"Réveilles toi Dex... réveilles toi mon chéri". Le mince filet gris se transforma peu à peu en nuage, qui s'envola pendant plusieurs secondes avant de disparaître complètement. Les sons de la télévision ne se laissent plus percevoir, et un voix, le bruit d'une voiture qui dérape, d'une arme qui fait feu, des douilles qui s'écrasent contre le sol, d'une sirène de flic, ne ne sont plus qu'un simple fond sonore, comme lorsqu'on laisse allumer son poste de radio sur une station non captée, comme répéter sans cesse son prénom à la suite. Au début c'est agaçant, puis ensuite on s'y habitue, on prend même plaisir à entendre se répéter les mêmes vibrations qui viennent s'écraser contre nos tympans.
"Maman doit partir mon chéri...". Un faible bruit de gaz qui s'allume, puis une petite flamme plongeant dans un trou sombre. Au même instant, une forte lumière rouge illumine le trou, et consume ce qui se trouve à l'intérieur. Encore quelques secondes. Le voila, le même filet gris s'échappe alors pour former un nouveau nuage éphémère.
"Où que je sois, saches que je t'aime Dex, tu es la meilleure chose qui nous soit arrivée...". Un garçon allongé dans un canapé, les yeux fixant le plafond, plonge une troisième fois le briquet dans sa pipe pour aspirer profondément la fumée qui se loge dans ses poumons, pour ensuite l'expirer.
"Adieu mon chéri". Il pose son matériel sur la petite table basse qui se trouve à côté de lui, puis ferme les yeux, et plonge dans un énième rêve.
Une légère brise soufflait se jour là. Le soleil semblait avoir disparu derrière l'épaisse couche de nuages clairs. La foule qui entourait la grande boite boite qui s’enfonçait de plus dans le sol restait silencieuse, personne n'osait prononcer un mot. Certains pleuraient, d'autres avaient leurs regards tournés vers le sol, par honte ou par gêne, certains fixaient même la boite sans pour autant exprimer une quelconque émotion, ils avaient juste l'air abattus, fatigués et peinés. C'est alors qu'un grand homme vêtu d'une grande robe noire, probablement le curé, commença son discours.
"Gilbert Keegan était un homme respectable, un génie de notre temps. Beaucoup d'entre vous le connaissait comme le grand médecin qu'il était. Partout où il allait, les blessures guérissaient. Mais comme vous le savez, toutes les blessures ne sont pas cicatrisables, et malgré la peine qu'il surmonta après le décès de son épouse, Rose, il n'en fut pas moins un homme bon. Car oui, avant d'être un travailleur d'exception, Gilbert était un homme de cœur, généreux et aimé, doux et admiré, intelligent et réputé. Etant au courant de sa maladie peu de temps avant sa disparition, monsieur Keegan à souhaité vous laisser un dernier message avant le grand voyage. Je vous remercie tous d'être venus aujourd'hui, car si vous entendez ces mots, c'est que la maladie aurait eu raison de moi. Ne soyez attristés, mais voyez cela comme une dernière leçon, nous sommes tous éphémère. Merci à vous de m'avoir accompagné tout au long de ma vie professionnelle et personnelle, de m'avoir conseillé comme il le fallait, car je n'ai pas toujours été irréprochable, aujourd'hui je vais rejoindre ma défunte femme. Comme vous le savez, je n'ai pas beaucoup de famille, c'est pourquoi je lègue l'intégralité de ma fortune, de mes possessions et de mes titres à mon fils unique Dexter. Je suis désolé de ne pas avoir été très présent, et j'espère de tout cœur que tu arriveras à me pardonner, car je t'aime. Gilbert Ethan Keegan. Le curé releva alors la tête vers la foule pour la scruter minutieusement.
"Bien, maintenant je souhaiterais appeler Dexter Keegan à l'autel". Personne ne répondit, personne ne se déplaça.
"Monsieur Keegan ?". Il appela encore plusieurs fois le jeune héritier du défunt, mais il ne trouva jamais de réponse.
Le bal de fin d'année était une tradition à l'école de sorcellerie Poudlard. Tous les garçons étaient en costume noir et blanc, et les jeunes filles vêtues de magnifiques robes de soirée. Le petit garçon était devenu un jeune homme, et c'est dans le plus grand des vacarmes que lui et ses potes dévalèrent les escaliers ensorcelés, quelques bouteilles de whisky pur feu dans la sacoche. Car oui, au fil du temps, le bal de fin d'année était devenu un événement propice à la consommation d'alcool. La bande avait une sacrée réputation, populaires à la fois chez les élèves mais aussi auprès des professeurs, même si ce n'était pas dans le bon sens. Le début de la soirée était relativement ennuyant, tout le monde se réunissait dans la grande salle où les premières danses amorçaient la soirée. Quelques heures plus tard, des élèves quittaient la salle par petits groupes pour se retrouver au bord du lac, où la fête battait son plein. C'est en sixième année qu'il rencontra celle qui ferait basculer sa vie, justement lors de cette soirée. Tout le monde semblait avoir bien bu, et ça faisait déjà un petit moment que Dexter et Emma se tournaient autour. Alors c'est en toute logique que cette aventure commence à la fin de cette soirée. Il l'a raccompagna jusqu’à son dortoir, qu'il ne quitta que le lendemain matin. Il ne se doutait pas qu'il venait peut-être de rencontrer l'amour de sa vie.
Dexter venait tout juste de déballer le dernier carton lorsque Emma pénétra la porte d'entrée de l'appartement. Un large sourire se dessina d'abord sur son visage, puis des larmes de joie coulèrent alors sur ses joues. Elle bondit alors sur son compagnon pour le renverser sur le sol et l'embrasser tendrement.
"Ça veut dire que l'appartement te plait ?". Elle hocha la tête gaiement avant de se redresser.
"J'espère juste qu'il y aura assez de place pour nous trois". Pour la première fois depuis des semaines, le jeune homme devint tout de suite inquiet, surement par peur de ne pas comprendre le message. A son tour, il se releva et s'approcher de sa fiancée.
"Nous trois ?". Il avait bien entendu, et comme pour manifester sa joie, il se rapprocha d'elle et la prit dans ses bras, en caressant son ventre.
"Depuis combien de temps ?". Un mois s'était écoulé depuis que le test de grossesse de la jeune femme s'était révélé positif, sachant qu'ils emménageraient ensemble, elle avait choisit d'attendre ce moment pour lui annoncer la nouvelle.
"Il va bien ? Le bébé va bien ?". A priori, tout se passait pour la maman, ainsi que pour le futur enfant.
"Ecoute, maintenant il faut penser à toi et au bébé, il faut que tu te reposes". Emma broncha la tête afin de manifester son désaccord.
"Je suis enceinte que depuis quatre semaines et tu me fais déjà passer pour une alitée, je vais bien, et lui aussi il va bien". Le jeune homme se releva puis se dirigea vers la cuisine, il revint quelques secondes plus tard avec deux tasses de thé à la menthe. Il s'installa alors autour de sa compagne et lui murmura d'une voix suave
"Un garçon ou une fille ?".
C'était une dure soirée qu'avait passé Dexter à Sainte Mangouste.