I am not in danger, I am the danger

Kazahal sortait à peine d'une longue journée de travail au ministère de la magie, au sein du département des mystères, qu'il avait presque envie d'y retourner derechef. Seulement il était bien tard. Bien que ça ne le dérangeait pas vraiment -traîner tard le soir, dans le noir, était même amusant pour lui-, les lieux devaient être libérés et surtout, le grand brun devait vite retourner chez lui avant de pendre par la trachée l'un de ses collègues, qu'il supportait de moins en moins. Puis un fait l'obnubilait terriblement depuis quelques jours. Kazahal rôdait simplement du côté de Pré-au-Lard quand une personne l'avait accosté, lui demandant comment ça se passait à Poudlard. L'ancien Serpentard avait haussé les sourcils, car intéressé par les faits et gestes des personnes vivant au château, avide de quelques renseignements, seulement, cela faisait bien huit ans qu'il n'y avait pas mis les pieds. Pourtant individu soutenait plus que tout qu'en travaillant là-bas, Kazahal pouvait bien le renseigner, à cause de la proximité du village. Excédé et pris d'une grande envie de l'étrangler et de le laisser pourrir dans un coin du village, Kazahakl fut enfin pris d'un doute. Personne ne pouvait lui ressembler autant, personne. Sauf Alcide.

L'autre dut penser que le grand brun réfléchissait, ou quoiqu'il s'imaginait, c'était bien la première fois en plusieurs années que l'on put lire sur le visage du Langue-de-Plomb. De l'appréhension, de la joie mais aussi de la colère. Comment Alcide pouvait-il bosser à Poudlard alors qu'il avait presque autant en horreur  que lui les gamins. Et encore, c'était un euphémismes, même les adultes en prenaient leur grade. Ensemble vous étiez inséparables, à haïr tout le monde. Jusqu'à ce jour... Ce jour où Kaz avait choisi sa voie, où son frère n'avait pas suivi. La plus grande erreur de sa vie, pour une femme. A cause d'une femme. Kazahal s'était retrouvé en Irlande et n'avait pas eu de nouvelles de son jumeau depuis deux ans. Ce qui l'avait rendu beaucoup moins abordable que par le passé, plus froid, plus calculateur. Ce qui prête à sourire. Quoi qu'il en soit, le Serpentard avait envoyé bouler le paysan. Que faire ? Essayer de contacter Alcide ? Quitter une nouvelle fois le pays ? Non, cette dernière solution était complètement démesurée par rapport à la situation, quoique... Kazahal était certain qu'Alcide aurait bien envie de le tuer.

Oui, tout ça lui trottait dans la tête depuis tout ce temps. Aller le voir, se faire plus discret que d'habitude, autant de solutions qui parraissaient tantôt charmantes, tantôt catastrophiques et inutiles pour le mangemort. Pour se changer les idées, Kazahal décida  d'aller boire un verre du côté de l'allée des embrumes, au moins là-bas, personne ne viendrait le déranger, pas comme à la tête de sanglier où cette serveuse à la noix lui avait fait la leçon. Bien qu'il était mangemort, il ne traînait pas souvent dans l'allée, seulement les soirs où il avait besoin de réfléchir ou besoin de renseignements cruciaux, d'ennemis à éliminer ou d'alliés à écarter de ses affaires. Là en l’occurrence, il avait besoin de revoir ses plans. Ils passaient tous par Poudlard, or si Alcide était là-bas, cela changeait les choses, beaucoup de choses. Putain. Kazahal avait toujours une idée, toujours un plan pour pallier à toutes les situations, sauf que là, il se retrouvait sans rien. Mais il y avait bien un  jour ou les deux frères seraient bien obligés de se faire de nouveau face. Là, dans les entrailles sombres de cette allée, il ne se doutait pas que ce moment redoutait était plus proche qu'escompté... Non pas qu'il avait peur de son frère, au contraire. Il savait que son once d'humanité referait surface et avec cela, des regrets qu'il n'assumait pas. Il se retrouva, au détour d'un petit carrefour, face-à-face avec lui-même.

— Alcide...

