- Bien sûr Maman, je passe tout à l'heure.

Ma fille n'est pas dupe, elle sait très bien que l'excuse de lui demander si elle peut garder Cassie et Ollie quelques heures n'est qu'un prétexte pour la voir, en ce dimanche. On sait toutes les deux qu'elle rentre en poste demain, et je mentirais si je disais que je ne stressais pas pour elle. Ca reste ma fille, j'ai confiance en elle, mais c'est plus fort que moi. Et puis ça arrange bien les jumeaux de pouvoir voir leur grande soeur à leur tour.

Elle est venue déjeuner avec nous, et on a discuté de ses projets, des miens - assez inexistants - de son père avec qui j'ai renoué contact pendant la grossesse. Je me souviens du jour où je lui ai annoncé, où j'ai dû lui expliquer au moins dans les grandes lignes qui était le père de ces enfants - qui ont finalement été deux - de son regard et ses larmes retenues lorsqu'elle a appris son décès. Je me souviens comme elle a été présente, pour soutenir sa mère. Quelques mois auparavant, je la voyais encore comme une enfant. A présent, c'est une magnifique jeune femme qui me fait face, et une amie tout autant que ma fille.

Qui râle toujours comme je fume trop à son goût, si bien que je ne le fais que lorsque je suis au bureau, dans la rue, ou dehors, loin de mes deux têtes blondes. Et quand elle insiste pour que j'aille "faire un tour, prendre du temps pour moi, n'importe quoi", je finis par céder, et lui laisser la garde de mes trésors - ravis de passer quelques heures seuls avec leur aînée - la première chose que je fais, c'est allumer une cigarette.

J'ai quitté le Londres sorcier pour aller me perdre dans les rues du Londres moldu. Je sais bien que Lily espère me voir rencontrer à nouveau quelqu'un, mais je ne me vois tellement plus recommencer tout ça. Accorder ma confiance et mon coeur, encore, et voir le mondre espoir à nouveau se briser ? Non... Je ne veux pas revivre ça. Pourtant, alors que j'arpente l'air absent les rues de la capitale anglaise, en exhalant la fumée bleutée de ma cigarette, je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est cette sale manie qui m'a permis de rencontrer Oliver...