La rentrée des classes.
Pour être honnête, être professeur ne m'avait pas manqué du tout. Je préférais être en pleine quête un peu partout dans le monde pour chercher des antiquités laissées par l'Histoire plutôt que de passer mon temps dans une salle de classe à enseigner. J'étais un homme d'action, ivre d'aventure, qui aimait bouger. Mon expérience en tant que professeur n'avait pas été désastreuse, contrairement à ce que j'aurais pu croire lorsque j'avais franchi pour la première fois les portes de l'Institut des Sorcières de Salem où j'avais pensé être un piètre professeur. En fait, ça allait plutôt, d'autant plus que le régime là bas était strict et autoritaire et que les élèves avaient intérêt à être à carreau pour ne pas se recevoir des punitions. Les punitions là bas n'avaient rien à voir avec les colles que certaines autres écoles pouvaient donner. A Salem, on évitait à tout prix d'être collé. On évitait aussi de se faire renvoyer, car c'était très mal vu et que l'avenir se minimisait à très peu si l'on était pas diplômé. Les américains aimaient voir les choses en grand et visiblement, c'en était de même pour les moldus.

En franchissant les portes de Poudlard pour la première fois, le souvenir de ma première expérience me revint alors en mémoire. Je n’éprouvais aucune crainte, puisque le métier ne lui même ne me tenait pas à cœur, mais j'en avais eu besoin pour m'intégrer au pays et essayer de me refaire ici. J'étais si motivé que j'en arrivais en retard. J'étais arrivé en Angleterre depuis deux mois déjà, mais je ne m'étais toujours pas fait au décalage horaire, d'autant plus que les coutumes changeaient et que ça non plus, je ne m'y étais pas fait.
Je peinais à trouver la réception, ou plutôt, la Grande Salle où les élèves se retrouvaient pour se faire répartir dans leur « maison » comme ils appelaient ici et une fois devant la porte principale, je décidai de la contourner en espérant trouver une autre issue. Je n'aimais pas vraiment me faire remarquer dès la première fois et optais pour une apparition en toute discrétion.
Par chance, il y avait un passage qui me conduisit à l'arrière de la Salle et donc, directement sur la table des Professeur. Visiblement, la réception en était encore à son commencement et je ne devais pas avoir énormément de temps de retard.
Je me laissai glisser dans la seule chaise disponible et qui devait sans doute m'être destinée. Forcément, ma nature curieuse me poussa à regarder autour de moi et je manquai de sursauter en le reconnaissant. Il était en train de parler, alors il ne m'avait pas encore reconnu. Du coup, je fis de mon mieux pour me remettre de mes émotions et concentrai mon attention sur l'assiette en or en face de moi.
Je me tendis légèrement vers mon collègue – haha – sans pour autant le regarder. La nourriture semblait bien bonne, tiens !

« Eh bien eh bien eh bien, comme on se retrouve Nielsen ! »

J'avais prononcé cette phrase assez fort pour que je puisse me faire entendre de lui, avant que ma première bouchée de nourriture ne fusse engloutie dans ma bouche. Après quoi, je tournai enfin le regard vers lui et haussai les sourcils :

« Ca fait combien de temps à présent, mhh ? Presque une petite dizaine d'années, sans doute moins. »

Et ça m'aura pas empêcher de l'oublier, loin de là. Le souvenir cuisant de mon premier échec m'était toujours resté en mémoire et j'avais été humilié par sa réussite à lui.
La conversation fut écourtée par un événement imprévu qui s'installa et qui fit effroi à tout le monde. L'obscurité s'installa et un cri rompit le silence installé. Je me demandai ce qu'il se passait, d'autant plus que nous n'étions pas encore à Halloween, et j'eus la réponse peu de temps après, quand nous pûmes à nouveau voir ce qu'il se passait. Les portes s'ouvrirent, un homme déboula pour finalement s'effondrer au sol au milieux de quatre grandes tables et cela eut pour effet de me faire ouvrir grand les yeux, la tête reculant brusquement. C'était quoi ça ? Une mise en scène ou un réel accident ?
Les professeurs ne tardèrent pas à réagir tandis que les élèves se mirent à s'affoler. J'étais tellement ébahi que je mis du temps à bouger, figé sur ma chaise en regardant le cadavre et en essayant de savoir ce qui était en train de se passer. Un des professeurs traversa la table pour accourir auprès du corps et je perdis ce dernier de vue par conséquent. Je me mis alors à regarder mes collègues et en vue de leur expression, il ne s'agissait pas d'une mauvaise blague.
Je me levai, mais ne m'avançait pas, levant la tête pour regarder ce qu'il se passe. J'étais tellement habitué à ce genre de... circonstance, que ça avait cessé de m'affoler depuis fort longtemps. J'avais juste besoin de savoir ce qu'il s'était passé, comme tout le monde ici présent d'ailleurs.

