Ce jour-là, l'horloge sonnait un fin du repas de midi mais aussi le début d'un après midi libre pour tous les élèves. Enfin libre était un bien grand mot. A Poudlard, les élèves ne l'étaient plus vraiment depuis la mort du professeur d'étude de la magie. Les professeurs surveillaient les élèves d'un peu plus pour mieux les protéger. Même Aaron qui avait le poste de préfet en chef se sentait oppresser. N'allez pas croire qu'il ne prenait pas à cœur son rôle mais il avait pour habitude d'être d'un calme presque anormal dans n'importe quelles situations. Il regarda son poignet et serra le poing. Il avait eu le droit à une égratignure la nuit précédente en faisant sa ronde. Empêcher les gens de faire des balades nocturnes devenait de plus en plus compliqué. Mettez un couvre-feu et les gens souhaitant transgresser les règles se multipliaient plus qu'à l'accoutumé. Il lança donc un dernier regard à la troupe d'élèves tout à fait curieux qui le suivait partout depuis ce soir-là où le corps de l'enseignante morte. Certains espéraient qu'il en sache plus que les autres, que voulez-vous. Etant déterminé à se retrouver seul, il leur faussa compagnie, en se dirigeant vers le parc.  
 
Il marcha sur le long du chemin sans un regard en arrière. Il scruta le parc à la recherche de quelque chose de particulier. Il vit une longue chevelure brune allant vers le Saule Cogneur. Il soupira et secoua la tête. Partir à la rescousse des élèves, c'était son boulot. Il y avait franchement des cas désespérés dans ce bas monde. Même la forêt interdite lui paraissait moins meurtrière. Aaron n'avait aucun problème avec l'idée d'y faire un tour d'ailleurs. Il approcha donc la demoiselle en danger et baguette levée, il immobilisa le Saule au moment où une énorme branche aller s'écraser sur la jeune fille. Aaron rangea de suite sa baguette et avança les mains dans les poches cette fois-ci. Le visage auquel il fit face, il le connaissait parfaitement, c'était celui d'une gryffondor de son année qui ne lui faisait absolument pas confiance. Etrangement elle ne faisait confiance à aucun garçon. Mais le problème là-dedans, c'est que Aaron était le préfet en chef, alors forcément on pouvait lui vouer une confiance sans limite. Il le pensait.    
 
«Lucy ! La prochaine fois, fais attention, la miss, peut être qu'il n'y aura pas quelqu'un qui aura le reflexe de l'immobiliser. Et ce n'est pas parce que tu es fluette que tu parviendrais au nœud de l'arbre. »
 
Oh ce n'était absolument pas un reproche. Quoique peut être un peu, mais son ton se faisait tout à fait calme et doux. Il n'avait pas besoin de pousser une beuglante pour attiser l'attention des gens. Tout le monde savait qu'il ne lâchait pas la faire et qu'il avait un sacré culot quand il s'y mettait. Ainsi il ne fallait pas le chercher ou le provoquer bien longtemps. Il s'adressa donc une nouvelle fois à la petite -pour Aaron en tout cas elle l'était- brune toujours souriant.
 
«Qu'est-ce que tu fais par ici ? Tu voulais faire tes devoirs ? Non, je pense pas, ce n'est pas tellement le lieu idéal tu ne crois pas ? Peut être cherchais-tu tout simplement à braver le danger... Comment tu vas ? »

Quand il immobilisa le Saule Cogneur, il ne fut guère étonné lorsqu'il ne l'entendit même un simple merci. Quoique, ça n'aurait pas été de trop. Il venait de lui épargner un séjour à l'infirmerie, se retrouver avec une semaine de retard de cours, ce n'était jamais drôle. Bon même si ça ne le dérangerait pas personnellement de passer une petite semaine là-bas, il entendrait surement moins les gens lui poser tout un tas de question. Mais se retrouver avec trois fois de travail l'ennuierait totalement. Donc conclusion de cette charmante réflexion, elle devrait le remercier point. Et ne pas se montrer désagréable. Puis qu'il vit à plusieurs reprises qu'elle leva les yeux au ciel ou qu'elle soupira. Elle le laissa parler jusqu'au bout, elle ne le coupa même pas.  
 
Par contre sa réponse le rendit boudeur. C'était tout ce qu'elle avait trouvé à lui répondre et son ton manquait sérieusement de piquant. Si elle souhaitait le faire partir, il faudrait qu'elle montre plus d'entrain, il n'y avait rien qui le poussait à se sentir en danger. Et encore, tout le monde savait dans le château qu'il avait un don de répondre à la vitesse de l'éclair. Et surtout si on venait à le menacer d'une baguette, il en faisait de même. Mais il fallait franchement aller loin pour en arriver là avec lui. Ainsi, il préféra d'abord commencer par une touche d'ironie pour commencer. Lui répondre froidement n'était pas son but.

