Vendredi après-midi. Encore deux heures avant la fin de la journée, et je dois vous avouer que j'étais presque aussi pressé que mes élèves d'arriver au week-end. La semaine avait été longue et particulièrement pénible, par rapport à d'habitude. Le temps se réchauffait doucement, et on avait tous envie d'aller prendre un bain de soleil après ces deux mois d'hiver. J'aurais bien proposé à ma classe de faire le cours dehors – ils n'auraient pas été contre -, mais c'était impossible : aujourd'hui, pas de théorie, mais de la pratique. Ceci dit, j'avais remarqué au fil des années que la préparation d'aujourd'hui plaisait en général : l'Amortencia. Moi-même, à l'époque, j'avais adoré. Pas de mauvaises odeurs parfois propres au cours de potions. Pas de mixture peu ragoûtante pleine de grumeaux. Rien de tout ça. L'Amortencia sentait bon, et ce n'était pas subjectif vu qu'elle prenait l'odeur préférée de chacun.
Normalement, mes élèves ne devaient pas tarder. Il venait de sonner, et mon autre classe était sortie dans un concert de chaises et de cris – ah, les première années, toujours si enthousiastes. Je pouvais les comprendre, j'avais passé avec eux deux heures pénibles de théorie sur les potions toxiques. Malgré que c'était un sujet intéressant, deux heures à gratter, ça assomme. Heureusement que ce n'était pas tous les jours. Même à moi, ça m'avait semblé long.
Les premiers élèves se pressaient dans la salle, toujours à la même place. J'entendis quelques soupirs en voyant les chaudrons : de soulagement pour certains, de désespoir pour d'autres – les moins doués, et je le comprenais aisément, devaient détester les séances pratiques. Lorsqu'ils furent tous entrés, je m'exclamai :

- Bonjour à tous. Prenez un siège et mettez-vous par deux devant chaque chaudron.

Je m'assis sur mon bureau en attendant qu'ils s'exécutent. Ils étaient grands, ça ne dura pas longtemps, contrairement aux première ou aux deuxième. Ceci dit, je les sentais dissipés. Ce n'était jamais facile, le vendredi. J'espérais vraiment pouvoir capter leur attention.

- La potion que nous allons réaliser aujourd'hui est connue de vous tous, très probablement. Elle peut s'apparenter à un philtre d'amour, si on y pense : quelques gouttes dans vos cheveux, et vous aurez la meilleure odeur du monde aux yeux de n'importe qui, car elle n'a pas d'odeur propre, mais bien celle que vous aimez sentir par dessus tout. Si vous aimez le thé à la menthe, elle sentira le thé à la menthe. Idem si vous avez un penchant pour le chocolat ou l'herbe coupée, ou tout ce que vous voulez.

Rares étaient ceux qui n'avaient pas d'idée. Ceux qui avaient écouté, en général, savaient. Ceci dit, ils n'écoutaient pas tous. Ce n'était jamais le cas, et ça l'était plus particulièrement cette après-midi. Je décidai de faire comme si je ne voyais rien, ce n'était pas mon genre de râler, j'étais même plutôt cool, alors ce n'était pas aujourd'hui que j'allais commencer. Surtout que malgré mon peu d'autorité, je n'avais jamais eu de trop gros écarts de discipline. C'est donc comme d'habitude que je continuai mon cours :

- Quelqu'un a-t-il une idée du nom de cette potion et des ingrédients qu'elle contient?, lançai-je avec un grand sourire.

Cours de potion.

Fatiguée, éreintée... } Callie quittait son cours de métamorphose avec les autres élèves de sa maison, la dernière heure de cours était consacrée aux cours spécifiques et Calliopée rêvant de devenir médicomage avait pris potions car c'était non seulement une matière qui la passionnait mais en plus principale pour avoir son diplôme et poursuivre la route de ses rêves. Elle était épuisée, elle avait envie de se reposer, de se laisser aller et de fermer ses yeux, mais rien à faire les dernières nuits avaient été pénibles, Clarke l'évitait depuis l'incident avec Amy et elle se sentait terriblement seule à Poudlard. Comme si elle était en présence d'inconnus, plus rien n'avait de sens pour elle.

