jour il fera faire une crise cardiaque à quelqu'un. », avait-elle chuchoté toujours immobile contre la paroi du passage secret. À ses côtés, Blake tendit l’oreille avant de lui répondre d’un ton aussi bas que le sien : « Ce ne serait certainement pas le premier.» La voix de l’esprit c’était encore éloigné. Quelque peu rassuré, la poufsouffle se redressa sur ses jambes, époussetant également son derrière certainement recouvert de poussière. Tendant la main à Rocksane, il en profita pour ajouter, d’une voix toujours très basse. « Il va finir par rendre tout le monde dingue, à commencer par lui-même. Enfin, si c’est possible d’être plus barjot qu’il ne l’est déjà…» Son ton était toujours très bas, pas tout à fait rassurer de savoir l’esprit frappeur toujours dans les parages. Une fois en première année, Blake s’était fait prendre par le fantôme. Malgré les recommandations de son cousin, il ne s’était pas montrer assez prudent. Aujourd’hui, il n’était pas question de se faire avoir une seconde fois.

« J’espère qu’il n’a pas trop gâché ta promenade nocturne » , affirma-t-il plus qu’il ne questionna. « Et puis, d’ailleurs, il n’est pas très prudent de se promener dans les couloirs seuls après ce qui est arrivé à… » À repenser à l’enseignante d’étude des moldus qui avait récemment été tuée avait de quoi donner des frissons à Blake. Faut croire que Poudlard n’était finalement pas un endroit très sécuritaire. Si on regardait un peu ce qui s’y était par passé par le passé, on voyait bien que ce n’était pas du tout un endroit très sécuritaire contrairement à une croyance populaire. Après tout, au temps du célèbre Harry Potter, celui que tous appelait Voldemort ainsi que ses disciples s’y étaient introduits à de nombreuses reprises.