Décidément, croiser à nouveau le chemin d'Andrew était plus une plaie pour moi qu'autre chose. Le voir me titillai et je ne lui pardonnais toujours pas notre dernière (et première) rencontre. J'aurais aimé ne jamais avoir à nouveau à faire avec lui, mais il fallait croire que le monde était petit et que malgré l'océan qui nous avais séparé, rien que par la naissance, il fallait que nous soyons collègues. Mon handicap aux sortilèges ne m'aidaient aucunement et ça m'agaçait particulièrement mais je me contentai de ce que j'avais, sauf quand j'avais le sentiment d'être humilié. L'orbe que j'avais cherché à l'époque, il l'avait emportée et je ne lui avais toujours pas pardonné, même s'il n'y avait aucune raison pour que je la possède moi aussi. En fait, ce qui m'exaspérait sans doute le plus, c'était qu'il l'avait donné à des gobelin plutôt que de la garder pour lui ou la donner à quelqu'un d'autre. Je détestais ces créatures plus que tout.

« Tu es bien gentil avec moi ! Dix années ? Je n'ai pas encore atteint les 30 ans... C'était il y a six ou huit ans, maximum... J'étais jeune... Chance du débutant ou talent naissant, en tout cas je te remercie, quand je l'ai ramené à Gringotts, j'ai eu une bonne prime. »

J'affichai une mine blasée sur mon visage pour en le regardant.

"Heureusement que j'ai dit "Dix PETITES années SINON MOINS" alors! Et je t'interdis de me remercier pour l'aide fournie à la capture d'une relique que tu as refourguée à des...."

La grosse insulte qui s'était apprêtée à sortir de ma bouche n'eut pas le temps de s'exprimer que le vent tourna et que l'ambiance changea du tout au tout. Pourtant, ça avait bien commencer, jusqu'à CA. Quand nous avions découvert le corps inerte d'un de mes collègue, je n'aurais pas pensé qu'un meurtre se serait passé, en tout cas, pas aussi vite. J'en commençai à me méfier de la sécurité de l'école, L'Institut de Salem étant très (voir même trop) bien gardée et vérifiée tous les jours, même quand aucun élève ne se trouvaient là bas.

Mon adorable collègue, Andrew, était venu inspecter le corps ainsi que d'autres professeur. J'étais resté en retrait en essayant de savoir ce qu'il s'était passé de façon discrète et surtout observatrice. J'aurais pu rester longtemps comme ça, si Andrew ne m'avait pas interpellé. Dès lors, je ne su pas si je devais me sentir flatté ou mal à l'aise.

- Ravenblack ! Vient là rapidement, aboya-t-il.
Je me mis à regarder autour de moi pour constater plusieurs têtes tournées vers moi. Mon esprit rebelle refusait d'obéir, mais la vue de tout le monde m'obligea à me plier. Je le rejoignit, mais pas rapidement, parce qu'il ne fallait pas abuser non plus.

"Quoi?"

Je restai un moment sans avoir à intervenir, pendant que Andrew était très sérieux quant à ses décisions. Puis :

- Mettez le à l'infirmerie, ordonna-t-il en parlant du professeur de Potion, suivez les conseils de Solomon, ne touchez pas ce corps. Lévitation, ce que vous voulez... Quant à toi Ravenblack...
Il m'approcha de lui et je repoussai sa main d'un coup de bras pour lui faire comprendre que je n'avais nul envie qu'il agisse de la sorte envers moi. Nous n'avions pas élevé des hypogriffes ensemble que je sache!
« Je connais ta réputation, je t'ai suffisamment adoré lors de notre rencontre pour avoir fait des recherches... Combien de compositions peuvent créer ce résultat ? Je veux tout savoir. Mais je te laisserais pas de temps à toi. Alors soit rapide. »
Je devais admettre pour le coup que sa déclaration me surpris. Lui, m'adorer? Sérieusement? En voilà quelque chose d'étonnant! Et pour être tout à fait honnête, il remontait un peu dans mon estime.
- Je n'ai pas d'ordres à recevoir de ta part, répondis-je en serrant les dents, de la même bassesse que lui quand il finit par s'éloigner de quelques centimètres de moi. "Mais par principe, je vais quand même le faire."
Après tout, ça n'était pas comme si j'avais le choix.