Elle marcha d'un bon pas vers les cachots et la classe de potions en espérant que ce ne serait pas une heure de cours assommante à gratter le papier, sinon elle était persuadée qu'elle s'endormirait comme une pierre sur son parchemin. Sur le chemin elle aperçu au bout d'un couloir Clarke discuter avec Amy, son sang ne fit qu'un tour. Non seulement il l'ignorait mais il parlait avec elle... Le temps n'y faisait rien, était-ce l'animosité naturelle d'Amy envers elle où leur passé, elle l'ignorait mais elle ne pouvait pas la saquer. Et elle n'avait aucune intention de faire le moindre effort. Les voir tous les deux se parler, se rapprocher, avoir des gestes de douceur l'un envers l'autre lui donna un instant une fulgurante envie de vomir. Elle se promit d'éviter Clarke elle aussi, s'il voulait jouer l'imbécile tant mieux pour lui.

Elle reprit sa route et arriva aux cachots, en rentrant dans la classe elle se fraya un chemin à travers les premières années qui sortaient éreintés d'avoir trop gratter du parchemin, Callie soupira s'imaginant qu'ils risquaient eux aussi de subir le même sort. Elle prit sa place habituelle, rangée du milieu ni trop proche ni trop loin. Elle laissa tomber son sac lourd de parchemins et de grimoire et s'installa sur sa chaise attendant le début du cours.

Les autres élèves remplirent bien vite à leur tour la classe et elle se sentit noyée dans le monde. Elle ne connaissait que peu d'élèves ayant pris potion, et en faisant un tour de classe elle ne reconnut personne, bien sur c'était comme elle des élèves de 7ième année, mais ce n'était pas des amis... Elle soupira à nouveau.

- Bonjour à tous. Prenez un siège et mettez-vous par deux devant chaque chaudron.

Elle tourna la tête à gauche et à droite déjà des groupes de deux se formaient et elle se sentit désemparée, elle n'avait personne sur qui sauter pour créer un groupe. Puis finalement elle aperçu Richard, il était seul comme elle. Elle se releva et marcha vers lui, arrivée à sa hauteur elle lui dit :

- Cela ne te gène pas de faire équipe j'espère ?

Calliopée s'installa à coté de lui, après tout même s'il n'était pas d'accord il ne restait plus qu'eux deux, elle lui sourit gênée mais s'assit.

- La potion que nous allons réaliser aujourd'hui est connue de vous tous, très probablement. Elle peut s'apparenter à un philtre d'amour, si on y pense : quelques gouttes dans vos cheveux, et vous aurez la meilleure odeur du monde aux yeux de n'importe qui, car elle n'a pas d'odeur propre, mais bien celle que vous aimez sentir par dessus tout. Si vous aimez le thé à la menthe, elle sentira le thé à la menthe. Idem si vous avez un penchant pour le chocolat ou l'herbe coupée, ou tout ce que vous voulez.

Aaah l'amorentia, pour elle ça sentait un jour de pluie, de ceux où vous restez chez vous enfermer, un feu allumé dans la cheminé et enroulé dans votre couverture. Ou tout à l'inverse, une ballade sous la pluie, botte en caoutchouc et ciré rouge. Elle sourit, elle ne put s'en empêché, la fatigue avait beau la ronger, elle restait positive, il le fallait.

- Quelqu'un a-t-il une idée du nom de cette potion et des ingrédients qu'elle contient?

Lorsque on leur demande le nom de la potion, Callie ne put s'empêcher de lever le bras tel un I prête à donner une réponse complète et détaillée. Elle aurait tout aussi bien pu être envoyé à Serdaigle pour ses capacités cognitives mais son coté loyal au cœur d'or en avait décidé autrement. Lorsqu'elle eut le droit de parler elle dit.

- Professeur, ne s'agirait-il pas là de l'Amortencia ? Si c'est le cas c'est une potion très puissante, un puissant filtre d'amour. Cependant elle ne créé pas le sentiment d'amour mais une attirance maladive et irrépressible envers quelqu'un. Si je ne me trompe pas, et excusez moi si c'est le cas, je ne connais pas hélas tous les ingrédients, car nous ne l'avons pas encore étudiée. Dit-elle tout en lançant un regard à son livre de potion de 7ième année fermé devant-elle.

