INTRODUCTION / Le regard jade de la jeune enfant restait curieusement fixé sur le cerisier bourgeonnant au milieu du jardin. Chaque bruissement était consciencieusement analysé par ses yeux inquisiteurs et le temps ne semblait avoir aucun impact sur elle. On aurait pu croire qu'elle était nostalgique ou même triste mais c'était à des lieues de ce qu'elle ressentait vraiment. La mort récente de sa mère ne l'affectait aucunement tout comme la présence de cet inconnu qui l'avait emmenée loin de sa maison, clamant être son père. Daevene l'avait toujours su au plus profond d'elle même : elle était différente malgré tous les efforts de sa génitrice pour effacer cette partie de sa personne. En à peine quelques mois et avec l'éducation sévère et quelque peu dictatrice qu'elle avait reçu, ce décès n'était plus qu'une chose futile, sans importance dans son esprit. Non, sa maman ne lui manquait pas et qu'elle commençait même à la détester pour ce qu'elle avait été et tout ce qu'elle lui avait transmis.

PARTIE 01 / La gifle magistrale qu'elle venait de recevoir lui fit tourner la tête, créant un bourdonnement assourdissant dans son crâne. Avec une fierté non contenue malgré ce qu'il venait tout juste de ce passer, Daevene reprit cette posture aristocratique qui lui était propre. « Concentre toi ! » cingla la voix sèche de celui qui s'était rapidement imposé comme son paternel. L'adolescente de treize ans se mordit la langue pour ne pas répliquer tandis qu'un goût cuivré envahissait sa bouche, indiquant sans erreur possible qu'elle venait intentionnellement de se blesser. Réprimant un rictus, la jeune blonde reprit l'exercice de défense que l'homme face à elle tentait de lui apprendre. « C'est mieux. Mais pas encore ça. » lâcha-t-il d'un ton désintéressé en esquivant le coup porté par la Vaughn puis en la faisant tomber violemment par terre avant de s'éloigner, indiquant que la leçon était terminée. Une grimace déforma les traits fins de la demoiselle et elle réprima une toux, désireuse de montrer qu'elle était capable d'encaisser ce qu'il demandait. « Tu sais pourquoi je te fais faire cela, n'est-ce pas ? » trancha la voix adoucie de l'adulte tandis que ses yeux se rivaient sur le corps de sa fille entrain de se relever d'un geste souple. Elle acquiesça : « Oui, père. » répondit-elle simplement tandis que son regard déviait vers la marque des ténèbres profondément ancrée dans l'avant-bras de son géniteur. Oui, elle savait et l'idée la laissait étrangement indifférente.

PARTIE 02 / Le regard posé sur les nouveaux élèves, Daevene s'amusait intérieurement de leurs réactions face au Choipeaux Magique sans pour autant rien en laisser paraitre. Ce n'était cependant pas un amusement dont aurait fait preuve l'un de ces stupides Gryffondor, non. C'est plutôt une façon moqueuse. Au fur et à mesure que les élèves défilaient, l'adolescente se plaisait à essayer de deviner leur future maison et ne s'était jusque là presque jamais trompée. Au fil des années, son sens de l'observation s'était aiguisé et il lui était devenu assez aisé de deviner certaines choses rien qu'en détaillant le comportement des personnes autour d'elle. Ce n'était cependant pas un art infaillible mais elle savait s'en accommoder. Un rire manqua de lui échapper lorsque ce qui allait surement s'avérer être une Poufsouffle sursauta, manquant de faire tomber le chapeau rapiécé de sa tête quand celui-ci se mit à parler. Elle ne comprenait décidément pas ces gamins effrayés par un truc aussi stupide que ce Choipeaux. Elle-même se souvenait encore très bien avoir avancé fièrement vers le tabouret, droite comme un piquet sans jamais avoir ressenti une once de peur ou d'appréhension. La cérémonie se prolongea par le discours ennuyeux du directeur et, alors qu'il annonçait le début du repas, Daevene profita simplement du brouhaha pour s'éclipser. Elle n'avait jamais aimé la rentrée.

PARTIE 03 / Les vacances étaient arrivées plus vite que la jeune fille ne l'aurait cru et elle s'ennuyait ferme. Elle aurait pu rentrer chez elle, se reposer dans son lit et quitter Poudlard mais elle ne rentrait dans la demeure familiale que quelques jours à Noël, ce depuis ces onze ans et elle n'avait jamais aimé rompre avec les habitudes. Le soleil était au rendez-vous, ainsi qu'une légère brise : un temps parfait pour s'entrainer en toute impunité au Quidditch. Le sport ne l'avait jamais réellement attirée mais elle aimait voir qu'elle pouvait exceller dans tout ce qu'elle entreprenait et, il fallait qu'elle l'avoue, son poste de gardienne commençait à sérieusement lui plaire. C'était assez gratifiant en somme. Comme elle s'en doutait, le terrain était désert et elle pu, en toute impunité, lancer un sort réussi au souafle avant d'enfourcher son balais vers ses buts. Elle utilisait souvent ce sortilège, extrêmement simple, qui permettait à la balle rouge de se diriger d'elle-même et de différentes façons vers les grands anneaux qu'elle gardait de façon quasi impénétrable. Daevene s'amusait librement, perdant pendant un instant son masque froid de Serpentarde accomplie. Elle doutait de la légalité de son acte mais, depuis le temps, cela ne lui importait plus le moins du monde.

PARTIE 04 / « Oh, allez, aide moi. Je sais que t'en meurs d'envie. » La verte et argent s'arrêta brutalement et se retourna pour faire face au Gryffondor qui la poursuivait et qui manqua de lui foncer dedans. Haussant les sourcils, elle adopta une moue sarcastique dont elle seule avait le secret. « Je te demande pardon ? » jeta-t-elle en lui lançant un regard noir qui aurait fait fuir n'importe qui. « Oui, oui, je t'excuse mais alors, tu m'aides ? » lui répondit l'importun avec un sourire amusé collé sur les lèvres. Son interlocutrice eu une moue qui n'échappa pas au jeune homme mais se reprit bien vite en ricanant. « Dans tes rêves. » La demoiselle s'insulta mentalement pour ce manque de répartie mais ne perdit pas contenance et tourna les talons dans l'espoir d'échapper à ce stupide lion qui n'avait de cesse de l'ennuyer. Celui-ci ne sembla pas déstabilisé, il était habitué au caractère plus ou moins mauvais de la Vaughn. « Cesse de me suivre, les gens vont s'imaginer des choses. C'est la dernière chose que je désire. » siffla-t-elle d'un ton sec qui n'avait absolument rien d'amical. L'autre élève soupira et elle poursuivit, espérant ainsi mettre un terme à la conversation. « Va donc demander à un joueur de ta maison. Je suis certaine que l'un d'eux se fera un plaisir de t'entrainer au Quidditch. » Sa voix n'avait toujours rien de sympathique mais le Gryffondor n'en fut pas décontenancé pour autant. « Tu es bien meilleure qu'eux. » Menteur, songea-t-elle. « Je te laisse quelques jours pour y réfléchir tranquillement. Après ça, je recommencerais à te poursuivre partout. » déclara-t-il d'un ton euphorique avant de s'éloigner et de disparaitre au détour d'un couloir. « Stupide Gryffondor. » cracha la jolie blonde avant de pénétrer dans sa salle commune.