Je vais devenir folle. A cinq mois de grossesse, je ne peux plus cacher que je suis enceinte, mais je refuse autant qu'on m'en parle qu'on me traite comme une petite chose fragile. Pourtant si je devais être tout à fait honnête, je ne suis pas aussi forte et sereine que je veux bien le faire croire. Tous les jours au Ministère, je maintiens ce masque, mais dès que je rentre chez moi, parfois même lorsque je suis seule dans mon bureau, il s'effrite. Savoir que Lily est enfermée à Poudlard m'inquiète très fortement, et Lesli n'est plus là-bas pour veiller sur elle. J'espère que sa femme le remplace mais je me dis que s'il l'a choisie, ça n'est pas pour rien, que je dois pouvoir lui faire confiance. Il n'empêche que je reste inquiète malgré tout. Et puis j'espère que Medee va bien. Je regrette qu'elle ne puisse plus s'occuper de moi, mais avec tout ça, j'ai surtout peur qu'il lui arrive quelque chose. Et cette jeune femme ne mérite pas ça.
Et je ne doute pas que Lesli soit tout aussi inquiet que moi. Sa femme et sa fille sont enfermées sans moyen de communiquer avec lui, il pourrait leur arriver n'importe quoi sans qu'il le sache. Je deviendrais folle. Et je suis un peu en train de le faire, non ? Je n'ai pas mon conjoint d'enfermé, pour la simple et bonne raison que je n'en ai pas, mais ma fille est là-haut. Et ça me rend dingue.
Et je crois que mon ex-mari s'en rend très bien compte, bien malgré moi. Ce matin, il est arrivé dans mon bureau un café à la main, avec une pointe de cannelle. Il n'a donc pas oublié, manifestement.
« Bonjour Liz, tiens tu as besoin de prendre des forces aussi. »
Je me suis levée à son arrivée, presque prête à le prendre dans mes bras mais... je crois que je n'ose pas être aussi familière, après tout ce temps, et tout ce qui s'est passé.
« Merci Les'. Je n'ai pas eu le temps d'en ramener, c'est parfait... »
A vrai dire, je n'ai pas eu le temps de grand chose. J'ai eu du mal à émerger, ce matin, et c'est de plus en plus souvent le cas. Je crois qu'ils m'épuisent un peu, et le stress qu'engendre la situation actuelle n'aide pas vraiment. J'ai beau tenter de les masquer, je pense que les cernes sur mon visage ne doivent pas lui échapper. En silence, et en avalant une première gorgée de café, je lui ai désigné le fauteuil face au mien.
« Comment tu te sens ?... »
Je ne m'attends pas vraiment à ce qu'il se confie, après tout ce qui a pu se passer entre nous. Pourtant, je me rends compte que j'aimerais qu'on retrouve la complicité qu'on avait, il y a si longtemps...