Il profitait de la soirée pour passer un peu de temps sur le terrain de Quidditch. Là où il se sentait presque trop bien. Le temps était nuageux et frais, mais bien habillé, ça n'était pas douloureux. Il avait emporté son balai et avait réussi à amadouer l'adorable – HRM – arbitre de Quidditch pour qu'elle lui prête une batte et les balles du jeu. Des balles usées, certes, mais des balles tout de même. Il avait fait quelques buts avec le Souaffle, avant de sortir un Cognard, sur lequel il s'acharnait depuis une bonne vingtaine de minutes.
Juste pour voler, bouger.
Juste pour le plaisir.
Edward allait bientôt devoir rentrer, malheureusement. Un certain couvre-feu était établi, à l'école, et si les enseignants avaient évidemment le droit de l'outrepasser... la directrice n'aimait pas nécessairement qu'il reste sur le terrain de Quidditch jusqu'à tard dans la nuit. Une question de sécurité qu'il comprenait totalement. Si lui-même était en compagnie d'élèves, il n'hésiterait pas une seule seconde à les renvoyer à leur dortoir.

Ou pas. Le « ou pas » c'était matérialisé dans son esprit quand une jeune fille s'était elle-même approché du terrain de Quidditch et il avait vivement sorti sa baguette pour ralentir le Cognard, puis l'immobiliser, avant de poser son balai au sol pour s'avancer vers elle. Miss Parker. Serdaigle. Une élève brillante, pas mal du tout sur un balai et tristement plutôt jolie. La voir hors des cours était une angoisse grandissante, chez le professeur d'Étude des Runes, et il évitait cela avec application. Ça, par contre, ce n'était pas prévu. Il attrapa le Cognard et le remit dans la boîte de balles, avant de se relever et d'épousseter ses vêtements. Puis de sourire à son étudiante, son balai dans la main.

« Miss Parker. J'allais justement rentrer, le couvre-feu est dans peu de temps et il ne faudrait pas que je sois complice de votre présence sur le terrain de Quidditch. Un regard à sa montre, fonctionnant grâce à un système runique fort complexe – mis au point par un ami. Un cadeau d'anniversaire. Vous auriez dû venir plus tôt. »

Dans le monde sorcier j'étais ce qu'on appelait une née Moldu. Cela voulait dire que mes deux parents était des personnes sans pouvoir magique. Lorsque je rentrai chez moi durant les vacances scolaires je ne pouvais donc pas utiliser la magie comme je souhaitai même si j'avais 17 ans. J'étais majeure dans le monde magique... Néanmoins je ne pouvais pas m'entraîner au Quidditch quand j'étais à Londres chez mes parents. Nous étions au mois d'octobre et les entraînements de Quiddich avait repris. Je n'étais pas stupide et je savais que j'avais besoin de plus de pratique pour m'améliorer.

Je savais que j'étais capable de bien plus que ce que je donnais en ce moment sur le terrain durant les entraînements avec les autres Serdaigle. Deux mois sans monter sur un voler ce n'était pas très bon... Il allait falloir que je remédie à ça surtout que notre premier match allait bientôt approcher. Il était déjà tard mais j'avais encore un peu de temps pour me rendre au terrain de Quidditch et voler une petite demie-heure voir un peu plus si je n'étais surprise par personne.

J'avais pris soin de bien me couvrir – la température descendait rapidement le soir – et j'avais attaché mes cheveux en une haute queue de cheval pour ne pas être dérangée dans ma vision durant mon petit vol. Comme on peut voir j'avais bien prévu ma petite mission mais je n'avais pas envisagé que je ne serais pas seule sur le terrain... Pas que ça me déplaisait... Je veux dire j'adorai être en la présence du professeur Grantham. C'était un sorcier très intelligent et okay faut le dire sexy...

La matière qu'il enseignait me passionnait vraiment et je passai de nombreux heures sur ses devoirs pour donner le meilleur de moi même et me faire remarquer... On faisait ce qu'on pouvait avec ce qu'on a. Il ne fallut que peu de temps au professeur pour remarquer ma présence et attraper le cognard pour le ranger dans sa malle. Il était pas question pour moi de faire demi-tour dès maintenant. Je voulais voler, j'avais envie de voler... Je devais voler.

Je lui souris quand il me salua puis je lui répondis :

« Bonsoir professeur Grantham. Comment allez vous ? Oh professeur il reste encore une grosse demi-heure avant le couvre feu... Vous n'allez quand même pas m'interdire de voler un moment... S'il vous plaît... »

Je fis quelque chose de mal ensuite … Je lui fis un immense sourire charmeur avec des yeux tristes. J'avais bien envie de le faire craquer pour que je puisse continuer à voler.

« De plus vous pourriez rester vous aussi vous entraîner un peu. Je serais votre motif pour rester et pour ma part je pourrais aussi voler avec quelqu'un qui me surveille... Donc je ne risque rien. Qu'en pensez vous ? Pour ma part je trouve que c'est une excellente idée car nous y gagnons tous les deux. Je suis certaine que vous n'aviez pas envie de quitter le terrain toute suite... Et puis si on ne le dit pas, personne ne le saura. »

Je lui fis de nouveau un sourire puis j'attendis sa réponse. J'avais envie de monter sur mon balai mais j'étais une jeune fille polie et j'allais donc attendre sa confirmation. L'idée de voler avec mon professeur d'étude des Runes me plaisait vraiment. C'était la première fois que je pourrais passer du temps avec lui en dehors des heures de cours.