«Je suis certain que si tu faisais un petit effort, l'amabilité te conviendrait à merveille, Lucy. Commença t-il toujours aussi souriant. C'est bien dommage. »

Il hocha la tête comme pour appuyer ses propos. Il ne savait pas comme s'y prendre alors il tentait d'y aller en douceur. Il aurait bien aimé la rendre plus avenante à son contact. Mais elle semblait hostile à sa présence, tout autant que celle des autres garçons d'ailleurs. Elle était froide avec les jeunes hommes come s'ils lui avaient tous fait quelque chose.

«Tu sais, Lucy, te montrer froide et méprisante envers tous les représentants masculins de Poudlard n'arrangera pas ce que tu cherche à cacher. Pourquoi être hostile alors que la plupart ne t'a jamais fait de mal ?   Demanda t-il doucement et plus sérieux.Et je puis dire sans peine que je ne suis pas quelqu'un de méchant envers les gens bien au contraire.   »

Il repensa à la question qu'elle avait posé froidement. En quoi cela l'intéressait-il de savoir ce qu'elle faisait là ?

«Pour répondre à ta question, c'était surtout une marque de politesse. Vois-tu malgré ton caractère de cochon, j'essaie de créer une quelconque conversation entre toi et moi. Si tu tentais de te faire plus sociable, tu gagnerais des amis et des amis c'est très important mine de rien. »

Ok, d'accord, ce n'était pas fameux mais il ne trouvait pas d'autre façon que celle-ci pour lui montrer qu'il ne lui voulait aucun mal. Après tout elle n'avait rien à lui reprocher alors pourquoi être aussi froide ? Peut être une peur de changement, ou alors une peur simplement de souffrir. Il y avait tellement de possibilités. En fait, Lucy était un peu comme une huître compliquée à ouvrir. Ou quelque chose de plus poétique, une rose avec qui il fallait y aller en douceur.

Croyez le ou non mais l'affaire semblait bien plus compliquée qu'avec Lily-Rose. Les deux ne lui parlaient pas tellement que ça mais Lucy était réellement un cas à part. Elle répondait seulement quelques mots. Pourtant, il y avait énormément à répondre à Aaron, il n'était pas méchant et alors quoi ? Pourquoi elle disait si peu ? Pourquoi ? Telle était la question. Il leva les yeux au ciel lorsqu'elle lui dit qu'il ne devait pas se montrer gentil avec elle. Apparemment, elle avait des choses mauvaises. Ouais, ok et puis quoi d'autre ? Comment une fille comme elle de tout juste dix sept ans pouvait dire qu'elle ne méritait pas son attention ? Elle avait fait des choses mauvaises et alors elle ne méritait pas qu'on s'attarde sur elle. En effet, c'était un raisonnement bidon.

«Ah parce que tu crois que les gens ne méritent pas de seconde chance ? Dans la vie, il y a des choses bonnes aussi, il ne suffit de pas grand chose pour savoir que tu n'es pas si sombre que tu vienne de me le dire. Sérieusement, tu crois que je m'attarderais sur toi si je ne savais pas que tu pouvais être plus sympathique ? Franchement, c'est mal me connaitre. »

Il pencha légèrement la tête sur le côté lorsqu'elle haussa les épaules et répondit simplement qu'elle n'avait pas besoin d'amis. Pas besoin d'amis ? Et puis quoi encore ? Elle le dépassa alors, surement en pensant qu'il allait la laisser tranquille. Il eut envie de rire à la pensée qu'elle puisse espérer qu'il lâcherait l'affaire. Aaron Eisenberg ne lâchait jamais l'affaire, encore moins depuis qu'il était préfet en chef. Il avait envie que les gens le regardent, l'apprécient et il faisait beaucoup pour que ce soit le cas. Il allait gratter la surface, un peu comme un chien qui retrouvait son os qu'il avait caché.

«Pourquoi est-ce que je ne te crois pas ? Tu as beau être en colère contre le monde entier, on peut aisément voir que tu es triste. La colère cache une tristesse profonde. Ce qui est ton cas d'ailleurs.  »

Il fit un seul pas et resta planter à sa place. Il savait qu'elle allait répondre à ça. Elle avait perdu d'avance si elle souhaitait vraiment l'envoyer balader de cette façon.


«C'est tellement plus facile de se mentir que d'affronter la réalité pas vrai ? La facilité, c'est ce qu'ont choisi tous les mangemorts et tu vois où ça leur a mené ? A leur propre destruction, ils ont perdus. C'est vraiment ça ce que tu veux ? Te détruire à petit feu de l'intérieur ? Les amis, tu en as besoin. »

Et ça c'était fait. Alors il ne savait pas où il allait pour tout vous dire mais c'était un gryffondor, il avait énormément de courage alors il osait là où les autres n'essayaient même pas.