Des voix s’élevaient de la cuisine. Celle d’un homme dominait les deux autres d’au moins quatre octaves. Il criait de rage et de frustration. Cet homme, c’était mon père, Michael Grimm, aucunement célèbre ni même réellement important. Il est un simple employé au département de la justice magique au sein du ministère de la magie. Bien que son travail soit très important, le ministère n’aurait aucun mal à le remplacer pour quelqu’un d’autre advenant le cas qu’il lui arriverait malheur. Un sorcier ordinaire parmi des gens ordinaires, mais dont l’histoire est assez extraordinaire. La seconde vois était bien plus douce, bien plus calme malgré l’urgence qu’il en ressortait. Cette voix, je l’entendais depuis bien avant ma naissance. C’est celle qui résonnait au fond de mon être, celle de la femme qui me porta durant les quarante semaines précédant ma venue dans ce monde. Ma mère était une femme douce et généreuse. Elle donnait beaucoup de son temps à aider tous ceux qui en avait besoin. Malgré ses origines sorcières, la famille de ma mère n’avait jamais renié leurs croyances religieuses, une tendance très rare chez les sorciers actuels. Mais la religion de ma mère n’était pas celle des moldus, mais de très anciennes croyances sorcières originaires des gaéliques qui perduraient chez certaines familles irlandaises. La vie n’avait pas été généreuse envers mes parents qui désiraient tant avoir des enfants. J’étais leur seul descendant, pour leur plus grand bonheur, mais également leur plus grand malheur. La troisième voix était tout aussi masculine que celle de père, mais avec un certainement rauquement plus prononcé. Je savais, pour l’avoir vu, qu’elle appartenait à mon grand-père, mais je n’aurais put la reconnaître autrement. La relation entre mon père et celui de ma mère était très tendue, voir même complètement inexistante. Je n’avais croisé grand-père que de très rare fois, pourtant lorsque maman en parlait, elle disait que c’était l’homme le plus doux de la terre. Laissez moi en douter vu la tournure que prend la situation derrière cette porte que je peine à espionner par le trou de la serrure.

« - Personne ne vous a invité alors fichez le camp d'ici ! », répétait père sur un ton froid. « - Je n'ai guère l'intention de quitter ses lieux sans savoir ma fille et mon petit fils en sécurité! », répliqua l'homme qui s'avérait être mon grand-père d'un ton neutre qui, toutefois, fit monter l'inquiétude en moi. « - Ton petite fils! N'essai pas de m'avoir avec tes inquiétudes par rapport à mon fils. En quatre ans, tu n'as jamais daigné lui accorder la moindre attention. Il ne connait même pas son grand-père et ce n'est pas faute d'avoir essayé de vous le présenter ! » Abasourdi, je me laissai choir contre la porte. Je n'arrivais pas à en croire mes oreilles. Pourquoi donc grand-père ne voulait pas me connaître. Étais-je si vilain que je ne valais même pas la peine d'être son petit fils? Je n'étais pas digne d’intérêt. Impossible! Maman disait toujours que j'étais l'enfant parfait, qu'elle ne pourrait rêver mieux. Mais elle disait aussi que grand-père était quelqu'un d'adorable, alors qu'en se moment, il me semblait tout sauf gentil...

Reportant mon attention sur la conversation qui se déroulait dans la cuisine, je collai mon oreille contre le battant de la porte. « - Essayer est un mot bien faible pour ta misérable tentative d'invitation teinté de dégoût. Autant dire que tu as embrassé un crapaud et la similarité serait exacte ! » « - Père ! », hoqueta soudainement mère. « - Comment pouvez-vous dire une chose pareille! » Un silence tomba quelques minutes sur le groupe avant que quelqu'un n'ose ouvrir de nouveau la bouche. « - Évidemment qu'il exècre cet enfant, il n'est même pas de son sang ! Ce n,est pas pour rien qu'il préfère les enfants de votre soeur, sa vraie fille, son unique descendance... » « - Michael ! », s'étrangla mère. « - Décidément, vous n'avez aucune retenu vous, les sorciers de base gamme. Pas étonnant que votre famille est perdu tout son prestige avec une langue souillée comme l'est la vôtre... » Une bruissement se fit entendre entre les sanglots étouffés qui devaient provenir de mère. « - Je n'ai plus rien a faire ici et tu devrais faire de même ma fille. » Puis un crac sonore se fit entendre avant de laisser place à un silence teinté par les sanglots de mère. Après un moment, j'entendis père faire les cents pas sur le plancher grinçant alors que mère pleurait toujours. « - Ne t'inquiète par Myrcella, je vais arranger toute cette histoire ! » « - Arranger tout ça ? », s'écria ma mère d'un voix tremblante. « - C'est toi qui a tout fichu en l'air ! Je vais le régler moi ton problème... » D'une voix suppliante, père prononça une dernière fois le nom de ma mère avant qu'un nouveau crac sonore ne se fasse entendre. Puis plus rien. Je ne sais pas, mais à ce moment, je sus que ma vit tout entière allait changer.