I am not in danger, I am the danger
Kaz&Alcide

L’Angleterre. Tu t'étais dis que tu n'y reviendrais pas. Puis finalement t'y revoilà, comme quoi la vie est vraiment imprévisible, particulièrement la tienne.  Parfois, t'as même l'impression de ne pas la contrôler. Depuis toujours ta vie te donnait l'impression de te filer entre les doigts, il suffisait de voir comment elle avait commencé. C'est pour ça que t'as tendance à faire ce qui te plaît sans te soucier du reste. De toute façon, quoique tu fasse ta vie finira toujours par t'attirer où elle veut. T'en serais presque devenu fataliste.

En tout cas, peu importe comment, tu te retrouves de nouveau en Angleterre et le pire à Poudlard. T'as même réussi à trouver une place de psychologue dans l'école de sorcellerie. Si ce n'est pas ironique ça. Un sociopathe psychologue. Les enfants sont vraiment entre de bonnes mains avec toi. Enfin, le plus important c'est que la directrice de Poudlard le pense. T'as besoin de se travail, ça te permet de rester dans les parages. On t'avais fait comprendre qu'un mec qui te ressemblait vachement traîné au ministère et la seule personne qui te ressemble, c'est Aelig. Enfin, c'est plutôt toi qui lui ressemble, mais c'est une autre histoire. En tout cas, c'est clair que si Aelig est pas loin tu vas finir par le retrouver et lui expliquer ton point de vue. Tu n'as toujours pas digéré ce qu'il t'as fait, même après tout ce temps. T'as besoin de régler tes comptes.

En attendant, tu n'as pas l'intention de débarquer au ministère la bouche en cœur en leur demandant où se trouve ton frère. Les gens risquent de te prendre pour un malade et ce n'est pas vraiment ce que tu veux. Tu te dis que s'il est à Londres, tu finiras par le trouver à un moment ou un autre. Il te suffit d'être patient. Ça n'a jamais été ton fort, mais quelque chose te dis que tu vas t'améliorer là-dessus.

T'en as marre des gamins pour aujourd'hui, t'as besoin d'aller te changer les idées et même à Pré-au-Lard t'as l'impression de voir des gamins partout. C'est donc tout naturellement que tu atterris dans l'allée des embrumes. C'est l'endroit qui t'amuses le plus dans la capitale. Les gens sont bien trop gentillets sur le chemin de Traverse. Là, t'as besoin de pouvoir être toi-même l'espace d'une heure ou deux, pour décompresser. Enfin, ça c'était le plan de base. Tu t'apprêtais à rentrer dans une taverne quand quelqu'un te bouscula. T'étais prêt à lui rentrer dans le lard, à le scalper et à l'exposer en vitrine de l'un de ses magasins étranges qui peuplent cette rue quand il prononce ton prénom. Ton regard s'assombrit quand tu reconnais ton frère. À croire que c'était écrit.

« Aelig... » siffle-tu entre tes dents.

Plus ou moins tout tes muscles sont en éveil, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ton poing vient se fracasser contre ce visage semblable au tiens, un peu comme si tu t'en prenais à un miroir. T'avais besoin de te défouler après tout ce temps à te retenir et à refouler tout ses sentiments. Il l'a bien mérité de toute façon. Jamais il n'aurait du se barrer en te laissant derrière.

I am not in danger, I am the danger

Il fallait s'y attendre. A ce coup de poing sous lequel la mâchoire de Kazahal venait de craquer. Kazahal, enfin... Aelig. On ne l'avait pas appelé par son vrai prénom depuis fort longtemps. Depuis qu'il était rentré en Angleterre à vrai dire. Il avait changé d'identité pour que personne ne le retrouve, pas même les personnes qu'il avait laissées sur place. Et il n'y avait pas qu'Alcide, oh non. Pourquoi haïssait-il, non pas le genre féminin dans son ensemble, mais toutes les femmes qu'il croisait ? Profitait d'elles juste histoire de se défouler ? Parce qu'il restait une femme derrière tout ça. Parce qu'il n'avait pas pu choisir, entre son frère et elle. Il se haïssait, d'avoir fait un tel choix. Après tout, les femmes sont de passage dans la vie d'un homme, un frère se garde en général toute sa vie. Un frère comme Alcide, en tout cas. Seulement Kaz n'avait pas l'impression d'avoir tous les tords pour lui. Si son frère lui avait fait confiance et ne lui avait pas lancé un ultimatum, il n'aurait pas réagi aussi violemment, en quittant tout du jour au lendemain. Enfin il avait une formation derrière lui, il n'était pas sans rien et avait vite retrouvé du travail, au ministère en plus, au cœur des intrigues.

