« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous»
C’est avec le sourire que j’ouvre la porte de ma maison pour me diriger vers l’école. La pluie fait rage depuis plusieurs jours, gorgeant la terre d’une eau qui éclabousse mes grosses chaussures noires à chaque pas. Le vent fait hurler les arbres de la forêt interdite, ajoutant une note dramatique au tableau.
Vous ne trouvez peut-être pas tout ça très réjouissant mais pour moi, c’est tout le contraire. Dès la fin du mois d’octobre, une telle météo devient de plus en plus fréquente non seulement à Poudlard mais aussi dans le reste de l’Ecosse. La température baisse, la pluie se métamorphose petit à petit en une belle couche blanche et en moins de temps qu’il n’en faudra pour mettre les citrouilles à l’abri, l’hiver sera là ! Pour quelqu’un qui apprécie les pays nordiques, comme moi, cette saison ne peut être que synonyme de réjouissance. C’est peut-être puéril, mais ça a au moins le mérite de me rendre de bonne humeur plusieurs mois quand d’autres dépriment.
Une fois dans le hall d’entrée du château, je me dirige d’un pas vif vers un escalier qui mène aux sous-sols. Enfin, il s’agit plutôt d’une résolution que le flot d’élève présent dans le hall d’entrée m’empêche de mettre à bien ! Je suis obligé très rapidement de ralentir voire même de m’arrêter pour laisser passer un troupeau de filles visiblement pressées, sous peine de me faire écraser comme une mouche. Zut, ça m’apprendra à arriver au château pile pour le début des cours !
Je me remets en route, essayant de me frayer un passage tant bien que mal. Alors que le passage s’éclairci, une once d’espoir naît en moi : je vais bientôt pouvoir atteindre ce foutu escalier sans encombre ! …Erreur. En effet, quelques instants plus tard un élève me fonce à nouveau dessus sans crier gare ! Il s’agit de Nathan Prescott, un jeune homme – comment dire…très spécial ? - que j’apprécie beaucoup. Par chance, nous parvenons à nous écarter tous les deux, ce qui permet d’éviter la collision. Au moment où il lève son visage, je me rends compte que des cernes foncés creusent son visage et que ses yeux sont injectés de sang.
« Salut, je ne vous avez pas vu. » me répondit-il dans un bâillement. Tu m’étonnes que tu ne m’as pas vu avec le manque de sommeil qui se lit sur ton visage comme dans un livre ouvert, je suis moi-même étonné que tu parviennes encore à tenir debout !
« Bonjour, Nathan. Je suis flatté que tu ne m’aies pas vu, ça veut dire que je ne suis pas si grand que ça » je lui réponds dans un rire. Une manière plus subtile de faire référence à son état sans le juger. Aucun doute qu’en raison de ce qu’il est, les nuits ne doivent pas être de tout repos.
« Qu’est-ce que vous faite dans le château, il pleut trop dehors ? » Je fais quelques pas pour m’écarter du chemin qui mène à l’escalier du sous-sol et éviter d’autres presque-collisions potentielles.
« Si seulement le garde-chasse pouvait rester à l’intérieur sous prétexte qu’il pleut trop dehors », je réponds sans me départir de mon rire, amusé par la question – sérieuse ou non - de Nathan.
« A vrai dire, je dois aller au sous-sol où il y aurait un problème de grenouilles à déloger. Elles auraient envahi l’un des cachots…je ne sais pas très bien où exactement. Et toi, prêt pour les cours ? »