Il s'avéra que je n'avais pas tord puisque je ne revis jamais ma mère. Mon père la chercha pendant plus de deux ans avant de laisser tomber comprenant enfin qu'elle ne reviendrait jamais. Ce n'est qu'à se moment que ma vie toute entière se mis à dérailler. Père lâcha son emploi au ministère et ne devint plus que l'ombre de lui même. Il passait ses journées à la maison à boire et broyer du noir. C'est à peine s'il s'occupait de moi âgé de sept ans à l'époque. J'appris bien vite à devenir invisible ne désirant guère m'attirer les foudres de cet homme devenu violent et haineux. J'avais fait l'expérience de sa violence une ou deux fois et l'expérience m'avait rebuté. Je savais que si ce n'était pas pour l'argent que le gouvernement moldu lui donnait pour me garder, il se serait cruellement débarrassé de moi. Bien que j'ai peur de devoir vous dire que la vie avec Michael Grimm était bien plus horrible que d'être abandonné dans un orphelinat...

« - Dissendo », murmurais-je à voix base pour que la statue de cette vielle folle de sorcière borgne se déplace, et ainsi me laisser un trou dans lequel je pourrais me faufiler pour me subtiliser au regard de mes poursuivants. Alors que je me glissais dans l'ouverture sombre, j'entendis distinctement leur pas et leur voix au bout du couloir. De l'angle où ils étaient, il n'y avait pas de risque qu'ils voient la statu déplacée, mais je devais faire vite parce qu'il ne leur faudrait que quelques pas dans le couloir pour apercevoir ma cachette. Dès l'instant où je sentis mes pieds toucher le sol de terre brute au haut de la pente, je m'accroupis pour laisser à la magie le temps de jouer son oeuvre, me cachant ainsi de la vue du concierge et de son acolyte du moment.

Au fil des années, j'étais devenu un vrai maître du camouflage. J'avais appris à me faire invisible dans l'espoir de fuir un père violent, mais une fois à Poudlard, ce sentiment d'invisibilité, de solitude avait rapidement pris le dessus au désir de me faire des amis. Dès que les gens posaient leur regard sur moi, j'avais l'impression qu'ils savaient tout de mon horrible paternel, de ma mère qui m'avait quitté une nuit pour un homme qui n'était même pas de son sang. Moi son fils, elle m'avait laissé entre les mains d'un homme qui ne m'aimait pas. Qui m'en voulait et me croyait la cause du départ de la femme pour qui son coeur battait. Et puis il y a avait tout ses regards de jeunes sorciers venant de belles familles aimantes et entière alors que la mienne était un vrai cauchemar. Elle n'était plus que les reliques d'une vieille et prestigieuse famille. J'en étais le dernier descendant, et je dois vous avouer que je faisais un piètre survivant...

Je descendis lentement la pente qui menait à un sombre couloir. Ne désirant guère me faire prendre pour de bon dans les couloirs après le couvre-feu, je me dirigeai donc vers Pré-Au-Lard à la dérobée de tous. Il n'y avait rien de mieux que les passages secrets pour sortir du château sans être aperçut. Comment je les connaissais, simple coïncidence. Certains m'avaient été suggéré par des étudiants plus âgés m'ayant aidé à me cacher du concierge à certaines reprises, d'autres étaient le simple résultat de nombreuses parties de cache-cache avec le dit concierge ou un tout autre employé du châeau m'ayant prit en chasse parce que je n'allais pas en cours, que je me promenais dans les endroits interdits ou, comme cette fois, je j’errais dans les couloirs après le couvre feu. Je les connaissais tous comme si j'en étais le concepteur. Une chose que j'aimerais bien avoir le mérite de faire...

