Aujourd'hui, la journée avait été plutôt calme. Une de ces journées que j'adore, ou j'ai le temps de tenter de nouvelles choses et de voir jusqu'où la magie peut mener les balais. J'ai même eu le temps de m'envoler quelques temps avec eux. J'adore ça, ne plus sentir le sol sous mes pieds. N'avoir aucune contrainte, aller où je veux simplement parce que j'en ai envie. Alors j'étais sur mon balais, regrettant le temps de mes études où d'autres personnes volaient autour de moi. J'étais poursuiveuse et je ne m'étais jamais sentie aussi à l'aise.
J'n'étais pas malheureuse dans mon métier. Juste un peu frustrée peut-être, mais il me semblait avoir trouvé une alternative acceptable à ma situation. Je n'avais pas à me plaindre dans la mesure où ce métier me payait bien, que j'avais réussi à me faire une place solide dans le métier. Alors j'arrivais à me passer de l'adrénaline du Quidditch et de cette vie dont j'avais toujours rêvée. Même si ce n'était pas toujours facile.
A contre coeur, j'entraînais mon balais à se poser doucement sur le sol, devant le soleil déclinant et posais de nouveau les pieds à terre. C'était une sensation étrange que de retrouver la gravité après l'avoir fuis pendant une demi heure. Je posais mon balais près de mes affaires au fond de la boutique et allais m'étaler sur un banc devant le magasin, sortant une cigarette pour parfaire ce moment.
Je tirais une latte ou deux avant de trouver le courage de regarder l'heure: 17h20. Murtagh n'allait pas tarder. Je jetais un coup d'oeil au sac rempli de balais qui attendait déjà son propriétaire derrière le comptoir et fermais les yeux, appréciant la sécheresse de la fumé dans ma gorge.
Cela faisait un moment que je n'avais pas vu mon ami. La commande s'était faite par hibou et il était censé venir la récupérer lui-même. Je n'aurais pas pu souhaiter mieux. Je le voyais de plus en plus rarement depuis que sa carrière de sportif s'était brutalement stoppée suite à une blessure et j'avais du mal à l'imaginer aller mal, pourtant, je savais que c'était le cas. Je n'avais jamais approché mon rêve. Lui si, et il lui avait été subitement arraché. Comment aurait-il pu être au top de son moral?
Je finissais à peine ma cigarette quand je le vis apparaître à l'angle de ma boutique. Je jetais mon mégot et courrais le serrer dans mes bras, heureuse de le retrouver après si longtemps. J'avais tellement de chose à lui dire que, en le raccompagnant à l'intérieur, je l'assaillais de questions qui n'avaient aucun rapport les unes avec les autres sans même lui laisser le temps de répondre à aucune d'entre elles.
Je lui jetais un regard rieur avant de me taire et tentais de deviner face à son expression si il avait reprit un peu le moral. Je lui tendais le sac remplis de quelques balais pour lui faire oublier l'insistance avec laquelle je l'avais dévisagé et laissais un silence s'installer entre nous alors que, la seconde d'avant, j'avais à moi seule, parlé pour au moins 15 personnes.
Alors, ça te plais Poudlard? Enfin, j'veux dire, c'est comment?
Je ne pouvais ignorer cette boule dans ma gorge tandis que je lui posais cette question. Mon rêve était mort depuis longtemps et pourtant je n'arrivais pas à faire de croix définitive dessus. Comment aurait-il pu en faire une, lui? Je savais que je marchais sur des oeufs en abordant un sujet aussi vif et douloureux mais j'avais besoin de savoir autant qu'il avait besoin d'en parler, je crois.
J'avais passé des heures et des heures à me maudire, à maudire la vie qui m'avait donné un rêve sans me donner les capacités de l'atteindre et pourtant, ça n'était jamais allée mieux avant que j'ose laisser s'échapper les mots qui me blessaient. Je ne voulais pas laisser mon ami comme ça. Je voulais partager l’expérience commune que nous avions et l'aider à retrouver un semblant de normalité, même si j'étais loin de ressembler à une personne normale, moi et mes cheveux colorés, moi et mes traits tirés par les drogues, moi et mon esprit hanté par la mort de ma jumelle.
Mais il ne me semblait pas que ce soit des motifs suffisant pour ne pas tendre la main vers cette personne qui avait besoin de moi. Alors, je me laissais tomber sur un des nombreux canapés qui meublaient ma boutique, attendant qu'il me rejoigne, prête à l'écouter.