Nous étions vendredi soir et il y avait pas mal de monde dans le pub. Les sorciers appréciaient de détendre autour d’une bonne boisson quand leur semaine de travail était terminée. On voyait un peu de tout au niveau clientèle ici et je m’y étais habituée. En même temps je ne faisais même plus attention. Je me contentai de faire pour quoi j’étais payée. Je servais les gens et quand je voyais qu’ils n’étaient pas pauvres…Je me montrai souriante espérant un bon pourboire.

Il n’était pas question pour moi de porter une robe de sorcier ou quelque chose comme ça. J’avais toujours été habitué à m’habiller comme les moldus. Ce vendredi soir là, je portai un jean avec un débardeur et une chemise. J’avais appris à ne pas m’habiller trop chaudement car il y avait toujours un feu qui brûlait dans la cheminée et la présence des clients dans les lieux réchauffaient l’endroit. Il y faisait toujours trop chaud à mon goût… Mais les clients semblaient contents donc… J’avais le droit de rien dire. Je détestai qu’on dise que le client est roi…

Nous étions deux serveurs le week-end. Mon collègue qui s’appelle Nicholas servait en salle tandis que je restai derrière le comptoir. Je servais les gens installés au comptoir et je préparai aussi les commandes pour les tables de Nicholas. Je n’avais donc pas réellement le temps de m’ennuyer. Mes cheveux étaient attachés en une haute queue de cheval pour ne pas être gênée. Je m’étais rendue compte avec le temps que les clients n’appréciaient pas d’avoir un cheveu dans leur Whisky-pur-feu… Même si de mon avis cela ne change rien au goût.

Nous étions en plein coup de feu et Nicholas ne savait plus trop où donner de la tête. Je levai les yeux au ciel en soupirant. Il venait de se tromper de table pour la commande. J’aurais bien été lui donner un coup de main mais je ne pouvais pas quitter le comptoir. J’avais aussi du boulot là où j’étais. Je murmurai pour moi-même :

« Boulet »

Je repris ensuite la commande que j’étais entrain de réaliser et je la servis un couple qui était à ma gauche.

Un nouveau client arriva dans le pub et il vit rapidement qu'il y avait un problème avec le serveur dans la salle. Je me demandai s'il allait faire demi-tour en voyant un peu le bordel au service. Je laissai échapper un soupir. J'étais vraiment blasée ce soir. Alors que je pensai qu'il allait sortir, le client vint s'installer au bar, en face de moi, et m'accorda un sourire. C'était le genre de sourire que les gars pensaient que ça faisait fondre toutes les femmes... Enfin ça marchait pas avec moi.

« Bonsoir, que puis-je vous servir ? »

J'avais appris à être polie et concise quand mon boulot me le demandait. Ici en l’occurrence je n'avais pas répondu au sourire du sorcier mais je ne l'avais pas non plus envoyer sur les roses comme j'aurais pu le faire. Il m'annonça qu'il voulait un whisky pur-feu et j’acquiesçai d'un signe de tête et j'allai préparer sa commande. L'homme m'avait tutoyé mais je n'en étais pas surprise. Pratiquement tous les clients ici utilisaient le tu et c'était pas un signe d'impolitesse mais plutôt une habitude.

Je posai son verre devant lui et je récupérai l'argent que je mis aussitôt dans la caisse du bar. J'avais l'impression que le client était un peu un fouille merde. Enfin pardonnez moi l'expression mais il avait envie de parler de choses dont on ne parlait pas ici. Oui il y avait des attaques à Poudlard et alors ? J'étais peut être égoïste mais tant que ça restait au château bah je m'en foutais un peu.

Je laissai échapper un soupir en l'entendant parler de ce qui s'était passé il y a 70 ans. Je n'étais pas née à cette époque comme lui d'ailleurs mais on savait tous qu'il parlait de la grande bataille entre Lord Voldemort et Harry Potter... Enfin ils étaient tous les deux morts donc normalement on était tranquille de ce côté là.

«  Bon vous allez effrayer les clients en parlant de ça et ils ne consommeront pas et je n'aurais pas de pourboire... Alors si vous pouviez parler de quelque chose de bien plus joyeux ça m'arrangerait et ça arrangerait aussi mon patron. Merci. »

Je lui fis un sourire rapide et forcé puis je passé un coup de chiffon sur le bar pour le nettoyer un peu. J'avais un côté un peu maniaque avec ce bar et j'avais envie qu'il soit propre.

Il n'y avait pas beaucoup de clients que j'appréciai dans cet établissement... En même temps quand on venait à la tête de sanglier c'est qu'on avait pas envie d'avoir des bonnes fréquentations. Enfin c'était ma façon de voir les choses et il y avait bien sûr des exceptions à ce que je pensai et heureusement d'ailleurs. Le client qui était actuellement en face moi, je le sentais encore moins que les moins. Il avait quelque chose de sombre, de malfaisant chez lui.

Voilà qu'il était maintenant entrain de parler des attaques à Poudlard et quelques instants après c'était presque tout le pub qui était entrain de parler de ça. Super... On avait pas besoin de ça pour les affaires. Je lui fis comprendre poliment mais fermement de changer de sujet.

« Oui et les rumeurs vont si vite à cause de certaines personnes qui aiment les colporter. »

Si le gars était intelligent il saurait que je parlais en l’occurrence de lui. Je n'aimais pas ce genre de personne qui était des langues de vipères. J'avais aussi parler de mes pourboires qui seraient moindre s'il continuait à parler de ce sujet. Des gens tristes buvaient peut être mais ils étaient radins sur l'argent à laisser à la serveuse. Cet homme en face de moi semblait avoir réponse à tout... Et cela commençait à m’agaçait. Qu'est ce qu'il en savait ? Qu'est ce qu'il connaissait à ce boulot ? Probablement rien.

« Qu'est ce que vous en savez ? Les gens qui ont peur préfèrent garder leur sous, croyez moi. Et là vous les effrayez avec vos propos. Vous avez de la chance que c'est ce bar que je frotte et pas autre chose. »

Oui je passai mes nerfs physiquement sur ce bar... Il avait quand même raison. Il était propre et je devais m'arrêter. Ce gars se croyait tout permis et je n'aimais pas ça. Il ne perdait pas son aplomb. J'avais bien envie de le mettre dehors mais il n'avait rien fait de répréhensible jusque là. Il sembla remarquer que je ne l'avais pas à la bonne car il plaisanta et compara le bar au gloss d'une sorcière vulgaire... Je tournai ma tête vers la sorcière pour observer puis me retournai vers le client.

«  Impossible je suis certaine que ce gloss arriverait encore à briller dans la nuit... Enfin c'est peut être ce qu'elle veut. »