Comme de raison, je débouchai dans la cave de chez Honeyduke. Alors que je poussais la trappe, une voix masculine m’accueillit « - Bien le bonjour jeune ami ! On joue encore les rebelles à ce que je vois. » Il s'écoula un moment avant que je ne lui réponde, le temps de m'extirper de la trappe. Alors que époussetais mon blouse plein de poussière, je lui répondis distraitement : « - C'est ce qu'il y a de plus palpitant dans la vie d'un étudiant, alors pourquoi s'en priver? » « - Parce que tu risques de te faire prendre un de ces jours, et ça ne risque pas de bien se terminer ! » , répondit-il du tact au tact. Autant pour moi, je n'avais rien à craindre de plus de la direction puisque cette soi-disant altercation avait déjà eu lieu... « -Qu'est-ce qui te dit que je ne me suis pas déjà fait prendre mon cher ami? » L'homme me fixa un instant, les sourcils froncés par le doute. Il était évident que ma réponse le tourmentait, une chose qui me satisfaisait en quelque sorte. J'aimais bien semer le trouble dans l'esprit des gens. Je souris malicieusement à l'homme tout en lui faisant un clin d'oeil. « - Tu es sérieux alors.. Mais comment? » « - Il suffit de savoir s'y prendre, jouer avec les mots. Je leur ai dit qu'on pourrait passer un accord. C'est alors que la Darlington a dit que je n'avais qu'à leur prouver que ma présence à Poudlard n'était pas une mauvaise blague. Sur quoi, le directeur des poufsouffles a dit que je devais avoir un minimum d'acceptable dans toutes les matières à mon horaire sans quoi je ne reviendrais pas l'an prochain... » « Mais c'est insensé, comment peux-tu réussir sans aller en cours ! T'as besoin d'attacher ta tuque petit, tu dois avoir un travail monstre à rattraper... » « - Ne t'en fait pas pour moi, je sais gérer... J'ai d'autre projet bien plus intéressant à mener... » « - Des projets plus intéressants il y en aura toujours ! » « - Sauf que celui-ci me mènera loi ! » « - Et voilà que la folie de tes ancêtres te prend d’assaut! », lâcha-t-il dans un soupir d'indignation. Satisfait, je l'invitai à aller prendre un verre. Certes , on devrait aller à la tête de sanglier et je devrai me cacher sous une cape, mais ce n'était que l'habitude après tout. Exactement comme quitter le château alors que c'était interdit où m'adonner à des pratiques magiques proscrites.

La dernière fois où j'ai assisté aux cours de manière continue, c'était lors de ma troisième année à Poudlard. Ce fut le moment décisif de ma vie lorsqu'en fin d'année, notre enseignant de métamorphose aborda le sujet de la transformation physique comme les métamorphomages et les animagus. Selon ses dires, le don de métamorphomage était une capacité héréditaire et qu'il était impossible de le devenir. Toutefois, les métamorphomages ne pouvait que prendre une forme humaine, contrairement aux animagus. Pour leur part, ces derniers avaient acquéri leur don par un travail acharné. L'animagie était donc une capacité à prendre la forme d'un animal précis à volonté tout en concervant sa conscience humaine contrairement aux loups-garous qui, pour leur part, perdaient tout contrôle lors de transformation. Néanmoins, l'animagi était une pratique difficile et très réglementé par le ministère de la magie. Il était rare d'être en mesure de développer et contrôler ce don.

Suite à ce cours, naquit en moi cet indescriptible désir de maîtriser une telle forme de magie. De la développer et ainsi, être en mesure de faire de grandes choses, contrairement à mon père qui n'était plus qu'une loque. Je voulais prouver ma valeur aux yeux de tous et, ainsi, j'espérais redorer le nom des Grimm. Cette quête de l'animagus naquit en moi le jour de mes quinze ans et depuis, elle fait partie intégrante de ma vie. Certains me traiteront de lâche, mais sachez une chose, je suis quelqu'un de déterminé et travaillant. Lorsque j'ai un but, je ne me laisse pas distraire à l'atteinte de ce dernier...

Avant d'avoir vécu quelque chose d'incroyable, on se dit que ce ne sont que des histoires pour faire rêver les enfants. Avant d'arriver à ses rêves, on se dit que les rêves ne sont qu'un moyen de rendre la vie moins difficile qu'elle ne l'est réellement. Avant de connaître l'amour, on se dit que ce ne sont que des contes de fées pour faire rêver les fillettes. En ce qui me concerne, tous les jours se suivent sans que rien ne vienne les bouleverser, les rendre magiques et digne d'un conte pour enfant. Je me souviens, lorsque j'étais enfant, maman me disait, chaque soir avant de dormir un vieux dicton : « Cueilliez dès maintenant les roses de la vie car jamais le temps ne suspend son vol et cette fleur qui s'épanouit aujourd'hui, demain déjà sera flétrie. » Suite à quoi elle m'embrassait sur le front avant de me laisser sombrer dans les bras de Morphée pour une nuit rempli de rêves plus formidables les uns que les autres. Pourquoi la vie ne peut-elle pas être comme tous ces rêves? Pourquoi ne peut-elle pas avoir cette magie que l'on retrouve dans le coeur des enfants. Parce que cette magie est si pure, si réelle, si enivrante. Rien à voir avec celle qu'on nous enseigne à Poudlard, une magie corrompue pas les vices humains...