Le langue-de-plomb s'était imaginé cette scène de retrouvailles des dizaines de fois et il devait avouer que son imaginaire était presque calqué à la réalité présente. Jamais il ne s'était dit qu'Alcide viendrait le serrer dans ses bras, il n'était pas comme ça après tout. Il savait très bien qu'il ne prendrait plein les dents, et encore, il n'avait pas sorti sa baguette. Mais un duel de sorciers en pleine allée des embrumes attirerait l'attention et ferait beaucoup trop de dégâts. Tu ne voulais pas commencer à avoir la police magique aux fesses pour finir chez les Aurors. Après tout il était mangemort, mais pour ses propres raisons. Et Alcide les connaissait certainement. Kaz se massa la mâchoire, il avait oublié à quel point Al poussait cogner fort, ou plutôt n'avait-il pas conscience de sa propre force. Après un certain silence de mort, il se mit à ricaner, puis à éclater de rire, un rire nerveux et franc.

— T'as rien trouvé de plus original ? lui dit-il alors qu'il riait toujours.

Et ça lui fit beaucoup de bien de rire aux éclats comme ça, il en avait bien besoin depuis un moment. N'empêche qu'il se demandait encore ce qu'Alcide foutait là, dans le sens où entre tous les métiers du monde, il n'aurait jamais imaginé le voir à Poudlard, encore moins au poste de psychologue.

— Alors comme ça tu travailles à Poudlard ? Je sais bien que s'y trouvent nos meilleures années mais quand même. J'ai cru à une mauvaise blague sur le coup quand ce vieux paysan de Pré-au-Lard m'a accosté.

Ils se devaient justement de faire d'autant plus attention. Pour qu'aucun mangemort ne vienne voir Alcide en pensant que c'est Kazahal, pour qu'aucun gosse ne coure après Kaz en pensant que c'est leur psychologue. Kaz était devenu patient mais pas à ce point-là. Quoi qu'il en soit, il attrapa à son tour son frère par l'épaule pour coller à son tour une bonne droite. Bon sang ce que ça soulageait ! Et là au moins les comptes étaient relativement réglés. Et voilà qu'il avait bien besoin d'un whisky, histoire de retirer ce goût de rouille qu'il avait dans la bouche depuis quelques minutes. C'est tout naturellement qu'il lui dit :

— Tu viens boire un coup chez moi ?

Voilà qui était amusant, ce retournement de situations, ils avaient certainement beaucoup de choses à se dire de toute façon, et Kaz, du moins Aelig, avait toute la nuit devant lui pour discuter.

I am not in danger, I am the danger
Kaz&Alcide

Retrouver ton frère, là par hasard. Pourquoi maintenant ? Les choses ont vraiment tendance à partir dans tout les sens parfois et tu déteste ça, surtout que tu ne peux pas refouler cette vague de colère qui monte en toi quand tu le vois là, tranquillement. Non, mais comment ose-t-il ? Tu n'as toujours pas avalé ce qu'il t'as fait. T'abandonner toi pour une fille ? Une fille qui n'est même pas rester avec lui en plus de ça. Du vrai gâchis. Cependant, ça reste ton  frère et tu as beau le détester à cet instant même, tu sais très bien que ça ne durera pas longtemps, t'es bien content de l'avoir retrouvé. Ce n'est pas ce qui t'empêcher de lui envoyer ton poing dans la figure. Tu sais que tu vas finir par lui pardonner – c'est la seule personne à qui tu peux pardonner – mais il ne faut pas qu'il croit que ce soit aussi facile que ça. T'as besoin de te défouler un peu et franchement, si ça tenait qu'à toi tu ne te serais pas arrêté à un simple coup de poing. Un mince sourire se dessine sur ton visage tendu quand il te demande si tu n'as rien trouvé de plus original.