Deuxième regard à sa montre. Une demi-heure ? C'est que le temps passait vite quand on s'amusait... surtout en bonne compagnie. Voler trente minutes allait sembler à peine quelques secondes. Ce n'était pas assez, mais il n'était pas là pour argumenter : il était là pour écouter les arguments de Miss Parker. Edward retint son rire en la voyant lui adresser de charmants yeux piteux, suppliants, auxquels il était difficile de résister. Il se contenta de croiser ses bras sur son torse, haussant un sourcil inquisiteur et prenant le meilleur de ses airs sévères alors qu'elle lui débitait son petit laïus. Aucun signe de tête pour l'encourager, que son regard acéré plongé dans le sien. Comme pour faire planer un refus éventuel, une menace sous-jacente... alors qu'il était bien loin de refuser une opportunité de voler encore un peu. Son premier amour, n'oubliez pas. Le dernier commentaire de la Serdaigle, soit que s'ils ne le disaient pas, personne ne le saurait, le fit franchement éclater de rire. Un rire qu'il avait sonore, chaud, et qui s'acheva alors qu'il rouvrait la boîte de balles d'un coup de pied.

« Vous avez d'excellents arguments. Si je n'avais pas déjà cédé à vos yeux tristes, vous m'auriez convaincu. » Il se fendit d'un clin d’œil avant de reprendre son balai et de l'enfourcher, prenant le Souaffle dans sa main droite. « Réchauffez-vous. Après, on verra si le vieillard que je suis a encore quelques tours dans son Choixpeau. »

Vieillard, lui ? Pas du tout.
Il aimait seulement rire.
Un coup de pied au sol et il décolla du sol, se penchant sur son balai pour accélérer et monter bien haut le ciel, Souaffle sous le bras. Un regard derrière lui, pour repérer son étudiante pas si loin, et il fit demi-tour pour redescendre, savourant le sifflement du vent dans ses oreilles. Qu'il aimait voler. Qu'il aimait cette liberté finie. Edward osa même fermer ses yeux quelques secondes, pour oublier le monde et le support sous lui, avant de faire quelques boucles, quelques courts piqués. Juste de quoi être confortable sur son balai avant d'attaquer la partie la plus physique de l'entraînement. Il était un batteur, les passes avec le Souaffle n'étaient pas son fort... mais son orgueil allait certainement le pousser à se dépasser face à la jeune fille. « Prête, Miss Parker ? »

Je savais que le professeur Grantham était une personne sérieuse et qu'il serait difficile de le convaincre qu'on vole un peu ensemble. En même temps l'heure du couvre feu n'était pas encore passée et puis... je savais utiliser mon regard pour susciter de la compassion de temps en temps et avoir ce que je voulais. C'est vrai qu'au début je pensai que j'allais être seule sur le terrain de Quidditch mais j'étais heureuse d'y trouver Edward. C'était la première fois que je le voyais en dehors de sa salle de cours ou de la grande salle. Il semblait plus détendu.

Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire quand il m'expliqua qu'il avait déjà craqué pour mon regard tristounet avant que je me lance dans mon monologue pour le convaincre. J'avais beaucoup parlé pour rien mais ce n'était pas grave. De toute façon j'adorai parler et puis au moins ça montrait à mon professeur que j'étais d'une certaine manière responsable et que j'avais réfléchi à la solution.

«  Vous n'auriez pas du dire ça professeur... la prochaine fois que je voudrais quelque chose, je vous adresserai ce regard et je serais sûre d'avoir ce que je veux. Il aurait fallu rien dire ou juste dire que mes arguments vous avez convaincu mais je retiens, je retiens. Je n'oublie jamais rien... enfin si mais pas ça. »

Je lui accordais un grand sourire un peu taquin mais ce n'était pas méchant du tout. Quelques instants plus tard il était déjà sur son balai entrain de voler. Il était rapide. A vrai dire avant aujourd'hui je ne savais pas qu'il aimait voler et qu'il le faisait à Poudlard... Mais j'aimais cette idée qu'il aime comme moi la liberté de voler sur un balai. Nous avions une passion commune... Je ris de nouveau quand il se considéra comme un vieillard pis j'enfourchai mon balai.

« Vous êtes encore très en forme et sexy pour un vieillard. »

Retrouver le plaisir de voler était plus qu'agréable. J'avais l'impression avant de monter sur ce balai que ça faisait une éternité que je n'avais pas fait ça et pourtant maintenant que je volais... Je me sentais bien, à ma place et comme si j'avais fait ça toute ma vie. Je fis quelques figures et bientôt je me rendis compte que j'avais besoin de voler plus... par parce que je n'étais pas douée mais parce que j'adorais cette liberté retrouvée dans les airs. J'avais l'impression d'être une autre personne quand j'étais là....

Je sortis de mes pensées quand mon professeur s'adressa à moi et me demanda si j'étais prête. Je savais de quoi il parlait. Il avait un souaffle sous le bras. Nous allions faire une petite partie tout les deux et j'en étais ravie... même plus que ça. J'allais me donner à fond.

« Je suis toujours prête. Sachez le. »

J'avais toujours le sourire aux lèvres et maintenant mes yeux étaient fixés sur la balle.