Dans la difficile réalité de la vie, nos rêves sont parfois inaccessibles. Je fais tout mon possible pour arriver à mon but, mais il y a tant d'encombres qu'il m'arrive de me perdre en chemin. Je finis même par croire que je n'y arriverai jamais, et pourtant, il y a cette petite flamme d'espoir qui me tient éveillé. Qui me pousse à croire qu'au fond, l'animagie n'est pas aussi inaccessible. Malgré les embuches, les difficultés et mes problèmes de transformation, je continue d'espérer. Je ne vais pas en cours, mais je ne cesse de travailler sur cette magie qui me dépasse encore beaucoup. J'ai déjà réussi une métamorphose complète, mais les problèmes surviennent lorsque je dois reprendre forme humaine. Il m'arrive d'être incapable de restaurer mon apparence initiale. Certains organes persistent à demeurer ceux d'un loup. Dès lors, la souffrance m'envahit puisque je ne peux me confier à qui que ce soit. Je ne peux avoir le soutient et l'aide de quelqu'un puisque toute ma vie, je me suis arrangé pour être seul. Aujourd'hui, il arrive que cette solitude me lasse. Peut-être qu'au fond, le loup en moi n'est que le reflet de ma vraie nature. Qui sait... Il m'arrive de me demander si cette solitude ne serait pas la cause de mes embûches. Peut-être que si j'étais plus paisible avec moi-même, mes essais seraient plus fructueux. Une chose est certaine, les événements des derniers jours ne sont pas pour me rendre la recherche de ma paix intérieure plus facile. Au contraire, ils accaparent l'attention de mon esprit en entier. Laissez moi vous expliquer...

D'un pas rapide, je me rendais dans les cuisines du châteaux. Toutes ces tentatives de métamorphoses de la journée m'avaient complètement vidées de mon énergie. L'heure du repas, le seul moment de la journée où je me mélangeais aux autres étudiants, était passé depuis longtemps. Si ce n'était pas de se besoin vital de s'alimenter, je ne me rendrais jamais dans la grande salle. Les elfes de maison m'ayant interdit l'accès aux cuisines en journée, je n'avais d'autre choix que de me mêler au gens. Je ne m'y sentais pourtant pas à ma place parmi eux. Ils étaient tellement jovials, soudés, amicals et moi, je me sentais comme un intrus. Au fond, c'était pas si loin de la réalité puisque je ne les côtoyais presque plus depuis deux ans. Quoiqu'il en soit, aujourd'hui, j,avais raté l'heure du diner parce que j'étais dans la forêt à m'acharner sur mes transformations comme tous les après-midi. Sauf que cette fois, j'avais passé un bon moment à peaufiner les détails de mon pelage, ce qui m'avait fait perdre la notion du temps. C'était donc éreinté, affamé, mais incroyablement satisfait que je me rendais vers les cuisines lorsque je la croisai. Sur le coup, je ne fis pas attention à elle, mais lorsque nos bras se frôlèrent, je sentis une décharge électrique traverser mon corps. Mon coeur battait la chamade, alors que je cessai de respirer sous l'impact du choc. Je perdis légèrement l'équilibre, m'immobilisant dans le couloir. Alors que je posais mon regard sur elle, je sentis le siens me transpercer. Son visage trahissait sa surprise, son inquiétude. C'était comme si je me regardais dans un miroir émotionnel. Elle s'était également arrêtée de marcher pour me fixer un instant. Ses yeux bruns-verts pétillaient de sorte que je me sentis hypnotisé par son regard. Il me parut une éternité avant qu'une voix ne vienne mettre fin à cette magie si intrigante. « - Hazel? Qu'est-ce que tu fabriques? », demanda une jeune fille à l'autre bout du corridor. Tout en continuant à me fixer, la jeune fille, certainement Hazel, répondit à sa copine d'une voix loin : « - Euh.. Oui j'arrive ! » Puis elle me jeta un dernier regard avant de se détourner et de disparaître au bout du couloir avec ses copines.

Toujours sous le choc, je me laissai choir contre le mur de pierre du couloir, fixant l'endroit où la sorcière venait de disparaître. J'étais encore enivré par cette étrange énergie qui avait filtré mon corps au moment où nos corps se touchaient. Je ne comprenais réellement pas de quoi il pouvait s'agir. pourquoi se simple contact m'avait-il fait tant d'effets? D'où venait cette énergie? Était-ce de la magie. Si tel était le cas, de quelle forme s'agissait-il? Et qui donc était cette Hazel? Tant de questions sans réponse. Cet événement suffit à me couper tout appétit. Si bien que je laissai tomber les cuisines, préférant aller me coucher. Bien que la faim ne tenaillait plus mon estomac, je croulais encore de sommeil. Chassant cette fille de mon esprit, je me remis à penser à tout le travail que j'avais à faire le lendemain. L'avant-midi entier serait consacré à mes études, après quoi, je travaillerai sur mon projet...