Bon eh bien, j'avais du boulot à présent, et pas en tant que Professeur. J'avais tellement pas envie de le faire que j'en venais à me maudire d'avoir postulé ici. Mais bon, j'étais très mauvais devin, je ne voyais pas non plus l'avenir comme un de ses illuminés et je ne pouvais donc pas prévoir ce qui allait se passer. Je détestai tellement me fourguer dans une enquête, d'autant plus que j'avais le sentiment que ça n'allait pas se terminer d'aussitôt.

Il était encore tôt, mais le soir était presque tombé. A l'automne, la période que je déteste le plus au monde. Elle me rappelle tellement de souvenirs, tellement de peine et de pleurs. Je préfère le printemps et surtout l'été avec ce temps plus chaud. Mon Arizona me manque souvent dans ces moment-là, même si je n'y ai plus mis les pieds depuis mes dix-sept ans. C'est étrange de me retrouver à Poudlard, de l'autre côté de la barrière. Je ne m'étais jamais posé la question de savoir ce que ça devait être d'être professeur et j'angoissais un peu à l'idée d'avoir des élèves réticents. J'avais été comme eu, adolescente et fougueuse. Je sentais qu'ils ne m'épargneraient rien. Ce qui m'angoissait cependant le plus était cependant d'apprendre à connaître mes collègues. Je ne tiens pas spécialement à me lier d'amitié avec qui que se soit, mais je ne pourrais pas être constamment seule et ces rencontres me terrifient. Je n'ai pas eu de vraies relation depuis mon mari alors forcément face aux hommes je suis méfiante. Je ne leur fait pas confiance.

L'heure avait sonnée. J'ai pris une grande inspiration et suis entrée par la porte de derrière, dans le fond de la salle. Les élèves n'étaient pas encore là et je me suis installée à la place ou l'ancien professeur de botanique était installé. Je ne m'étais pas spécialement apprêtée pour l'occasion, ma tenue est assez basique, pantalon noire, chemise noire, cheveux attachés. J'étais assez sobre, mais je n'aime pas l'extravagance alors ça me convient et puis je n'étais pas là pour défiler, mais pour enseigner. Il était tant que les élèves arrivent. Je me sentais si mal à l'aise parmis tout ces professeurs qui ont l'air de si bien s'entendre. En voyant arriver les nouveaux élèves j'ai souris. Je me suis rappelé combien j'étais heureuse d'entrer ici, j'étais loin de l'orphelinat et loin de l'Amérique et jamais je ne m'étais dis que ça allait changer ma vie, mais ça avait changer plus que ma vie.

La répartition était enfin terminé et le banquet avait pu commencer. Tout aurait pu bien se finir. Mais un cri s'était fait entendre et l'entrée en trombe d'un autre professeur que je ne connaissais pas me fit tressaillir. Je me suis levé de la chaise la laissant tombée derrière-moi. Mes yeux ronds ne regardaient que le professeur, mort visiblement. Pourquoi fallait-il qu'un mort entache mon premier jour? Je vis les deux professeur assis à mes côtés se diriger vers le corps. Je n'avais pas envie de voir ça, mais si je pouvais faire quelques chose. Péniblement je rejoins la troupe qui s'était formée. Le grand brun à l'allure de pirate des mers me laissa perplexe, il semblait en grande conversassions avec un autre homme qui été plus banal. J'aurais bien aimé savoir ce qu'ils se disaient, mais je n'avais pas ce pouvoir là. Je préférais plutôt m'informer de ce qui se passait ici.

« Qui était-ce professeur ? Est-ce qu'il avait des ennemis … ou bien … je peux faire quelque chose pour aider?»

Je ne savais pas tellement quoi leur dire à tout ces professeurs. J'étais la nouvelle comme d'autres ici et je ne voulais pas passer pour l'insensible en les laissant se débrouiller tout seul et en rentrant chez moi.