La grande salle, l’endroit que j’étais toujours le dernier à quitter. L’endroit qui se vidait tranquillement tout les soirs. Les premières années étaient toujours les premiers couchés. Ils montaient sagement dans leur dortoirs la plupart du temps, leurs yeux se fermant de fatigues. La salle était toujours finalement pleine de cinquième qui révisaient pour leur BUSE, de sixième qui jouaient aux échecs ou encore des septièmes en pleine révisions pour leurs ASPIC. Moi pourtant, j’étais loin d’être comme eux. Je ne révisais que très rarement. Ce soir-là j’avais pris place dans mon fauteuil, c’était ainsi qu’il était surnommé. Depuis ma troisième année j’étais celui qui s’y trouvait tout les soirs. Depuis ma cinquième, si quelqu’un osait s’y asseoir je l’obligeais à s’en dégager pour y prendre la place qui me revenait de droit. Rare ceux à qui j’avais laissé cette place, en fait, les seules sorcières qui avaient eux droit d’y prendre places étaient celles de ma maison que j’avais fréquenté. Et Merlin sait que celles-ci étaient rares. Je préférais aller fréquenter des filles de Serdaigles et Poufsouffle. Les jaunes étant assez facile d’approche et les Serdaigles, souvent intelligentes et studieuses, étaient un défis. J’avais fréquenté quelques vertes et argents pour leur briser le cœur et leur prouver qu’un lion serait toujours plus fort qu’un serpent. Puis, quelques lionne, puisqu’elles étaient jolies et gentilles.

Bien entendue, une seule m’avait réellement intéressée. Sofia, cette fille à qui j’avais pris sa virginité deux ans plus tôt, celle qui avait touché mon cœur pour de vrai, qui m’avait blessé dans mon orgueil et que j’avais laissé tombé comme on laisse une vieille chaussette traîner. Maintenant, je regrettais ce choix si inapproprié. Je le voyais, maintenant qu’elle tournait autour de ce garçon, celui que je détestais. Perseus, un serpent blond et arrogant. Un affreux petit con. Un garçon qui ne pouvait mériter la lionne qu’était devenue Sofia. La salle était vide à présent et pourtant Sofia n’était toujours pas rentrée. Même Aaron, le préfet en chef que je jalousais était rentré. Où pouvait-elle bien se trouver par cette heure tardive, j’espérais qu’elle ne se trouve pas dans les bras de ce préfet. Je l’attendais, sagement callé dans mon fauteuil à lire un livre sur les bêtes magiques, oui je révisais parfois, mais cela n’était que parce qu’il me fallait une distraction en l’attendant.

Je me faisais intérieurement mile et un scénario de ma réaction face à son arrivé, pourtant rien ne pouvait réellement refléter ce que je ferais, j’étais un être imprévisible et je savais que j’agirais sur le moment, j’agirais comment mon cœur et mon corps me le dicteront à l’instant où elle passera la porte. J’attendais sagement, minuit était passé, où pouvait-elle donc être?

Je finis par sortir de la salle, je ne tenais pas en place. La nuit était tombée, si le vieux concierge tombait sur elle. La punition qu’elle subirait pour notre maison, je n’en avais aucune envie. Je me lançais dans le corridor à sa recherche. C’est à ce moment même où je tournais le coin que je tombais face à face à elle. Sa beauté me clouait littéralement :

«Tu es en retard. Si on se fait chopper on va avoir des ennuis.»

Dis-je en croisant son regard dans le miens. Ou plutôt en noyant mes yeux noirs dans son regard bleus. J’avais tellement envie de passer ma main dans ses cheveux. Un instant je me retenais et l’instant d’après je le faisais. Les ennuis ne me faisaient nullement peur. Les ennuis, c’était ce qui me faisait vivre. La peur de se faire chopper, c’était ce qui m’avait donné encore plus l’envie de venir la chercher.

Aujourd'hui je n'étais pas vraiment dans mon assiette. Cette histoire avec Perseus me travaillait beaucoup. Voilà maintenant plusieurs jours que je le fuyais mais je savais que cette situation ne pouvait pas être éternelle. A un moment ou un autre, Perseus me trouverait bien et me demanderait des explications. Il voulait savoir où nous en n'étions mais je n'en avais aucune idée. Je savais juste que je tenais à lui beaucoup plus que je le voulais... Est ce que nos fiançailles étaient rompues officiellement ? Je commençai à en douter car je n'avais reçu aucun courrier de mes parents pour me hurler dessus.

J'avais suivi les cours de la journée en écoutant seulement d'une oreille puis j'étais partie me balader dans le parc du château. Malgré que nous étions au mois de septembre il faisait encore très bon. J'avais passé de longues heures à marcher alors que les autres étudiants rentraient au château pour se coucher. J'avais fait attention de ne pas me faire surprendre par un préfet durant leur ronde.

Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il était quand je décidai de rentrer. Il commençait à pleuvoir. La nuit était bien noire. Il ne devait pas être loin de 23 heures ou même minuit. J'avais beaucoup réfléchi, beaucoup marché mais pourtant je ne voyais toujours pas les choses plus clairement. Est ce que je devais continuer à fuir mon fiancé ? M'en voulait-il de l'éviter ? Probablement...

Je soupirai. Il pleuvait maintenant averse et je me mis à courir pour être le plus rapidement possible à l'abri. Quand j'entrai dans le château, j'étais trempée jusqu'aux os. Bon bah maintenant il était temps de rentrer dans la salle commune pour me changer sinon j'allais attraper la mort. Il n'était pas certain que je trouve le sommeil de suite mais je pourrais toujours lire un peu.

En arrivant dans les escaliers, je retirai mes chaussures pour ne pas faire de bruit. Je n'étais plus très loin maintenant de ma salle commune et il était temps que j'arrive car je commençai sérieusement à avoir froid. Alors que je m'y attendais pas, j'entendis une voix que je connaissais très bien. Il s'agissait de celle de Dorian Ferguson....

Dorian Ferguson avait été mon premier grand amour et c'est avec lui que j'avais perdu ma virginité. Aujourd'hui soyons honnête je le regrettais bien. Notre histoire s'était vite terminée après que nous ayons eu notre premier rapport sexuel. Je n'avais pas trouvé ce gros câlin très agréable et quand j'avais voulu en discuter avec lui, il avait très mal pris les choses... On avait rompu... En fait non il m'avait largué comme une vieille chaussette. Il ne voulait plus entendre parler de moi et je savais qu'il avait eu beaucoup de conquêtes amoureuses depuis ce temps là...

Pour ma part ça avait été très calme du côté de ma vie sentimentale et je n'avais jamais voulu franchir de nouveau l'étape avec un autre garçon. J'avais peur d'avoir de nouveau mal, d'avoir de nouveau peur, de ne pas aimer de nouveau... Bon je ne voulais pas finir nonne mais je ne me sentais prête à recommencer et puis je n'avais pas trouvé quelqu'un pour me mettre en confiance. De plus j'étais une fille et je voulais des sentiments.

Voilà pour Dorian Ferguson... Vous comprenez maintenant un peu plus pourquoi j'étais surprise de la trouver maintenant qui me disait que j'étais en retard et que nous allions avoir des ennuis si nous nous faisions attraper.  

 » Vas te faire voir Ferguson, je suis une grande fille, je m'assume. »

Avant ma rupture avec Dorian, j'avais toujours été une jeune fille docile avec les garçons et un caractère plutôt accommodant sauf avec ma famille... Depuis que nous avions cassé, mon caractère s'était affirmé mais pas dans le bon sens. J'étais devenue assez sanguine et je ne me laissai plus faire. J'avais un caractère de feu... Une vraie lionne.

Je fronçai les sourcils quand il passa sa main dans mes cheveux. Qu'est ce qu'il faisait là ? Instinctivement je reculai car je ne voulais pas qu'il me touche. Il n'en avait pas le droit.

«  Tu fais quoi là ? Tu as un problème ? Ne me touches plus. »

Sans lui laisser le temps de dire quelque chose ou faire quelque chose, je montai jusque la salle commune. Je donnai le mot de passe puis j'entrai dans la salle commune et j'allais poser mes chaussures près de la cheminée allumée pour qu'elles sèchent durant la nuit.

L’avoir largué était l’une de mes plus grandes erreurs. J’avais tenté de l’oublier avec d’autres filles, j’avais eux plusieurs conquêtes, pourtant aucune n’arrivaient à la cheville de la jolie jeune femme aux yeux bleus qui se tenait devant moi. Depuis quelques mois je regrettais amèrement le choix que j’avais fais en la laissant tomber. Surtout le fait qu’elle tourne un peu autour de Perseus. La simple idée qu’elle ait réussie à tourner la page me dégoûtait. Surtout si elle tournait la page pour cet abrutit de vert et argent. J’aurais du au moins tenté de rester un bon ami, mais non, sur ce coup-là j’avais été le pire des cons. J’avais complètement coupé les ponts entre nous, mais j’aurais dû continuer à lui parler plus souvent être son ami.

Elle répondit rapidement à ce que je lui avait dit. Elle me dit d’aller me faire voir, qu’elle était une grande fille et qu’elle assumait. Je fus assez surpris, puisque de mon côté je savais que ce n’était pas le cas. Elle voulait bien assumer, mais quand même, l’idée de se faire prendre le soir tard, faisait peur à la majorité des étudiants qui ne voulaient pas foutre la honte à leur maison en lui faisant perdre des points. À l’époque où nous étions ensemble, Sofia avait toujours été douce et calme, une fille sans caractère, même si l’on sentait une pointe de ce qu’elle était réellement. Le caractère de la vrai lionne s’était présenté à tout le monde suite à notre rupture, le genre de chose que l’on souhaite éviter chez une femme.

Je n’aurais probablement pas du passer ma main dans ses cheveux, même si cela était instinctif. C’était le geste que je n’avais pu m’empêcher d’avoir. J’en avais trop envie. Ses lèvres me faisaient envie, mais sa réponse à ma main fut si cinglante que je n’osais plus la toucher. Je retirais ma main et un sourire vint se poser sur mes lèvres. Ce caractère de feu qu’elle avait, cette façon de me dire de ne pas la toucher, c’était ce qui me donnait l’envie que de recommencer. Je trouvais cela si mignon qu’elle s’affirme enfin. Je la regardais se sauver rapidement dans la salle commune, je la suivais. Je la regardais poser ses chaussures :

« Alors t’es allée te promener sous la pluie?»

Dis-je en reprenant place dans mon canapé, ré-ouvrant mon livre pour faire le mec qui n’était qu’un simple ami qui s’intéressait à la vie d’une amie. Après tout, je pouvais très bien faire comme si rien n’était jamais arrivé entre nous. Comme si elle n’était qu’une amie.

Je me demandai vraiment ce que Dorian faisait là. Nous avions rompu maintenant depuis un moment et il ne m'avait plus jamais adressé la parole depuis... Je m'y étais habituée et ça ne me dérangeait pas vu la façon dont il m'avait renvoyé sa vie. Le jour où je lui avais parlé de notre notre nuit – pas terrible à mon goût – il s'était emporté et ça avait cassé ce qui nous unissait tous les deux. Aujourd'hui j'avais surmonté tout ça et je m'étais affirmée. Je ne me laissai plus faire et je méfiai de la peste des relations amoureuses... En même temps tout le monde savait à Poudlard que j'étais fiancée donc ça repoussait de nombreux hommes et ce n'était pas plus mal...

Après il y avait Perseus mon fiancé ou ex fiancé... Je ne savais toujours pas mais c'était diffèrent et lui et moi. On se cherchait mutuellement .. Et là on s'était embrassés... Étrange je sais. J'étais perdue. J'étais sortie ce soir – même si c'était interdit – pour réfléchir un peu et essayer de savoir ce que je voulais, ce que je ressentais... Malgré ces quelques heures dehors, je n'avais pas avancé plus et ça me déprimait...

Voilà maintenant qu'il me mettait une main des les cheveux. Mais qu'est ce qui lui prenait ? Je ne le laissai pas continuer et je me reculai assez rapidement avant d'entrer dans la salle commune. Je n'étais pas à l'aise de rester seule avec lui dans le couloir. En même temps il n'y aurait probablement pas plus de monde dans la salle commune mais je m'y sentais quand même plus en sécurité...

« Et arrêtes de sourire bêtement comme ça, ça te va pas du tout . »

Je soupirai avant d'entrer rapidement dans notre salle commune. Je me posai devant la cheminée qui était allumée et je retirai mes chaussures et mes chaussettes trempées. Je n'avais pas envie d'attraper la mort. Je soupirai en voyant qu'il était lui aussi dans la salle commune. J'avais pensé qu'il serait parti se balader quelque part ou qu'il serait monter dans son dortoir mais non. Je restai près du feu et je récupérai un plaid sur un canapé pour le mettre sur mes épaules. Quelques instants plus tard Dorian me parlait. Je levai discrètement les yeux au ciel.

« Bravo Sherlock Holmes, je te félicite mais c'était pas bien difficile à trouver... »

Je m'installai dans le fauteuil près du feu mais assez loin du séducteur de Gryffondor qu'était Dorian... Je me demandai vraiment ce qu'il voulait. J'étais quand même assez curieuse mais aussi assez prudente. Ici s'il y avait un soucis, il me suffisait de crier et je réveillerai tout les dortoirs...

« Tu fais quoi là ? Tu ne batifoles pas avec un fille ? Ou même plusieurs... C'est étonnant dis donc.. Je pensai que tu serais dans la salle sur demande... Mais peut être qu'elle est déjà occupée... »

J'avais envie de l'embêter un peu... Je sais que ce n'était pas bien mais bon. J'avais bien le droit de le taquiner un peu après tout ce qu'il m'avait fait subir. En effet, je n'avais toujours pas dirigé la fin de notre aventure... On ne traitait pas les gens de cette manière là surtout que je n'avais pas été désagréable...