« J'avais pensé à te poignarder dans le dos, un peu comme toi, mais je me suis dis que ça risquait d'être redondant. Puis j'avais besoin d'entendre ta mâchoire craquer sous mes doigts. » dis-tu très calmement.

C'est ton truc à toi, de toujours rester calme, enfin ça l'était. Ce n'est plus vraiment le cas depuis qu'Aelig est partie. T'as tendance à devenir plus instable, tes pulsions revenant de plus belle, elles sont toujours un peu plus forte, un peu plus envahissante. Aelig arrivait à les faire taire, mais depuis qu'il t'as laissé tu es bien obligé de te débrouiller seul. C'est aussi pour ça que tu as fais ces études de psychomagie, pour apprendre à te contrôler du mieux que tu le pouvais, comprendre ce qui t'arrivais aussi. Puis tu as trouvé ce taff à Poudlard, jouer avec l'esprit de gamins, ça t'aide à te concentrer sur quelque chose, ça t'évites d'avoir envie de tuer des gens. C'est déjà ça.

Bien entendu, comme tu peux t'y attendre, il te parle de ton fameux métier. C'est vrai que c'est carrément ironique de te savoir à ce poste, mais justement c'est ce qui t'éclates. Savoir que tu n'as rien à faire là-bas et que pourtant tu y es. Malgré tes pulsions t'es toujours un bon manipulateur. Tu le regardes, tu souris légèrement, tu te demandes bien ce qu'il fait de ses journées celui-là, à part vouloir sauver la veuve et l'orphelin.

« J'avais besoin de m'occuper l'esprit. Les gamins c'est distrayant, même si franchement leur vie m'importe peut. C'est carrément malléable un ado, ils ne savent même pas se contrôler... ça m'empêche de cramer des trucs, puis ça paie bien, double bénef. Et toi, qu'est-ce que tu fais ? Tu sauves des bébés hippogriffes ? » l'ironie se sent clairement dans ta voix, mais tu ne fais rien pour la cacher.

Tu bouges à peine quand son poing vient rencontrer sa mâchoire. Au fil des années t'as appris à encaisser les coups. Faut pas croire, t'es peut-être psychologue, ce n'est pas pour autant que t'es resté calmement dans ton coin et des coups t'en as pris quelques uns, que ce soit des sorts ou des poings. Ton sourire s'élargit d'avantage. Tu te doutais qu'il n'en serait pas rester là et avec quelqu'un d'autre, tu te serais certainement énervé et tu aurais riposté. Sauf que là à quoi bon ? Une nouvelle fois t'as l'impression de te retrouver face à ton reflet et c'est bien connu qu'il est inutile de se battre contre son miroir. Tu te mets clairement à ricaner quand il t'invite à aller boire un verre chez lui.

« Sérieusement ? » dis-tu en arquant un sourcil « Tu disparais tout ce temps et tu ne me proposes qu'un verre ? T'as vraiment un problème avec les bonnes manières. »

Tu te mets à rire, vous avez toujours été de sales gosses de toute façon. C'est ce qui vous a rapproché. Et tu sais très bien que ce n'est pas ce qui va changer maintenant. Vous n'êtes qu'un, quoique vous puissiez dire, quoique vous puisez faire, peu importe où vous allez. Vous finissez toujours par vous retrouver, pour vous compléter à nouveau.