- Mais si je puis me permettre, il me semble que cette potion est propre à chacun et qu'elle sent une odeur qui nous est tout à fait personnelle. Ajouta-elle.

Elle baissa les yeux, rien que débiter tout ces mots l'avait épuisée, ses yeux cernés ne tenaient plus et son visage était blanc comme le linge. En un mot, elle était fantomatique. Elle se laissa aller en arrière sur sa chaise et jeta un regard gêné et mal à l'aise à Richard, il devait la prendre pour une folle, une idiote et une faiblarde. Elle croise les bras et cligna à plusieurs reprise des yeux, les lumières dans la pièce vacillait, mais elle tenait bon.

Richard était habitué à la froideur des cachots. Il y habitait depuis plus de sept ans maintenant dans la salle commune de Serpentard. De plus, il aimait bien les cours de potions. Il n’excellait pas comme en défense contre les forces du mal, mais il était brillant tout de même. Il avait apprit à l’âge de sept ans sa première potion avec son grand père paternel. Cet événement faisait partit des rares attention de Monsieur Anderson Senior envers lui. Chez les Anderson, les effusions d’émotions n’étaient pas leurs points forts. Alors lorsqu’il fallait s’occuper de l’éducation des morveux, c’était comme demander à Salazar pourquoi il existe des Sangs de Bourbe. Richard avait eu de nombreux précepteur étant gamin. Il en avait fait perdre des cheveux lorsqu’il y avait entre cinq et six ans. Il était instable. Il venait d’utiliser pour la première fois la magie, alors dès que quelque chose ne lui plaisait pas, il le changeait. Une fois, un de ses professeurs s’était retrouvé avec une coupe afro orange. Sur un Sorcier de Sang Pur très blanc, cela le faisait plus penser à un… Clown ? Non ? Enfin bref, il s’était bien amusé.

Maintenant, il était devant la salle avec ses amis de Serpentard. Perseus n’était malheureusement pas là, il arriverait surement en retard. Lorsque le professeur les fit entrer, il se mit à côté d’une blonde de son année, une Serpentard avec une forte poitrine. Il ne se souvenait plus de son nom. Peut-être était-ce Rosline ? Il n’en savait guère, et à vrai dire, il s’en fichait. Maintenant, la seule fille qui l’intéressait était Lily Rose Archibald.

Richard n’était pas très attentif à ce que disait le professeur, pensant à sa belle qui allait bientôt retrouver. Il fut surpris en voyant une bouffondor lui demander d’être son partenaire de chaudron. Il fronçait des sourcils, il était avec la blonde là.. Il se retournait, et il vit qu’elle était partit avec un autre. Pff, morve de troll va. Il fut également offusqué en la voyant s’installer alors qu’il ne lui avait pas répondu.

« Fais comme chez toi, griffon. »

Il l’avait bien sur dit d’une façon ironique. Il se mit ensuite à écouter le professeur Sullivan tout en mettant le plus d’espace avec la rouge et or. Tiens, ils allaient préparer une potion ressemblant à un philtre d’amour. Intéressant.

« Et si on adore la morve de troll, ça aura cette odeur, monsieur ? »

Richard aimait se faire remarquer en classe. Il se faisait souvent passer pour un benêt, mais il était très intelligent. Ses notes parlaient pour lui. Il avait donc ainsi reconnu l’amortencia. Il l’avait sentit une fois, lorsqu’il était entré la nuit dans le laboratoire de son père. Cela sentait le vieux bois, comme sa baguette, et une odeur de fleur à la violette. Sa grand-mère maternelle lui donnait souvent des petits bonbons à la violette lorsqu’il était enfant. Il l’avait toujours adoré. Malheureusement, elle était décédé il y a plus de cinq ans. Il s’en souvenait d’avoir était très triste.

Sa camarade non désiré répondit à la question du professeur. Elle aurait dû être répartit à Serdaigle à la place ! Elle ressemblait à ses petits Serdy coincés ! Quelle horreur ! En plus, elle semblait sur le point de s’évanouir. Il ne lèverait même pas le petit doigt si elle tomberait devant lui. Il s’en moquait éperdument d’elle.

« Hé bah, monsieur, je crois que vous avez épuisé la petite ! »

Il se mit à rire tout lançant supérieur à la jeune fille.

« Il est où, le courage des Gryffondors ? »

Spoiler: