La journée a été longue et épuisante, les études ce n'est pas franchement toujours le pied. Je me demande ce qui m'a pris parfois de les continuer, j'aurais peut-être du faire comme mon frère. Mon frère … on en reparle ou pas? Non franchement je crois qu'il faut mieux que j'arrête de penser à lui, comme il faut que j'arrête de penser à William et je suis presque sûr qu'il était là à Halloween que c'est lui qui leur a dit d'arrêter de nous attaquer, je ne sais pas pourquoi mais j'ai cette sensation là depuis quelque temps j'ai eu l'impression de reconnaître son regard. Mais je ne suis sûr de rien et tout ça me tanne et me fatigue d'y repenser. J'ai été incapable d'aider les autres, tellement j'étais pétrifié par leur présence.  Je ne sais pas si les autres l'ont remarqué, en tout cas je fais tout ce que je peux pour éviter le sujet et faire comme si rien de tout ça n'était arrivé parce que j'ai honte d'avoir agit si bêtement ou plutôt de ne pas avoir agis du tout.

Je suis resté jusqu'à la fermeture à la bibliothèque, lisant des bouquin sur la justice magique que les professeur nous ont demandé de lire. Les autres étaient encore dans la salle commune quand je suis arrivé, je crois que j'ai oublié d'aller dîner aussi. Je suis tellement chamboulé que je ne m'en rend pas compte et que j'oublie beaucoup de choses. A la fenêtre de la salle commune la chouette de mon frère attendait. J'ai été lui ouvrir et j'ai attrapé la lettre accrochée à la patte de l'animal. « Il faut qu'on se parle. Retrouve moi samedi à pré au lard, débrouille toi pour venir.» Pourquoi voulait-il me voir? C'est nouveau ça maintenant, je croyais qu'on ne se parlait plus, j'ai soupiré et je suis monté sans dire bonne nuit à personne, pas même à Juliet ou Andy et pourtant ils sont mes deux meilleurs amis ici, c'est à eux que je devrais me confier, mais j'ai un peu honte de moi alors je préfère m’éclipser et rester dans mon coin.

Je me suis posé dans mon lit et j'ai fermé les rideaux du baldaquin histoire d'être tranquille, le lit d'Andy est juste à côté du mien depuis qu'on se connaît c'est toujours comme ça. Ce soir je n'avais juste pas envie de pas envie de parler avant de m'endormir. Je ne dormais pas encore quand les autres sont montés, même si je le faisais croire et je les entendaient chuchotés entre eux. J'ai fini par m'endormir. Je me suis levé du lit parce que j'ai entendu du bruit et me suis rendu compte que je n'étais plus dans la salle commune, comment étais-je arriver là? Je n'en avais pas la moindre idée, mais je n'étais pas seul. La porte du fond était entre-ouverte, j'ai avancé et je suis entré dans l'autre pièce ou deux hommes parlaient, les deux se sont retournés et je les connaissais, William et mon jumeaux. Ils étaient tous les deux habillés en noir et tenaient dans leur mains un masque. Non, je ne voulais pas crois qu'ils étaient tous les deux mangemorts. Il y avait un corps derrière eux étendu à terre. Le professeur d'étude des moldus qui s'est fait tué en début d'année. Je ne comprends pas ce qu'il passe et je murmure un non pratiquement inaudible. Ils avancent tous les deux vers moi et sortent leur baguette et me lancent des sortilèges et je cris. Je cris et je me débats comme je peux, mais c'est douloureux.

Je sens que l'on me secoue que quelqu'un me demande de me réveiller. Les rideaux de mon lit sont tirés et je me suis tellement agités que je suis tombé du lit. Mes yeux sont à présent bien ouvert. J'ai chaud et froid à la fois, je tremble légèrement me demandant ce qui s'est passé, ça avait l'air tellement réel. C'est le visage d'Andy que je vois face à moi. J'essaie de prendre un air décontracté et fini par lui demander :

« J'ai crié si fort que ça?»

Je supposais que oui, pour avoir réveiller tout le monde. J'étais gêné que ce genre de chose m'arrive, généralement mes nuits sont plutôt calme et je n'ai pas l'habitude de faire des cauchemars de ce genre, je suis sans doute trop stressé en ce moment.

J'aurais voulu être un élève modèle. Du genre qui apprend bien son cours au point de le réciter pendant la nuit, qui fait ses devoirs en temps et en heure et qui écoute attentivement... Hélas, ça n'est pas du tout mon profil. Chez moi, soit c'est inné soit ça ne vient pas. J'ai pu m'en rendre compte lors de l'examen d'histoire de la magie : j'ai eu un effort exceptionnel alors que, franchement, j'avais passé des jours à réviser ! Mais je pense que la défense magique me correspond bien. En plus y a pas beaucoup de cours théoriques ce qui m'arrange pas mal car je suis plus doué dans l'action. D'accord, c'est en parti parce que je ne réfléchis pas beaucoup et que je suis très impulsif... ça pourrait pourtant m'apporter quelques soucis sur le terrain et c'est vrai que, enfermé entre quatre murs, je risquerai moins de me tuer d'une manière ou d'une autre. Le dernier exemple en date remontant à Halloween... Un souvenir tellement présent dans ma tête que je n'arrive à penser à rien d'autre. Il faut que j'en parle avec Angel mais je ne sais pas comment aborder le sujet et j'ai beau retourner le problème dans tous les sens il n'y a qu'une solution possible : avoir une discussion avec mon meilleur ami.
Et, pendant que je me torture l'esprit, le prof parle sans interruption... Lorsqu'on est libéré je n'ai pas pris de note et n'ai même pas le sujet. De pire en pire...
Du côté de mon ami, les choses doivent être aussi étrange car, pour une fois que Juliet et moi avons cours à Poudlard, il nous ignore royalement (enfin peut être que ça n'était pas son intention). Je n'ai, d'ailleurs, pas parlé à Ju' de ma découverte... Je ne suis pas sur de vouloir le lui révéler sans en avoir déjà parlé avec Angel. Et plutôt que de regretter, il me semble plus judicieux d'attendre. Seulement, j'ai l'impression que le moment opportun n'arrivera jamais et que je devrais garder pour moi ce lourd secret... D'un côté, je me vois mal prendre Angel a part pour lui lancer d'une voix égale « J'ai pas rêvé, ton frère c'est bien un mangemort ? ». Et si je suis le seul à m'en être rendu compte lors du combat, je ne doute pas qu'il s'en soit aperçut aussi : c'est son jumeaux après tout !

Il paraît que la nuit porte conseils, c'est ce que je me répète depuis des jours pourtant, le matin, je ne sais toujours pas quoi faire. Alors soit ce dicton est totalement faux, soit je ne suis qu'un imbécile qui ne comprend pas la nuit. Ce soir particulièrement, après tout je suis à deux pas d'Angel. Je pourrais simplement le réveiller et lui dire qu'il faut qu'on parle mais ses baldaquins sont fermés... Alors ce ne sont que de pauvres rideaux mais j'appréhende tellement que ça me dissuade de le faire.
Je me tourne et me retourne dans mes draps bien incapable de trouver le sommeil, ça aussi c'est un effet secondaire de la venue des mangemorts. Je ne crains pas forcément une nouvelle attaque mais j'ai besoin d'être réveillé, au cas ou... Pourtant, je finis par tomber dans les bras de Morphée et je divague, de rêves en rêves, d'images en images. Tout un tas de choses dont je ne me souviendrais pas à mon réveil.
Réveil plutôt brutal : je ne sais pas depuis combien de temps je me suis endormis mais Angel hurle me tirant aussitôt du monde des rêves. Je saute sur mes pieds et attrape ma baguette, sait-on jamais peut être qu'on est attaqué, et j'ouvre d'un coup sec les baldaquins de mon ami. Il est seul et certainement en proie à un mauvais rêve. À la fois soulagé et inquiet je range mon arme et tente de le réveiller :

« J'ai crié si fort que ça ? »

Je lui lance un regard appuyé qui signifie oui avant de rassurer les autres et de le dire d'aller se recoucher. Pas la peine non plus d'être tous debout alors que de grosses journées nous attendent certainement le lendemain. Ils s'éxécutent tous parce qu'au fond, ils sont bien trop fatigués pour se demander ce qu'il se passe. Je ne suis même pas sur qu'ils aient compris que c'était Angel qui avait crié. Tant mieux car je peux imaginer sa gêne.
Je me dis aussi que c'est le bon moment pour parler, enfin, encore faut-il que j'ai le courage d'aborder le sujet. Non bien sur je n'en manque pas mais quand il s'agit de mes amis je suis un peu plus délicat et inquiet. Je ne voudrais pas faire de mal à mon meilleur ami. Même si le sujet est grave et urgent, il passe en premier :

« Viens, il n'y a personne dans la salle commune. »

J'enfile ma robe de chambre, il fait froid et qu'on soit en hiver ou en été je dors en caleçon et en chaussettes... Pas super couvrant !
Le salon des feuphénix n'a pas toute la superbe de celui des gryffondors mais je n'y suis que trop peu de temps pour m'en soucier. Le rouge et or me manque peut être un peu, et certainement pour ça que je décors mon sapin dans ces tons, mais je me suis fait aux couleurs neutres de ma nouvelle maison. Et puis les canapés sont toujours confortables et je n'en demande pas plus. D'ailleurs je m'assieds sur un et le silence s'installe. Évidemment je ne sais pas du tout par où commencer...