I am not in danger, I am the danger

Le plus drôle sur le moment avec Alcide, c’est qu’il donnait à Kaz l’impression que ce dernier possédait et était responsable à lui tout seul de tous les maux du monde. Il avait peut-être besoin d’une piqûre de rappel sur tout ce qu’il avait fait avec lui dans sa jeunesse, ou sur tout ce qu’il avait dit le jour où Kazahal était parti de son côté, le fait que s’intéresser un peu trop à quelqu’un faisait de lui un traître et qu’Alcide ne le considérait plus comme son frère en conséquence. L’irlandais serra les dents et sourit à la fois devant son fraternel qui se foutait royalement de lui. Mais il préféra ne rien dire, c’est lui qui avait décodé de vaguer à ses occupations du jour au lendemain, sans doute que de ce fait lui faire porter le chapeau était plus facile et plus évident. Il n’avait pas non plus choisi de tomber amoureux délibérément, et ça Alcide ne l’avait jamais compris puisque ça ne lui était jamais arrivé. Au final, Kazahal avait perdu celle qu’il aimait en plus de son frère, tout ça dans le même temps. S’il ne pouvait pas les faire s’entendre tous les deux, il avait jugé à l’époque qu’aucun des deux ne valait la peine de tant d’efforts. Néanmoins aujourd’hui, il avait un but précis, un projet à mener à bien. Il n’en avait parlé à personne, l’organisait en solitaire depuis deux ans.

Le langue-de-plomb aurait voulu en parler à son frère, mais il n’était pas sûr qu’Alcide comprenne ses motivations après tout ce qui s’était passé. Kaz avait beaucoup changé depuis deux ans et sa relation avec son frère aurait bien du mal à redécoller en conséquence. Néanmoins, il était bien content de le retrouver, il se sentait déjà un peu moins seul au monde. Kaz se demandait vraiment comment Alcide faisait pour supporter tous ces gosses à longueur de journée, déjà que lui était agacé en l’espace de quelques minutes, alors les écouter débiter leurs problèmes à longueur de journée lui donnerait sans doute davantage de pulsions meurtrières. Alors les bébés hypogriffes… L’irlandais lâcha un rire glacial.

— Comme si j’avais que ça à fouttre de ma vie, sérieux… dit-il entre ses dents serrées. J’ai un vrai boulot constructif, moi. Je suis devenu langue-de-plomb, comme je le voulais. dit-il avec fierté.

Ca avait été son premier plan, un vrai succès après l’obtention de son diplôme. Cela lui avait permis de s’installer correctement dans un appartement confortable et spatieux , et de réfléchir calmement à la suite tout en espionnant les agissements du ministère et des aurors.

— C’est toujours mieux que de s’occuper d’adolescents. Il y a encore quelques années, tu aurais eu un rictus à cette idée.

Ou pire encore. Les deux jumeaux semblaient s’être calmés tout le temps qu’ils avaient été séparés et être devenu plus mesurés, sans doute le besoin de trouver un travail décent pour ne pas finir sous les ponts. Il fallait bien prendre ses responsabilités un jour ou l’autre. Dans tous les cas, Kaz était parti pour l’inviter, même s’il râlait sur le fait que son frère en fasse autant pour ses manières.

— On est pareils dans ce cas, et puis si je manquais de manières, je t’aurai laissé repartir dans ton coin avec un coup dans la gueule, sans demander mon reste. Or, on a beaucoup de temps à rattraper tous les deux, tu ne penses pas ? dit-il en lui faisant signe de le suivre.

Il habitait un peu plus loin près du chemin de Traverse et n’avait pas envie de transplaner. Tout le temps qu’ils perdaient à marcher, ils le gagnaient à converser un peu. De tout et de rien, de toute façon, Aelig -Kaz donc- avait tout son temps. Remonter l’allée leur ferait le plus grand bien. Les mains dans les poches, le langue-de-plomb battait le pavé d’une démarche assurée.

— Tu dois te douter de ce à quoi j’occupe mes soirées j’imagine, tu t’en es toujours douté en fait. Puis faut que tu saches. Je ne suis pas en danger avec eux. Je suis le danger.

Il dit cela calmement, tournant la tête vers son frère, dont il connaissait déjà la réaction avant même de la vivre. Il n’étaient pas frères pour rien après tout.

— Je vais tous les détruire, les écraser de l’intérieur, leur faire vivre la peur, cette même peur et cet enfer qu’ils sont si satisfaits d’infliger aux autres. Que ça me prenne des mois ou même des années, j’aurai ce que je veux. Jusqu’au fond d’Azkaban ou au fond de leur maison, je les exterminerai un par un et j’enverrai un message aux suivants pour que la terreur leur prenne aux tripes.