Murtagh avait trop bu. Vraiment trop bu et actuellement il commatait dans mon lit... J'avais eu la décence de le lui laisser, héritant du canapé pas hyper confortable mais ça avait fait l'affaire.  Heureusement que je vivais juste au dessus de mon bar : sinon j'aurais galérer à le transporter. Transplaner avec un mec ivre n'étant pas réellement facile. Ses problèmes de cœurs l'avaient poussé à boire plus que de raison et mon rôle de meilleur ami m'avait obligé à l'écouter se plaindre. Comme ce n'est pas dans ses habitudes, j'avais pris sur moi et ma soirée s'était avérée désastreuse : Murtagh soûl n'a rien de drôle.
Le matin étant déjà là, je me dis que je peux bien me venger un peu. Enfin, tout dépend de son état : il se peut que mes plans tombent à l'eau s'il n'est pas assez vaseux. Mais qui ne tente rien n'a rien, comme on dit et il est encore trop tôt pour que j'aille bosser. J'aurais pu faire la grasse matinée mais le manque de confort m'a tiré de mon sommeil... Sans parler de mes hiboux qui se sont agités très tôt parce qu'ils avaient faim ! Foutus volatiles.

Après avoir nourri mes trois oiseaux, trois petits ducs très exactement : le père s'appelle Bourbon, la mère Whisky et leur petit c'est Tequila. Je sais j'ai une inspiration de folies quand on en vient aux prénoms des animaux. Je tiens à dire que j'ai pour habitude de donner les petits qu'ils ont. J'en garde un de temps en temps, comme Tequila. Bref, après les avoir nourris, je prépare un rapide petit-déjeuner. Quand vous tenz un bar vous avez généralement de quoi faire.
Murtagh trouverait ça bizarre que je me montre si attentionné. Je suis quelqu'un de gentil, enfin je crois, mais faudrait pas voir à abuser : je viendrais pas le servir au lit ! C'est déjà bien que je mette la table et que je sorte de quoi manger. Le seul truc que je me permets de monter dans ma chambre, c'est un verre d'eau et une aspirine.

Je ne prends pas la peine de toquer à la porte, c'est chez moi après tout. J'entre sans complexe et trouve la salle plongée dans la pénombre : ah oui ! J'ai fermé les volets hier soir. Quel ami attentionné je suis. J'en profite donc pour réveiller mon ami : rien de mieux que la lumière du jour pour vous faire émerger. J'aère aussi, c'est mon rituel du matin, même quand quelqu'un squatte mon lit. Soit dit en passant, généralement je suis avec cette personne mais dans le cas de Murtagh c'est différent. Par expérience, je sais que ceux qui boivent trop ont des nuits agités et que c'est peu confortable pour celui qui est encore en état de réfléchir, moi en l’occurrence.
La lumière est brillante, c'est une belle journée qui commence bien qu'il fasse froid : d'ailleurs la température de la chambre commence déjà à baisser et j'accueille mon ami avec un grand sourire :

« Debout ! Heureusement pour toi que tu ne travailles pas aujourd'hui sinon t'étais en retard. » Je lui tends le verre et le médicament sans me départir de mon air moqueur : « Je crois que tu en auras besoin. Bien dormi ? »

La réponse risque d'être non. Et s'il me dit oui, c'est qu'il ment mais c'est un homme fier et en tant que telle il n'y a que peu de chances qu'il me dise qu'il a passé une nuit affreuse. Je m'attends plutôt à ce qu'il grommelle un truc en me demandant de le laisser tranquille. Chose qui ne risque pas d'arriver !