Andy était là et demandait aux autres d'aller se recoucher, j'apprécie le geste, je n'aime pas vraiment attirer l'attention, c'est loin d'être ma nature. Je suis plutôt un type discret, celui qui se fond dans la masse dès que c'est possible et qui a toujours le tract quand il faut parler en public. Je n'aime pas tellement la popularité alors qu'on ai pu m'entendre crier comme un dingue ne m’arrange pas vraiment. Je me force à le suivre dans la salle commune, à vrai dire je n'ai pas vraiment envie de parler de ce qui vient de se passer. Je sais bien pourquoi j'ai fais ce cauchemar et s'il faut reparler de mon frère je préfère autant éviter ça. Angel l'a vu comme moi à Halloween.

La moitié de mon cauchemar est donc déjà réel et cette idée là me terrifie tellement que je n'ai aucune envie d'en parler. Je sais aussi qu'Andy est dans un cursus de défense magique et que du coup son objectif devra être d'éliminer les personnes comme mon frère et j'ai bien du mal à accepter cette idée là. Même s'il est mangemort il reste mon frère, mon jumeau et c'est comme une partie de moi. C'est bien pour ça que j'ai autant de mal avec toute cette histoire. J'ai suivi Andy et me suis installé dans un fauteuil près de la cheminée. J'ai baissé la tête et j'ai joué avec mes doigts un moment avant de soupirer. Il faudrait de toute façon qu'on en parle à un moment ou un autre.

« Je sais que tu as envie qu'on parle de ce qui s'est passé, mais ce n'est rien. Je t'assure, c'était juste un cauchemar, rien d'inquiétant.»

Il devait se douter que ça en était un et que j'essayais de noyer le poisson pour qu'on n'aborde pas le sujet fatidique, mais je savais aussi qu'on finirai par en parler, seulement je n'en avais pas envie du tout parce que tout me semblait si compliqué et impossible pour moi de voir les choses clairement. J'ai soupiré et j'ai finalement dit :

« Vas-y je crois que de toute manière il faudra tôt ou tard qu'on en parle.»

Je ne sais pas ce qu'il a exactement à me dire à ce sujet, mais il doit avoir des tas de choses en tête autant que moi. J'ai bien vu qu'il n'aimait pas leur manière, qu'il n'aimait pas les mangemorts, tout simplement alors il allait être dur de le convaincre ne lui ferait pas de mal, je n'en étais même pas sûr d'ailleurs, je ne sais pas de quoi il serait capable, mais je le défendrais quoi qu'il puisse arriver.

Ça faisait des jours que je m'imagine cette conversation. Elle a eut plusieurs tournures toutes très différentes mais jusqu'alors je n'avais pas pensé qu'elle se tiendrait au beau milieux de la nuit dans la salle commune. Faut dire que j'avais vu ça plus discret car même si je ne porte pas le frère d'Angel dans mon cœur et bien... ça reste son frère. Un grand gâchis d'ailleurs car il mérite largement mieux qu'un jumeau hostile qui plus est, un traitre. Cependant, je n'en parlerai pas en ces termes ce soir. Je manque cruellement de tact, c'est un fait, mais je sais que mon ami est chamboulé et qu'il n'a pas besoin que j'insulte son frère.
Autre chose que je n'avais pas envisagé, que ça soit lui qui entame la discussion. J'étais, jusqu'à maintenant, intimement persuadé qu'il ferait tout pour l'évité même si ça lui paraissait inévitable... Comme quoi, je ne le connaissais pas aussi bien que je le pensais. Ou peut être qu'en fait c'était moi qui essayait de retarder au plus cette confrontation.

Je soupire longuement rassemblant tout le courage dont j'ai besoin. Et j'en ai besoin de beaucoup et même de plus que je n'en ai mais je suis face au mur. C'est fou que ça me soit plus dur d'en parler qu'à lui ! Ais-je tant peur des conséquences ? Ouais, ce que je redoute le plus c'est de me voir perdre mon meilleur ami... Je ne veux pas l'entendre me dire qu'il choisit son frère plutôt que nous. Je ne suis même pas sur de pouvoir lui en vouloir mais je ne pourrais pas supporter d'être dans le camp opposé. Ce serait une torture quotidienne de me dire qu'on est ennemi...

« Ouais enfin... Je crois que je préférerai tard que tôt... »

Je lui offre un pauvre sourire, d'un côté je ne pense pas lui expliquer mes craintes de le voir rejoindre le côté obscur, il pourrait mal le prendre. En plus si je le dis à voix haute j'aurais encore plus l'impression que c'est vrai et je préfère pour l'instant que ça ne soit qu'un doute, un non-dit qui n'a que peu de chance de se réaliser car même si j'ai peur du choix d'Angel au fond de moi je suis persuadé qu'il restera avec nous. Pas que je pense qu'il nous préfère à son jumeau ! Mais il me paraît évident qu'il fera le bon choix. Peut être devrais-je plus réfléchir à cette notion du bon choix car elle diffère peut être de moi à lui mais pour le coup, c'est bien le cadet de mes soucis :

« Ton frère... Il était bien de leur côté, j'ai pas rêvé n'est ce pas ? » Je marque une pause, je n'attends pas particulièrement de réponse, c'est plus une question rhétorique qu'autre chose : « Tu le savais ? C'est pour ça que tu était tétanisé ? J'avais pas remarqué hein, c'est les filles qui me l'ont dit après... »

J'espère très franchement qu'il me répondra non. Parce que, s'il savait, ça veut dire que peut être, il s'inquiétait plus pour eux que pour nous et que, quand il a tenté de m'arrêter ça n'était pas pour me protéger mais parce qu'il ne voulait pas que je fasse du mal à son frère et si d'un côté je peux comprendre, j'aurais voulu qu'il m'en parle.
Le flou qui m'habite depuis ce soir là semble s'épaissir car maintenant que je suis fasse à Angel un tas de nouvelles interrogations apparaissent. Je me sentirai presque perdu mais je n'ai pas encore perdu tous mes repères... Alors si moi je suis à ce point tourmenté, qu'est ce qu'il en est de son côté ? Parce qu'il doit avoir peur pour son frère, il doit se demander comment les choses ont pu aller à ce point de travers ? Et qu'est ce qu'il doit faire ? Que dire ? Que faire ? Ou même, que penser ? Je sais que j'aurais ces mêmes interrogations s'il les rejoignait, s'il nous abandonnait mais Angel et bien trop gentil et trop bon pour devenir un mangemort, c'est là mon unique espoir car je sais surtout qu'il aime son frère plus que tout malgré leur violentes disputes :

« Tout ça, ça me dépasse. J'en ai parlé à personne Angel, parce que c'est ton frère et que je veux pas qu'il y ait de problèmes entre toi et moi mais... Mais il faut faire quelque chose. Le problème c'est que je sais pas quoi... »

Si ça ne tenait qu'à moi j'irais lui casser la gueule. Je lui en veux de faire subir ça à son frère, à mon meilleur ami. Et je pense qu'il mériterait une bonne correction mais là encore, il vaut mieux que je me taise, je ne veux pas m'engueuler avec Angel, pas dans un moment comme celui là ou il a besoin de mon soutient plus qu'autre chose...

Je fus surpris qu'il m'avoue qu'il préférais qu'on parle de ça plus tard que tôt. J'ai haussé les sourcils, je m'étais attendu qu'il veuille en parler tout de suite et c'est pour ça que je l'avais évité, que je les avais évités. Je m'étais dis que ça serait un peu comme son devoir qu'il commence à m'en parler et au final c'est moi qui avait commencé. Je me dis que ce n'est peut-être pas plus mal, au moins je ne suis pas pris de court.

« Moi aussi je préférerais, mais c'est inévitable et autant qu'on en soit débarrassé.»

J'en parle comme d'un fardeau et s'est vraiment dur pour moi d'évoquer ce sujet. Mon frère est l'une des personnes qui compte le plus pour moi avec mes mères, alors forcément c'est dur de parler de ce qu'il aurait pu faire de mal, de ses mauvais côtés. J'ai baissé la tête quand il me demande s'il n'a pas rêvé, s'il a bien vu mon frère parmi eux et si je savais qu'il était un des leurs. Non je ne savais pas, j'avais des doutes, mais je n'en savais pas plus, il ne m'en avait pas parlé, de toute manière on s'était engueuler au sujet de nos mères et on ne s'était plus reparlé depuis la rentrée alors forcément je n'étais pas au courant. J'aurais aimé qu'il m'en parle, c'était peut-être ce qu'il voulait faire en me demandant de le rejoindre demain.

« Tu n'a pas rêvé … j'aurais aimé que e soit un rêve aussi. J'ai … j'avais des doutes, mais j'espérais que ça soit faux. Je me suis dis qu'il ne pouvait pas, qu'il … Enfin oui on dirait qu'il est des leurs.»

J'ai préférer ignoré le fait que j'étais paralysé face à eux, parce que j'en ai encore honte et que ce n'est pas digne du gryffondor que je suis, que j'étais plutôt. Rien que d'en reparler j'ai tendance à devenir rouge et avoir honte. Je ne sais pas ce qui aurait pu se passer si j'avais été tout seul, je serais peut-être mort, je préfère ne pas y songer. J'ai relevé la tête vers lui en l'entendant me dire qu'il fallait faire quelque chose.

« Non toi tu ne va rien faire du tout. C'est à moi de m'occuper de ça, c'est mon affaire. Je n'ai pas envie qu'il t'arrive quoi que se soit. Il ne me fera rien, même si on s'est disputé avant la rentrée, il ne me fera pas de mal. J'en suis sûr et quelque chose me dit que ça ne sera pas le même scénario si tu t'en mêle. Je peux le résonner. D'ailleurs j'ai rendez-vous avec lui demain soir et je compte y aller, tant-pis si c'est risqué. C'est mon frère, mon frère jumeaux, je ne peux pas faire comme si ça m'était égal, ça serait faux. Je tiens trop à lui pour le perdre. Il a ses torts, mais je sais que je peux le résonner et qu'il m'écoutera.»

Je sais … du moins je l'espérais, c'est ce que je ne disais pas à Andy parce que je sais qu'il risque de ne pas vouloir me laisser aller le voir et qu'il ne supportera pas cette idée, mais je connais mon jumeau mieux que lui et j'espère sincèrement qu'il n'a pas tant changé que ça et qu'il n'est pas devenu aussi mauvais qu'il l'a laissé paraître.

Le soulagement qui s'empare de moi quand il m'annonce qu'il n'était pas au courant est si grand que je m'affale un peu plus sur le divan. Pas ma faute, j'ai eu trop peur qu'il nous mente, nous manipule et soit déjà passé de l'autre côté. L'idée même qu'il ait pu nous cacher un truc aussi grave m'aurait achevé.
C'est vrai, je suis un peu trop sentimental. Je ne suis pas particulièrement faible physiquement et mentalement c'est juste que quand ça vient de mes amis, ça me touche beaucoup plus. C'est simple, un mot, une action ou quoique ce soit de leur part pourait littéralement me détruire. Ils sont presque les seuls à avoir ce pouvoir sur moi parce qu'ils comptent plus que tout... Je ne sais pas s'ils en ont conscience. Ça m'arrangerait qu'ils ne le sachent pas, car c'est ma faiblesse et j'aimerai autant que personne ne connaisse ma faiblesse.
Le fait qu'Angel ait eu des doutes sur son frère me fait un peu mal au cœur. Je trouve ça atroce de ne pas pouvoir faire confiance à son propre jumeau. Et je me dis qu'il a été bien courageux de le faire. Ça demande une certaine force morale, car c'est dur de nourrir des soupçons à propos de l'être auquel vous tenez le plus au monde...

Je l'admire énormément. Pour tout un tas de choses en fait, ce mec comprend bien les autres. Moi, ça, je sais pas faire. Je suis toujours à côté de la plaque, je ne me rends pas compte des sentiments d'autrui... Déjà que j'ai du mal avec les miens ! Mais lui, lui il sait. Il comprend tout du moins.
Il est aussi loin d'être bête, très curieux, adorable : il a toutes ces qualités qui me font défauts. Vraiment, j'ai beaucoup d'admiration pour lui. Là, je m'en rends vraiment compte, son courage, à moins que ça soit de la folie et de l'inconscience, c'est assez proche, me frappe. Vouloir affronter son frère, seul, après ce qu'il s'est passé c'est la chose la plus inconsidérée qu'il pouvait faire, la plus téméraire aussi mais d'un côté c'est la plus saine. La plus logique : ce n'est pas avec moi qu'il doit s'expliquer mais avec lui et il a raison, je n'ai rien à voir avec ça. Cette histoire ne devrait pas me concerner. Pourtant, elle concerne tout le monde car son jumeau est devenu l'ennemi de Poudlard, l'ennemi des sorciers, des nés-moldus... L'ennemi de la liberté.
Cependant, ça m'arrange bien de n'avoir à rien faire. Du moins, je le crois. Au fond, je sais que ça ne change rien à ma situation. Je sais que quoi que me dise Angel je voudrais intervenir. En plus, je ne crois pas qu'il n'y ait aucun danger :

« Tu comptes y aller seul ? Je sais bien que c'est ton frère mais... C'est pas lui qui les a arrêté quand ils comptaient nous tuer ! Ils auraient pu le faire et lui n'aurait rien fait ! Tu crois vraiment que tu ne crains rien ? Parce que j'ai de sérieux doutes. »

C'est vrai, quand on était hors d'état de nuire, qu'il tenait Lily-Rose et que Juliet ne pouvait plus se défendre personne ne nous a défendu. En tout cas, pas son frère. Un autre gars l'a fait et si ses intentions sont encore floues je ne doute pas qu'elles étaient mauvaises :

« De toute façon, s'il te fait quoique soit crois moi qu'il ne s'en tirera pas si facilement. Et je me fiche de ce que tu pourrais me dire, t'es son frère, il a pas à te faire de mal. J'aurais aucun scrupule à le lui faire regretter. »

Je pousse un profond soupire, tout de même content qu'il m'ait parlé de cette rencontre. Au moins, si Angel ne rivient pas ou qu'il est blessé ou encore détruit moralement je saurais à qui m'en prendre. C'est mal, je sais, la violence ne résoud rien et la haine entraine la haine mais parfois, je crois qu'il n'y a pas d'autres solutions...
Dans ce cas présent, je serais pour qu'on use de la force mais pas mon ami et je n'irais pas à l'encontre de ses décisions. En tout cas, son idée de se rendre seul au rendez-vous est plus qu'idiote mais je ne pense pas lui faire changer d'avis, je m'y essaye quand même, au cas ou mes arguments le touche :

« Mais malgré tout, ça me paraît complètement con d'y aller seul. Tu sais pas ce qu'il va se passer... C'est complètement inconscient ! Et si c'était un piège, que c'était pas lui qui t'attendait ? Tu peux tout simplement pas y aller seul. C'est inconcevable ! Tu sais bien que je suis pas le plus réfléchi des trois mais là, t'inverse les rôles et c'est toi qui joue au débile... Franchement, tu devrais me laisser ce rôle, je suis pas sur que ça te réussisse... Tu peux pas t'y rendre sans préparation. »

Je suis rarement sérieux mais pour le coup je l'étais peut être trop. Et certainement que l'inquiétude se lit sur mon visage mais ma voix est ferme et assuré. Redressé, les yeux dans les yeux, je tente le tout pour le tout parce qu'il n'est pas question qu'il lui arrive quelque chose. Je tiens trop à lui pour le voir partir d'une quelconque façon. Personne ne me prendra mes amis. Personne.

Je me doutais de la réaction de mon meilleur ami, il jugeait que ce n'était pas prudent et je m'y étais attendu, seulement je sais aussi que mon frère ne me fera rien comme je ne pourrais jamais lui faire du mal. Il pourrait m'en faire, en fait je crois même qu'il m'a déjà blessé rien qu'avec cette histoire concernant nos mères, mais ce n'était pas volontaire, du moins c'est ce que je me dis pour atténuer l'impact que ça a sur mi. Je suis trop naïf sans doute, on me l'a souvent dit. Trop discret, trop susceptible, trop manipulable, mais je ne peux pas changer ce que je suis et personne ne me fera dire que mon jumeau est maléfique, que je ne dois plus le voir, ça serait impossible pour moi de ne plus lui parler éternellement, de ne plus avoir de lien avec lui. Il est une partie de moi. Je me suis pincé les lèvres lorsqu'il me dit qu'il a des doutes. Je n'aime pas qu'on le remette en cause, qu'on me dise ce genre de choses. Je suis toujours entrain de le défendre et jamais je n'arrêterais, quoi qu'il fasse.

« J'en suis sûr. Que veux-tu qu'il me fasse? S'il avait vraiment envie de me faire du mal il l'aurait fait à Halloween, ça n'a pas été le cas. Je sais que ce n'était pas lui qui me lancer ce sort. Je le sais. Je le sens c'est … je ne sais pas comment expliquer ça, je sais juste que ça n'était pas lui.»

J'essaie à la fois de le convaincre et de me convaincre, mais quelque chose me dit que je me trompe peut-être, qu'il a une chance infiniment petite, mais une chance quand même que ça soit là et je préfère ne pas y croire. Quand à celui qui nous a plus ou moins sauver, je crois savoir de qui il s'agit également et cette idée me terrorise encore plus que s'il s'agissait de mon frère. Je prie de toute mes forces, de toute mon âme pour que ça ne soit pas celui auquel je pense seulement je sais aussi au fond de moi que j'ai parfaitement reconnu ses yeux.

Je souris en entendant Andy prendre ma défense. Il nous a toujours défendu, Juliet et moi, on forme un beau trio, mais je crois que je préférerais que cette fois il ne se mêle pas de cette histoire, ça pourrait tellement mal finir que j'aime mieux qu'il reste en sécurité. Je n'ai pas envie de le perdre, autant lui que Juliet, je les aime trop pour ça, je les ai trop aimé pour ça, surtout lui et d'ailleurs je ne lui ai jamais avoué ce petit détail, il vaut mieux qu'il ne le sache pas.

«Tu n'en aura pas besoin, j'ai confiance en lui. Il ne m'a jamais rien fait, pourquoi est-ce qu'il commencerait aujourd'hui?»

Je sais que je me trompe, que je me mens et qu'il aurait toutes les raisons du monde de s'en prendre à moi ou même de vouloir à ses côtés et quelque chose me dit que c'est peut-être la raison de sa venue, qu'il va me proposer d'être avec eux. Je n'ai pas encore réfléchis à tout ça, je n'ai pas envie d'y songer. J'ai soupiré quand Andy me dit que c'est stupide d'y aller seul, je le sais bien, mais je n'ai pas envie qu'il vienne avec moi. Je dois y aller tout seul. Je suis convaincu qu'ils ne me feront rien.

« Ne t'inquiète pas pour moi comme ça, je suis un grand garçon, je saurais me défendre cette fois et je ne pense pas que ça soit un piège. Il m'aurait tué depuis longtemps si c'était ce qu'il voulait, je crois qu'il veut autre chose ...»

Et voilà on en venait à parler aux choses sérieuses. Je n'ai pas décidé de ce que je ferais si jamais il me demandait de le rejoindre, mais je sais déjà que je ne le laisserais pas tombé, c'est comme si tout était déjà joué, même si cette idée ne me plaît pas plus que ça, que je ne suis pas du tout leur principe, je ne peux pas le laisser tout seul avec eux. Il a besoin de moi, il a toujours eu besoin de moi comme j'ai besoin de lui.

Angel a l'air sur de lui. Il est persuadé que tout ira bien et je culpabilise de ne pas partager ses certitudes. Demain, je ne vais pas pouvoir penser à autre chose. M'imaginer mon meilleur ami rencontrant son jumeau malade mental va me rendre malade... Je crois d'ailleurs qu'il faudrait mieux pour moi que je reste au lit mais je sais bien que Juliet ne le permettra pas sans bonne raison. Le truc c'est que je me vois mal lui en parler... Après tout, c'est à Angel de lui parler de ce problème. Pas à moi.
Ainsi, comme je le pensais, je n'arrive pas du tout à le convaincre d'y aller avec quelqu'un. D'un côté, tant mieux. Ça veut dire qu'il a confiance en son frère et que je peux, peut être, me rassurer. D'un autre et bien... ça voudra dire qu'il sera d'autant plus influençable qu'il n'aura pas de contre avis aux choses qui vont être dites. Peut être que je m'en fais trop en fait parce que je sais qu'il ne nous trahira pas. Mais j'ai peur qu'il y pense. Enfin, en fait je suis plus perdu qu'autre chose. C'est simple je ne sais pas du tout où j'en suis. Est-ce que j'ai confiance en lui ? Bien sur ! Donc pourquoi est-ce que je m'en fais tant alors que, jusque là, j'avais plutôt bien réussi à me persuader qu'il restera du bon côté.
Peut être que je viens de réaliser à quel point les liens entre frères sont forts... C'est vrai que je m'imagine dans la situation. Si Juliet finissait, plus par magie qu'autre chose, par rejoindre les mangemorts et qu'elle me demandait de la suivre, le ferais-je ? Peut être à vrai dire. Quoique... Mon père est un moldu, je me vois mal le renier pour ma meilleure amie. En fait la question ne se pose même pas car Juliet n'ira jamais du côté des mages noirs et je sais qu'Angel, s'il y allait, n'oserait pas nous demander de le rejoindre.

Lui comme moi on sait ce qu'ils lui veulent. Si ce n'est pas pour le tuer ou le menacer qu'ils veulent le voir c'est surement pour le recruter. Justement, je devrais être là pour les en empêcher. Parce que je repense à cette engueulade avec la rouquine. Je la revois me dire que rien ne changera le futur et que c'est trop tard pour mon ami... Pourtant quand je le regarde je ne le vois pas faire le moindre acte répréhensible : ça n'est pas lui ça !
Je déteste cette part de moi qui doute de lui. Je déteste me sentir si soupçonneux. Mais si elle avait raison ? Si je ne pouvais rien faire et que c'était trop tard ? Si je devais déjà enterrer mon amitié avec lui et le voir comme un ennemi ? Mais ça, ça c'est impossible pour moi... De toute ma scolarité à Poudlard, il n'y a eut que deux personnes qui ont réellement compter à mes yeux : Angel et Juliet. Les filles que j'ai pu fréquenter, je m'en fiche même si j'ai, parfois, été réellement amoureux. Pareil, j'aime Mia de tout mon cœur, enfin je crois, mais je lui préfère mes deux meilleurs amis. Et je ne saurais expliqué pourquoi...

J'aimerais que mon simple regard suppliant l'emporte et qu'il se ravise à y aller mais je sais que je ne le ferais pas changer d'avis. Il est têtu lui aussi... Insister ne sert à rien mais je ne sais pas. Je n'aurais pas l'impression d'avoir tout fait si je ne m'y essaye pas. Je me demande ce qui pourrait le retenir. Je ne suis pas sur que Juliet et moi suffisons. J'aimerais beaucoup compter à ce point mais j'ai plus de doutes à ce sujet que sur le fait que Angel soit en danger demain : c'est bien simple, je sais à quel point les jumeaux sont fusionnels, ou du moins l'était, ses meilleurs amis ne tiennent pas la comparaison :

« Si tu sais ce qu'ils veulent, n'y va pas. C'est simple ! Tu peux pas. Pas que je te l'interdise mais presque. Je te connais Angel, tu sauras pas lui dire non. C'est ton frère ! Alors je peux imaginer que le dilemme est difficile mais il est tout vu : tu peux juste pas les rejoindre. C'est pas ta place là-bas... »

Imaginer mon meilleur ami habillé comme eux est quelque chose de dur, de difficile et peut être que je l'ai blessé en supposant qu'il pourrait les rejoindre et qu'il sera incapable de lui dire non mais si de cette façon il pouvait essayer de me prouver que j'ai tord... Alors ça vaut le coup !
La vraie place d'Angel c'est chez les feuphénix. C'est la branche dans laquelle il s'est engagé et il n'a pas intérêt à abandonner. S'il nous lâche, qu'est ce qu'on va devenir ? C'est un gryffondor ! En tant que tel, il est du côté des gentils. C'est pourtant pas compliqué si ?
Certainement que je refuse de voir la réalité en face mais qui s'en soucie ? Qui en a quelque chose à faire que je me berce d'illusions ? Personne ! Car je suis à peu près sur qu'Angel va me rassurer, il va me mentir parce qu'il sait à quel point ça serait dur pour nous, pour moi, de devoir le considérer comme un ennemi :

« Tu sais très bien que c'est pas ta place là-bas... » Je reprends dans une sorte de murmure désespéré. Je dois avoir l'air paniqué et plutôt suppliant : « Et me mens pas. Me dis pas que tu n'as pas imaginé une seule fois les rejoindre... Je te croirais pas de toute façon même si j'aimerai beaucoup. » Je marque une pause durant laquelle je lâche un soupire qui retient un rire ironique : « Et après me demande pas de pardonner à ton frère. Je pourrais pas. Il a fait le mauvais choix, fais pas comme lui c'est tout ce que je te demande. »

Pourquoi est-ce que je deviens aussi fataliste que cette satané rouquine ? Pourquoi est-ce que j'arrive pas à me rappeler qu'il ne pourra jamais le faire ! Y a deux minutes je m'en tirais bien et il a fallu qu'il mette le sujet sur la table pour que toutes mes pensées positives se barrent... Je me sens tellement minable que je ne sais pas ce qui me retient de me lever et de me casser. J'ai pas envie de m'énerver. J'ai pas envie de me prendre la tête mais j'y échapperai pas. C'est ça le pire. Ne pas pouvoir y échapper.
Mais un jour, un jour je le jure que je prendrais ma revanche. Tout ce qu'on m'a pris, je le récupérai et je le leur ferais payer. Et le prix sera tellement élever que jamais ils n'oublieront. La roue tourne et si mon tour n'est pas encore venu, ça ne saurait tarder. On verra alors qu'il ne faut pas me chercher.

J'ai levé les yeux au ciel et soupiré, c'est simple … non c'est loin d'être simple. Je ne peux pas ne pas y aller. Je ne peux pas l'abandonner. Il ne comprends pas, personne ne comprends ce qui m'attache à lui. Je ne peux pas me mentir et dire que ça m'effraie pas et que je préférerais rester ici en sécurité au château plutôt que de les affronter, mais ça ne serait pas digne de moi. Je dois aller lui parler pour des tas de raisons. Ce n'est pas ma place là-bas, qu'est-ce qu'il en sait au fond, c'est peut-être mon destin d'être comme lui … non j'ai beau me le dire je n'y crois pas non plus. Je serais là seulement pour prendre soin de lui, pas pour être réellement des leurs.

« Ce n'est pas qu'une question de simplicité, ça ne l'est pas d'ailleurs, c'est complexe et je ne peux pas ne pas y aller, ça serait un déclaration de guerre froide si je faisais ça. Je peux encore le changer, je peux essayer tout du moins.»

Je n'ai jamais eu d'influence sur lui c'est plutôt l'inverse en fait mais l'espoir fait vivre. Je me sens directement visé et accusé lorsqu'il me dit que j'ai bien du penser une seule fois à les rejoindre. Je n'arrive pas à croire qu'il me sorte ça, qu'est-ce qui lui prend tout à coup. Il n'a plus confiance en moi ? Je me sens vexé, mais je sais qu'au fond il a raison. J'ai songé à tout ça, je me suis dis que ce n'était pas une bonne idée, mais j'y bel et bien songé. Il y a quelque chose qui cloche, quelque chose qu'il ne me dit pas pour qu'il s'inquiète autant, comme s'il savait déjà ce qui allait se passer.

« Pardon?! Qu'est-ce qui t'arrive non de Dieu?! Je ne suis pas le seul à ne pas tourner rond. Tu n'a pas le droit de douter de moi. Tu me donne l'impression de savoir un truc que j'ignore, vas-y dis moi ce qu'il y a, parce que j'aimerais bien savoir qui t'a mis des idées pareilles dans la tête. ! »

Je préfère ne pas lui avouer qu'il a raison et que j'y ai pensé, il ne me croira pas de toute manière et ça ne m'aiderait pas tellement. Je me suis légèrement énervé parce qu'il me voit déjà comme l'un des leurs et ça me blesse profondément, je ne sais pas encore ce que je ferais, enfin si je vais vraiment leur dit oui, ou plutôt dire oui à mon frère pour garder un œil sur lui, je suis complètement perdu et s'il sait quelque chose que j'ignore c'est le moment de me le dire.

«Et arrêter tous autant que vous êtes de me comparer à lui ! Merde à la fin ! »

J'étais grossier, mais j'en avais assez qu'on me crois que j'étais comme lui, on se ressemble certes, on est proche certes, mais il a sa personnalité et j'ai la mienne.

Le silence est plutôt révélateur. Le truc c'est que je ne peux pas avouer à Angel que son ex, qui est voyante, l'a vu devenir un mangemort. C'est juste pas possible. Le dire à haute voix ce serait le rendre encore plus réel et ça me foutrait en l'air ! Alors non, je ne dis rien. Et tant pis si mon silence est révélateur. Tant pis s'il lui apporte certaines réponses mais c'est pas ma faute !
Tout à coup je lui en veux. Je lui en veux de me mettre dans cette situation, je lui en veux d'être apparu dans cette vision merdique et je lui en veux d'être mon meilleur ami. Si au moins il ne comptait pas autant pour moi ! Si au moins je pouvais le détester ! Mais c'est impossible...
Le problème c'est que je ne sais pas quoi dire. Parce que j'ai confiance en lui plus qu'en n'importe qui en fait ! Mais c'est elle qui m'a installé, réellement, le doute. J'aimerais ne pas l'avoir entendu et encore moins y penser mais c'est gravé là ; dans ma mémoire et ça veut pas s'en aller. J'arrête pas d'y penser. En boucle. De me dire qu'elle a peut être raison et que c'est trop tard. Mais je veux pas ! Je veux pas qu'elle ait raison. Je veux pas le perdre. Je suis pas préparé à ça. Alors, plutôt que de lui avouer l'inévitable, je rebondis sur sa dernière exclamation. Ça au moins je peux y répondre :

« Vous comparez ? Y a même pas de comparaison à avoir ! Tu vaux largement mieux que lui et tu le sais très bien. C'est pas une question de ça. C'est autre chose. Tu l'aimes au point de ne pas voir ses erreurs, au point de les lui pardonner... C'est ça le problème. L'autre problème c'est que Juliet et moi on tient à toi presque autant et que, quoi que tu décides, on te pardonnera très certainement aussi. Alors que j'aimerais pouvoir ne pas le faire et avoir la force de t'affronter. Mais c'est au dessus de mes capacités... »

Je sais pas quoi faire... Dois-je lui dire ? Est-ce que ça l'influencera ? Peut être... Ou peut être que c'est trop tard. Je ne sais pas, j'aimerais tout oublier et tout reprendre à zéro. Qu'on revienne à cette époque où y avait pas de problèmes, où on s'amusait à imaginer des sorts, où on en inventait, où on s'amusait d'un rien. À cette époque où je les ais rencontrer et que, pour la première fois, je me suis réellement senti à ma place.
J'ai gardé un des paquets de mouchoirs que Juliet m'offrait anonymement, il traine au fond de ma valise. C'est grâce à eux que tout à commencer... Qu'aujourd'hui j'ai les meilleurs amis du monde. Mais pour combien de temps encore ? Une petite voix me souffle que c'est pour toujours mais j'ai du mal à la croire. J'ai du mal à voir les choses du bon angle... Je n'arrive plus à positiver car on est sur le point de me prendre mon meilleur ami :

« Je... Je peux pas te dire ce que je sais. Ça changerait quoi de toute façon ? J'ai confiance en toi Angel, c'est pas le soucis. Ça le sera jamais, crois moi... Mais parce que je te connais, je sais comment tu fonctionnes. S'il te plait... N'y va pas. Y a rien qui en vaille la peine. Tu feras le bon choix, j'ai aucun doute la dessus mais j'ai peur que mon bon choix soit pas le tien. J'ai pas envie de me rendre compte que... Je... » Je pousse un profond soupire : « Tu sais quoi ? Laisse tomber. Oublie pas que t'as une famille ici aussi, c'est tout. »

Je me sens tellement inutile que j'en pleurerai. Mais je suis las et j'en ai marre. Parce que plus j'y pense plus je me fais du mal. Plus je me dis que c'est impossible mais plus les paroles de la rouquine me revienne. Je ne sais même plus comment elle s'appelle cette fille. Tout ce qui me revient ce sont ses mots. Des mots que je ne voulais pas entendre. Des mots que je refuse encore de croire mais qui me paraissent de plus en plus vrai.
La vie est injuste. J'aimerais avoir la même vie que mes parents. Eux au moins ils sont amoureux et heureux. Moi je suis quoi ? Amoureux, d'accord, mais pas heureux. Y a toujours un truc qui foire. Et je me fiche de mes relations amoureuse en plus ! C'est peut être le plus ironique quand on voit à quel point mes parents s'aiment. Mais c'est peut être ça qui joue. Moi, ceux que j'aime vraiment, ce sont mes amis. Ça aussi, j'arrête pas d'y penser. Je me demande ce qui me retient de tout balancer. J'en ai tellement marre.

Parfois j'aimerais savoir à quel point les autres tiennent à moi. Une de mes plus grandes peurs étant de donner plus que je ne reçois. C'est stupide, on devrait pouvoir donner sans compter mais moi, j'aime pas être utiliser alors ça m'inquiète. Le problème avec Angel c'est que je suis sur de passer après son frère. C'est normal, mais ça m'énerve. Pas que je sois jaloux. Enfin peut être. Mais on a pas les mêmes priorités, c'est ça qui m'énerve.
Cependant, j'abandonnerai pas. Pas maintenant. Qu'Angel fasse ce qu'il veut, je finirai par le faire rentrer dans le droit chemin. Tant pis si je dois y laisser des plumes, il mérite bien ça.

Andy semble comprendre que je défendrais mon jumeau quoi qu'il arrive, quoi qu'il fasse, quoi qu'il soit. Ils peuvent dire ce qu'ils veulent à son sujet, je m'en fiche et je ne peux pas faire autrement que de toujours le défendre, parce qu'il est une part de moi et que je n'ai jamais fais sans lui jusqu'à présent. C'est la première fois que l'on est aussi longtemps éloigné l'un de l'autre, enfin avant ça on n'était pas dans les mêmes maisons, mais je savais qu'il était là et c'était le principale, là c'est différent. Je ne comprenais pas de quoi il me parlait, pourquoi voulait-il m'affronter? J'ai l'impression qu'il parle comme si j'étais déjà de leur côté, comme si j'avais déjà fais mon choix.

« Ne dis pas n'importe quoi on ne va pas s'affronter, pourquoi est-ce qu'on le ferait? Et je ne suis pas meilleur que lui.»

Je me dévalorise systématiquement lorsque j'en ai l'occasion, comme s'il était toujours le meilleur alors que je fais mes preuves chaque jours comme tout le monde. Je l'ai laissé poursuivre curieux d'en savoir plus, vraiment intrigué par ses propos. Il sait donc quelque chose à mon sujet que j'ignore et ça me rend dingue de ne pas savoir quoi. Je commence à en avoir assez de tout ces mystères. Comment peut-il commencer et ne pas finir ce qu'il a me dire. Que sait-il de si important qui semble le terrifier? Depuis quand sait-il des choses à mon sujet que je ne connais pas, tout ça est très bizarre et je n'en peux plus de me taire:

« Ça suffit maintenant, accouche et crache moi le morceau, parce que je ne vais pas tenir très longtemps avec tout tes mystères. Qu'est-ce qui se passe, depuis quand tu sais des choses que je ne sais pas? T'es devenu voyant?Tu me l'aurais dis depuis longtemps j'espère.»

Je m’énerve un peu, mais c'est peut-être ce qui lui faut pour m'avouer ce qu'il me cache. On n'a jamais eu de secret l'un pour l'autre, enfin si j'en ai un de secret le concernant, mais je lui dirais pas même si c'est un secret passé et bel et bien fini. Seulement j'ai l'impression qu'il ne me dit pas quelque chose de très important et je ne supporte pas de ne pas savoir. Il n'y a rien de pire que l'ignorance. Je lui lance en plaisantant :

« Tu as fait un rêve prémonitoire dans lequel je me transformais en mangemort?»

C'est sensé être une blague et je ne sais même pas pourquoi j'y ai pensé, sans doute sa phrase de tout à l'heure très terre à terre comme quoi ça ne changerait rien à ce qu'il doit arriver, trop pragmatique pour moi,mais je suis loin de me douter que je viens de viser presque juste. Ça me touchait qu'il me considère comme étant de sa famille et un petit sourire s'est affiché sur mon visage.

" T'inquiète pas tout ira bien."
Je n'en étais pas totalement convaincu, mais l'espoir fait vivre comme on dit.

C'est difficile d'être un bon ami... Il faut se montrer compréhensif, à l'écoute et ne jamais rien cacher. Mentir est même proscrit ! Parce que la base c'est la confiance. Et je crains que ce soir, Angel et moi ne brisions cette base que nous avons créée.
Notre relation a toujours été plutôt houleuse : je manque cruellement de tact et je dis des choses sans réfléchir. Me montrer blessant est une seconde nature et il en a souvent fait les frais. Bien sur, on se réconciliait rapidement mais je ne sais pas ce que ça donnera cette fois. Si je lui dis ce que je sais, qu'est ce qui changera entre nous ? Tout non ? Sera-t-on capable à nouveau de nous parler comme avant ? Très sincèrement, je n'en sais rien. J'aimerais que les choses restent comme elles l'ont toujours été mais ça me paraît compromis. Comme s'il était temps que la roue tourne et que toutes les jolies choses que nous avons créées devaient à présent être détruite. J'aurais dû plus en profiter.

Et puis ça me saoule parce qu'il est encore là à défendre son frère, à le mettre sur un pied d'estal après ce qu'il nous a fait. Je ne comprends même pas comment il peut encore être de son côté. Je me rends compte que je ne comprendrais jamais. J'aurais beau essayer de me mettre à sa place, je n'y parviendrais jamais : c'est simple, je suis moi et il est lui et c'est très bien comme ça. Pourtant j'aimerai être lui un instant, rien que le temps d'empêcher le futur de se réaliser mais je crois qu'elle avait raison... C'est impossible. La seule que je puisse changer c'est l'après. Peut être reviendra-t-il vers nous ? Mais plus je suis confronté au problème plus je me rends compte que je dois le laisser partir car si je ne le fais pas de mon pleins gré, ce sera encore pire.
Et lui, il trouve le moyen de faire de l'humour ! Enfin tout est relatif. Ça n'est pas vraiment de l'humour, il est plutôt énervé. Presqu'autant que je suis saoulé... J'ai l'impression qu'on tourne en rond et que quoi qu'on dise, rien ne change. Mais j'ai envie d'essayer, j'ai envie de prouver au monde entier qu'on peut choisir sa voie et son destin. Même lui, surtout lui :

« Bien sur que je te l'aurais dit... C'est pas comme si je t'avais déjà caché quoique ce soit ! »

Il y a possiblement eu des secrets entre nous. Après tout avant de sortir avec Mia je n'ai jamais parlé de notre amitié à qui que ce soit mais est-ce que ça compte réellement ? Je ne faisais de mal à personne j'avais juste envie qu'elle ne soit qu'à moi. Mais c'est vrai que là, je fais des mystères... J'en fais peut être trop non ?
Et puis il dit ce qu'il n'aurait jamais du dire et je blêmis. Je dois très certainement le regarder d'un drôle d'air parce que tout à coup, j'ai du mal à déglutir. Je ne sais pas comment cacher ce que je sais plus longtemps... Mais j'ai peur qu'il m'en veuille. Bon de toute façon, il m'en voudra quoique je fasse ! Il doit remarqué mon changement d'attitude radical car il tente de me rassurer et m'offre un petit sourire qui achève de me convaincre que cette vision est plus que stupide ! Comment pourrait il devenir un mangemort ?
Pourtant je la connais la réponse. Elle est très simple, c'est complètement évident : par amour. Je sais qu'il n'y a pas beaucoup de sentiment plus fort que l'amour et celui qu'il porte à son frère est inconditionnel... Après tout ils sont jumeaux. Ça peut se comprendre :

« Tout n'ira pas si bien... » je murmure doucement : j'ose enfin me l'avouer. « Le temps où tout s'arrangeait est fini, faut voir les choses en face. On est dans la merde... Quoi qu'il se passe, quoi qu'on décide, rien n'effacera l'affreuse réalité : les mangemorts sont de retour et il y a forcément quelque chose derrière ça. Et ce qui est derrière ça doit aussi être derrière les tragédies qui se sont joués à Poudlard. »

Les forces du mal sont réellement de retour, quoi qu'on en dise et ça n'est que le début... Jusqu'à quand pourra-t-on encore en profiter ? Jusqu'à quand pourra-t-on encore vivre comme si de rien n'était ? Je crains qu'il ne nous reste plus beaucoup de temps. Cependant, je ne perdrais pas ma motivation ! Je me suis engagé dans une voie et cette voie me mènera là ou il faut : je deviendrai un auror, peut être, et je combattrais officiellement le mal. Je ferais ce qu'il faut pour protéger mes amis. Pas tant que je sois quelqu'un de bien, juste que je dois protéger mes intérêts et que ce camp là est celui qui me permet de le faire au mieux.
Tant qu'à faire, autant tout dire à Angel. Autant lui avouer ce qu'on m'a confié. Ça ne me fait pas plaisir mais il faut qu'il sache, c'est son futur. C'est à lui de décider et, quand il saura, il pourra choisir son chemin : la facilité ou le danger ? Est-ce qu'il leur cèdera toujours ? C'est à lui de voir :

« Par contre ce n'est pas moi qui ait eu une vision... C'est compliqué... Mais, tu vois, j'ai rencontré ton ex là, celle avec un nom chelou, Cer' je sais pas quoi. Elle a le don du troisième œil et suite à une dispute et ben... Elle m'a dit que tu allais devenir mangemort. » C'est enfin sorti mais je ne me sens pas soulagé pour autant... Je prends une profonde inspiration pour continuer : « J'ai pas voulu la croire au début. Je la crois toujours pas en fait... Ou peut être, je sais pas, je suis complètement perdu. Mais t'es pas comme eux ! C'est pas possible que tu sois comme eux... T'es le meilleur d'entre nous. Celui qui sait ce qui est bien ou mal ! Tu fais des études de justice, c'est pas pour rien parce que c'est ce que tu es : quelqu'un capable de juger des actes des autres. Et là... Là on m'annonce que j'avais tout faux. Que t'es pas comme ça. Alors je te le demande une dernière fois : n'y va pas. Je veux pas perdre mon meilleur ami. Si je me rends compte que depuis le début j'avais tord, j'y arriverai pas... Et ce que je raconte n'a certainement aucun sens mais... C'est pas facile de dire ce genre de chose et je suis désolé de pas t'en avoir parlé avant. Je voulais tout faire pour que ça n'arrive jamais... Mais c'est à toi de choisir, j'ai pas mon mot à dire. »

Fixer le sol me paraît alors très intéressant. Je n'ose pas affronter son regard. Je ne veux pas voir ça. Je ne veux pas qu'il me déteste. Tout n'est pas fichu, j'en ai conscience mais ça ne saurait tarder...

Je me sens légèrement mal de savoir qu'il ne m'a rien caché, moi je lui ai cachés certaines choses. Surtout une chose, mais il vaut mieux qu'il ne sache pas laquelle. J'ai baissé la tête sans m'en rendre contre et me suis mordu la lèvre comme pour me punir. C'est une chose que je fais souvent dans ce genre de situation. Je continue cependant de l'écouter et le ton de la conversation ne me plaît guère. Il a l'air d'être défaitiste, de réellement savoir quelque chose que j'ignore et ça me dépasse et me déplaît. Je déteste quand il prend cet air là, comme si tout est joué d'avance.

« Arrête de faire comme si tout était joué d'avance. Ce que tu peux m'agacer quand tu prend cet air là. Tout n'est pas fichu, on peut changé les choses. Nous écrivons en ce moment même notre destiné et ont peut changer les choses, ne pas les laisser faire! Ce n'est pas toi qui avait envie d'aller les combattre? Si tout le monde fait comme toi on peut réussir à les vaincre et on y arrivera parce qu'on sera tous ensemble. Si on perds espoir maintenant tout sera forcément perdu d'avance. Mais moi je n'ai pas l'intention de perdre espoir.»

Les mots sont venus d'eux-même, je n'ai pas eu besoin à réfléchir que je suis tout à coup convaincu que l'on se bat et que l'on se battra pour une cause juste. J'ai du mal à croire qu'Andy puisse baissé les bras si facilement. J'ai certes eu des moments de doutes, mais comment peut-il douter de moi? Je veux juste convaincre mon frère que tout n'est pas perdu pour lui. C'est pour ça que je dois aller là-bas.

Je ne comprends pas pourquoi il est si défaitiste. J'ai l'impression qu'il ne croit plus en rien. Je l'écoute alors et tombe de haut lorsqu'il me dit que ce n'est pas lui qui a eu la vision, mais Cerys. La vision supposé de moi devenant effectivement un mangemort. J'avoue que je ne sais pas quoi dire et que je le regarde d'un regards très différent. Ce n'est plus le Andy que je connais s'il l'a croit. Il me dit qu'il ne l'a croit pas, mais au fond il ne dirait pas ça si c'était vrai. Je me suis levé assez révolté par ce que je viens d'entendre et j'ai fini par lâché:

« C'est pour ça qu'elle m'a quitté? Elle ne s'est jamais dit que c'était peut-être mon frère qu'elle avait vu? Non elle a cru que c'était moi parce qu'au fond elle n'a pas confiance et visiblement elle n'est pas la seule.»

J'aurais préféré ne jamais avoir cette conversation finalement. Ça m'aurait éviter de me rendre compte que mon meilleur ami doute de moi. Je suis resté debout, ne sachant plus si je devais aller me recoucher et laisser ce froid entre nous ou pour lui prouver ma bonne foi lui promettre que je n'irais pas voir mon frère. Je suis tiraillé entre mes deux choix. D'un côté je sais que si je vais rejoindre Evan il me manipulera pour que je sois de leur côté et de l'autre si je n'y vais pas je sais que je le perdrais. Et puis je me souviens qu'il n'a rien fait pour m'aider, qu'il n'est même pas intervenu pour m'épargner, que c'est un autre qui nous a sauvé si on veut. Alors ma décision est prise je me rassois dans le fauteuil puis lui dis:

« Très bien, je n'irais pas.»

Je sais déjà que j'ai fais le choix de perdre Evan et cette idée me torture, mais je n'ai pas envie d'être un mangemort, je suis en justice magique et je ne peux pas changer de camp simplement parce qu'il est mon frère. Je refuse de changer la personne que je suis pour lui. J'espèr qu'Andy se rendra compte de tout ce que je perds.

C'est fou ce que l'attitude défaitiste peut énerver les gens. J'étais a peu près dans le même état qu'Angel quand je parlais à la rouquine la dernière fois. J'étais dans une colère noire, incapable d'écouter ce qu'elle me disait, refusant en bloc sa réalité, sa vision des choses et l'idée même que tout soit écrit à l'avance. Pour moi il était clair qu'elle avait tout faux. Alors qu'est ce qui a changé entre temps ?
En tout cas, l'annonce de la vision fait encore meilleure impression... ça n'a rien d'étonnant, j'aurais dû m'y attendre ! Je veux dire c'est logique : qui aurait été heureux d'entendre un truc pareil ? Qui ne se serait pas mis en colère ? Moi j'aurais très certainement tout envoyé voler... Alors comment pouvais-je espérer qu'Angel ne m'en veuille pas ? J'ai bien une théorie à ce sujet, comme quoi je serais un imbécile de première qui a tendance à oublier que les autres ont un cœur et que, eux aussi, peuvent être affecter. Ou peut être que je suis un peu trop persuadé qu'il est meilleur que nous...

Etrangement, l'idée qu'il puisse se questionner sur les raisons de leur rupture me fait sourire, c'est tellement futile comparé à notre situation... Et il avait tellement l'air de bien le vivre ! Ma culpabilité m'empêche de porter très longtemps cette marque de joie. Au contraire : elle disparaît aussi vite qu'elle est apparue. C'est si rapide et je ne regarde tellement pas mon ami dans les yeux qu'il n'a pas dû le remarquer. Tant mieux : j'ai déjà l'impression d'être un enfant pris en faute qu'on engueule...
Lui, il est debout et moi j'ai l'air d'un imbécile à regarder le plancher comme s'il n'y avait rien de plus beau au monde. Et le silence règne, maître de la situation et nous nous enfonçons dedans parce que je sais pas quoi dire. Pourtant il faudra bien que je tente de m'excuser... Je me sens trop con pour le faire maintenant c'est tout : comment ais-je pu croire cette fille plus que mon ami ? Ça n'a aucun sens ! Elle avait l'air désespérée et d'y croire, genre vraiment. Et puis qui irait inventer un truc pareil ? Ne pas la croire n'avait aucun sens mais sa vision n'en avait pas plus et elle m'assurait que c'était Angel parce qu'elle était capable de les différencier.

Finalement, il rompt le silence en se rasseyant. Ce qu'il dit par la suite, j'ai l'impression de le rêver. Presque aussitôt, je relève la tête pour le regarder sans comprendre. J'ai réussi. Il n'ira pas. Le soulagement m'envahit et je me retiens de ne pas sauter de joie. Normal, il n'aurait pas apprécié. Je vois bien ce que ça lui coûte... je me sens même mal pour lui. Encore plus que tout à l'heure, oui j'atteinds les bas fond de la mauvaise conscience. La dernière chose que je voulais c'était le blesser. C'est complètement raté ! Le pire ? Je n'ai pas autant de responsabilités que je le voudrais. Le réel responsable de son malheur c'est son frère. C'est lui qui le pousse à faire un choix qu'il n'aurait jamais dû avoir à faire. Et je ne peux pas l'aider...
Ce n'est pas qu'une question d'opinion. Généralement dans les guerres il n'y a ni gentils ni méchants, c'est un concours de circonstance absurde qui met en rivalité des personnes et aucunes d'elles n'a, à la base, l'intention de détruire autant de vie. Je dis bien généralement, il y a toujours des exceptions. Et notre cas est une exception. Les mangemorts ne sont pas un camp neutre qu'on pourrait rallier comme ça. Ce sont des êtres sans pitié, monstrueux, dangereux qui font le mal autour d'eux et qui aiment ça. Ils n'ont aucune excuse... Alors moi, je n'irais pas m'excuser de lui demander de rester avec nous. Du bon côté :

« J'aimerais tellement que la situation soit différente... Qu'on en soit pas réduit à ça. Ni toi, ni moi. J'aurais tellement voulu que les choses se passent autrement mais... c'est comme ça. Et je suis désolé. Je m'en veux réellement de t'avoir blessé et que tu ais pu croire que je n'avais pas confiance en toi. C'est juste que j'avais peur... Peur qu'elle ait raison et d'être déçu. Et quand je vois à quel point ça m'aurait affecter j'ose pas imaginer l'enfer que tu vis. »

Son frère nous a trahi. La personne qu'il aime le plus au monde s'est détournée de lui... Et ça doit être affreux. Ça doit être même pire que ça ! Invivable en fait :

« Si tu crois vraiment qu'on peut faire quoique ce soit pour ton frère alors... Alors on le sauvera. Il doit bien y avoir un moyen pour qu'il se range du bon côté. Après tout, on ne doit pas perdre espoir n'est ce pas ? » Il avait raison pour ça et pour tout le reste. Il ne nous reste plus que ça, l'espoir. Je ne le perdrais pas puisque apparemment, je ne perdrais pas non plus mes amis : « Je ferais tout pour que ça s'arrange. Je te dois bien ça. »

Je lui offre un pauvre sourire d'excuse. Je me sens minable mais je suis rassuré. Les choses vont aller dans le bon sens maintenant car je peux mettre derrière moi cette appréhension. Ou du moins pour un moment... Car malgré tout, la peur qu'il change d'avis, qu'elle ait raison, que j'ai tord, qu'on me l'enlève, cette peur là sera encore présente. Injustifiée, involontaire mais bien présente. Et aucune parole ne pourra me l'enlever : c'est comme un poison et peu importe mes efforts, il se propage.

J'aimerais aussi que la situation soit différente, mais même si je le voulais, je ne pourrais pas revenir en arrière, ni empêcher ce qui est arrivé. J'aimerais tellement pouvoir, mais nous n'avons pas le droit de modifier le temps, c'est interdit par la loi. Et puis il faut faire avec voilà tout. C'est dur de me dire que mon frère est l'un des l'heure, mon propre jumeau qui ne m'a pas aidé. Je croyais qu'il était mon ami aussi, mais le fossé qui s'est creusé entre nous nous sépare de plus en plus. Je ne pourrais jamais plus le regarder comme avant. J'ai tout à coup envie d'aller me recoucher et de me dire que tout ça n'était qu'un cauchemar. Peut-être qu'en me réveillant demain matin je me rendrais compte que j'ai rêvé, mais je sais que non.

Je peux comprendre qu'il ai manqué de confiance parce qu'après tout certains voyant voient juste et sans doute qu'elle a vu juste, mais quelque chose me dit que c'est Evan qu'elle a vu. Je lui en veux plus à elle qu'à lui en fait. Elle m'a laissé tombé pour ça alors qu'il aurait suffit qu'on en parle. On serait peut-être encore ensemble si elle m'avait parlé. Elle a choisit la facilité.

« Ce n'est pas vraiment à toi que j'en veux, plus à Cerys. Elle aurait du me parler et pas me fuir. C'est moi le principal concerné par sa vision. Je ne comprends pas ce qui lui ai passé par la tête.»

J'ai du mal à la comprendre, en fait je crois qu'on aurait quand même fini par rompre même sans ça. On se disputait de temps en temps et tout n'était pas parfait, mais je l'ai aimé, comme j'ai pu aimé Andy ou comme j'aime William … William … j'espère de tout mon cœur qu'il n'est pas des leurs, sinon je crois que je peux tirer un trait aussi sur lui et je n'en ai clairement pas envie. Je l'aime comme je n'ai jamais aimé personne, bien qu'il ne le sache pas et que je m'en rende compte depuis seulement peu de temps, mais au fond de moi je le savais depuis des mois. Je me voilait juste la face.

« Je ne sais pas si on peut faire quoi que se soit. Il est trop loin pour le récupérer. J'aimerais sincèrement changer les choses, mais peut-être qu'il vaut mieux ne rien faire, surtout si c'est pour qu'on se fasse tuer à la fin. Autant laisser les choses telles qu'elles sont.»

Je me cale dans mon fauteuil le regard un peu perdu, j'ai presque envie qu'Evan débarque ici et me dise que tout ça n'était qu'une grosse blague ou qu'il n'a pas eu le choix, qu'il y a été forcé, mais je sais que ça n'arrivera pas.

Qu'Angel ait une dent contre Cerys me fait sourire intérieurement. Je la déteste tellement que je souhaite que tout le monde la haïsse comme moi. C'est viscéral : je n'ai pas envie qu'elle soit heureuse. À mes yeux elle ne le mérite pas le moins du monde, les pimbêches dans son genre ça ne mérite pas grande chose. Si je n'étais pas autant chamboulé par la question des mangemorts je lui demanderai comment il a fait pour sortir avec elle mais en plus d'être tout à fait inapproprié, la réponse ne m'apporterait rien. Si je dois croisé cette fille à nouveau ce sera pour lui arracher des excuses, de gré ou de forces d'ailleurs.
D'autre part je suis surtout soulagé qu'il ne m'en veuille pas, c'était bien la dernière chose que j'aurais voulu. La discussion est maintenant a peu près bouclée : le pire est passé. Je doute que ça permette à mon meilleur ami de retrouver un sommeil calme et paisible mais ça peut aider... Je ne sais même pas si son cauchemar est lié à notre conversation d'une quelconque manière – qui sait ? Il aurait pu rêver de Cerys et dieu sait qu'elle est effrayante !

Je discerne une pointe d'amertume dans sa voix quand il aborde le sujet de son jumeau et tous ces problèmes que j'avais espérer régler cette nuit me revienne. Comme si quoique ce soit avait été arrangé... Au final Evan est toujours un mangemort. Il n'y avait ni mirage, ni illusion et apparemment pas d'agents doubles. La lassitude que je ressens est immense, ajoutée à ma fatigue initiale, je me demande comment je fais pour encore tenir debout. Enfin, je suis assis mais mes yeux sont ouverts et c'est là que réside le miracle !
Je regarde un instant Angel. C'est surprenant de voir à quel point il ressemble à son frère mais c'est la seule chose qu'ils ont en commun : leur apparence. Le reste est diamétralement opposé. C'est certainement pour ça que je n'ai jamais réussi à m'entendre avec Evan, il est bien trop éloigné de ce que je recherche chez un ami. J'imagine qu'il a ses bons côtés mais je reste persuadé qu'ils ne valent rien face à ceux d'Angel.
Il faut dire que j'ai des amis en or, lui et Juliet sont des rayons de soleil, il n'y a d'ailleurs rien d'étonnant à ce que nos patronus soit aussi lumineux : on a partagé dans de bons moments qu'il est dur de choisir. Je sais que pour eux je serais capable de tout et plus encore :

« C'est ton frère, c'est toi qui choisi mais ne va pas croire que tu es seul. Enfin... Ne prends pas tout sur toi, si tu as besoin de partager tout ça, de parler, ou si tu veux qu'on t'aide d'une manière ou d'une autre, Juliet et moi on sera là. »

Je me permets de parler au nom de la blondinette mais je sais comment elle fonctionne, on le sait tous les deux, et je n'ai aucun doute quant à sa dévotion envers nous. Si on lui demande elle nous aidera il n'y a rien qui soit plus sur.
Je l'imagine ici, avec nous et je pense à ce qu'elle nous aurait dit. Un truc bien optimiste à n'en pas douter. Optimisme qu'on partage avec elle d'ordinaire mais qui ce soir semble nous quitter un peu plus chaque seconde. Pas que la situation soit désespérée, plutôt que la réalité nous rattrape : on est plus des gamins, maintenant il y a de réels dangers... Des gens sont morts, d'autres vont mourir et notre optimisme n'y changera rien, je n'ai cependant pas envie d'y renoncer. Pas dans l'immédiat du moins, ça ne fait pas de mal de voir les choses sous le bon angle :

« C'est toi qui disais de pas perdre espoir. » lui dis-je dans l'ombre d'un sourire, avec une pointe d'amusement : « Rien n'est joué ! Il y a encore un tas de choses qui peuvent se produire, l'avenir est fait de possibilités infinies et il est vraiment trop tôt pour qu'on renonce n'est-ce pas ? C'est pareil pour ton frère... Il n'est peut être pas trop tard. C'est peut être juste une erreur de parcours. Et ne me regarde pas comme si tu savais de quoi demain était fait ! Tu le connais mieux que moi c'est indéniable mais les miracles existent. Ou du moins, on peut les provoquer. Et c'est déjà pas mal... » Je pousse un profond soupire : « Je serais bien incapable de te dire si mes propos sont cohérents ou non, je crois qu'on devrait penser à retourner se coucher... Sauf si tu préfères qu'on discute encore un peu ? »

S'il a besoin de moi, je combattrai le sommeil encore un peu, je grimperai dans son train un peu plus tard même si je doute de pouvoir le repousser très longtemps. Je suis épuisé de tous ces conciliabules, de toutes ces théories, de tout ça quoi. J'ai besoin de me perdre dans les bras de Morphée quitte à sécher quelques cours demain matin. À moins qu'on soit samedi et ça, ça serait un miracle.