Le ciel était si clair, si immuable, lumineux, qu'Alecia avait encore tendance à se demander si tout ce dont elle avait eu vent sur les événements de Poudlard avaient bien eu lieu. S'il y avait déjà eu un incident que la direction de l'école de magie avait su relativement cacher, cette nouvelle agression elle, n'était plus tellement discrète. Le département de la justice magique travaillait souvent étroitement avec le département des Aurors, et Alecia n'était pas de ceux qui ignoraient que des affaires bien tristes et bien noires avaient lieu du côté du château. Le fait de ne pouvoir agir et de ne pouvoir tellement apporter son aide, ni enquêter, la rendait particulièrement malade et elle n'arrivait pas à bien dormir depuis quelques temps. Toute cette affaire devenait particulièrement grave et dangereuse. Si des groupes de mages reprenaient l'étendard des mangemorts, c'était toute la précédente guerre entre l'Ordre et les Mangemorts qui reprendraient. Bien sûr, Alecia ne la connaissait que dans les livres. Elle ne l'avait pas vécue, elle n'avait pas eu de grands-parents pour lui en parler. Elle ne pouvait s'assurer de la gravité des choses que par ce qu'elle avait lu.

Les faits avaient beau remonter à plus de soixante-ans, la peur d'un retour de mages noirs était toujours là. Davantage pour la blonde, qui était née-moldue. Les temps avaient changé, bien sûr, mais l'idée de retomber dans un monde où les nés-moldus étaient traqués... Et les sang-purs qui ne voulaient pas se rallier non plus... Elle ne sait pas trop pourquoi, mais elle pensa à O'Brady. Sortie de ses pensées, elle décida qu'il était temps d'agir, et pour cela elle écrivit à l'un de ses professeurs, de qui elle avait été plutôt proche et en qui elle avait confiance. Elle n'aimait pas l'idée que le ministère mette son nez dans les affaires de Poudlard, mais elle ne viendrait pas au nom du ministère, mais en tant qu'ancienne élève, soucieuse de la sécurité de ses cadets. Elle envoya donc une lettre au professeur Richardson pour demander un rendez-vous avec lui. C'était autant pour prendre de ses nouvelles que pour proposer son aide.

Ce fut la seconde fois qu'elle retournait à Poudlard depuis qu'elle n'était plus élève. La nouvelle année ne tenait pas ses promesses, et même si elle avait mal commencé, la blonde espérait que les choses s'arrangeraient avec les semaines. Chaudement couverte, elle entama le voyage en transplanant -elle adorait faire cela- jusqu'à l'entrée du domaine de Poudlard et fit le chemin restant vers le château après en avoir reçu l'autorisation. Sans, elle n'aurait même pas passé la barrière. Remonter le parc lui rappela tellement de souvenirs que pendant un instant elle pensa presque s'égarer. Mais elle ne devait pas traîner. Finalement, le rendez-vous avait été pris dans les appartements du professeur, là où aucune oreille déplacée ne viendrait les interrompre. Alecia voulait également prendre des nouvelles de la jeune fille agressée, savoir si elle était hors de danger et si elle s'en remettrait, car c'était l'essentiel pour le moment. Arrivée à la porte des appartements de Richardson, qui n'avaient guère changé d'aspect extérieur. La jeune femme toqua par trois fois et attendit qu'enfin on lui ouvre.

▬ Bonjour professeur ! Désolée de vous avoir demandé ce rendez-vous en urgence... Il était important pour moi de vous envoyer cette lettre et de savoir si vous aviez les choses en main ici, avec la direction. Je ne viens pas au nom du ministère, comme je vous l'ai dit dans ma lettre, mais je veux juste vous apporter mon aide et... Vous avez l'air fatigué...

Et dévasté en plus de ça, sauf qu'Al ignorait pourquoi. Ce devait être son lot depuis un moment. Parler tranquillement, au calme, leur ferait sans doute beaucoup de bien, à tous les deux.
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Alecia s'inquiétait particulièrement pour son professeur. L'époque où elle était étudiante remontait à presque trois ans à présent, mais pour elle, tout était comme si elle était encore dans ces couloirs la veille même. Elève studieuse en son temps, elle avait affectionné l'étude des runes avec beaucoup d'assiduité, puisqu'elle lui permettrait de se faire une meilleure place au ministère. Savoir traduire des textes ancien ou même pouvoir utiliser les runes pour faire passer des messages secrets avait porté ses fruits, puisqu'elle avait su convaincre ses supérieurs de son talent, et tout ça, elle le devait au professeur Rochardson. Aussi, le voir dans un tel état fit se pincer son cœur, même s'il finit par lui sourire en l'invitant à entrer. C'est la première fois qu'elle entrait dans les appartements d'un professeur, et même si leur relation d'étudiante à professeur n'avait plus lieu d'être depuis qu'elle était une adulte active, Alecia se montrait toujours exagérément polie et prévenante, car Ky demeurait son aîné. S'il pouvait désormais l'appeler par son prénom, elle se contentait toujours d'un « monsieur » ou d'un « professeurs » respectueux. Aussi après l'avoir remercié, elle se posa là où elle put, sans s'imposer, laissant son sac trôner sur le sol, près d'elle. Prudence est mère de sûreté, à la vue des récents événements, elle gardait toujours sa baguette sur elle, vieille habitude qu'elle avait prise depuis qu'elle-même, il y a de cela des années, s'était retrouvée face à le pire cauchemar que peut avoir une jeune femme. Ses insomnies n'étaient pas sans raison, évidemment. Mais trêves de pensées égarées, ce qui comptait sur le moment, c'était Ky. Si toute cette affaire avait semé le doute dans son esprit, le voir si ravagé fit se poser des question à la jeune femme. Après tout c'était bien une étudiante qui avait été agressée, et même si beaucoup de professeurs, de son souvenir, prenaient très à cœur la sécurité de leurs élèves, ce n'était pas un soucis de bien-être de ses étudiants que lisait la blonde dans les yeux du professeur.

▬ Vous savez, professeur, vous me connaissez bien, vous savez que je suis très perspicace, ce n'est pas pour rien que j'ai pu accéder au Magenmagot après tout... Tout ça c'est grâce à vous, et je suis très ouverte d'esprit. Quelque soit la chose qui vous turlupine, je ne vous jugerai pas. On a tous le droit de choisir sa voie.

Elle était sincère. Si elle avait vu juste, alors, au-delà de toutes les barrières prétendues morales, il devait être le plus heureux des hommes. Enfin, en cet instant, le plus malheureux. Alecia ne pouvait confier savoir ce qu'il ressentait, car elle n'était pour le moment aucunement capable de ressentir ce que lui pouvait supporter. Néanmoins, là n'était pas la question, elle n'était pas venue pour le questionner et savoir avec qui il passait ses journées et ses nuits. Elle savait que tôt ou tard, le ministère viendrait poser son nez dans les affaires de Poudlard, si ce n'était pas déjà le cas. Après tout la petite blonde ne pouvait pas être au courant de toutes les affaires de tous les départements, seulement, les faits étaient les faits. L'ancienne Poufsouffle avait de plus appris que l'école avait appelé du renfort auprès des médicomages de Ste Mangouste. Mais ce n'étaient pas de docteurs dont ils avaient besoin, mais bien d'aurors, ou de tireurs d'élite de baguette magique, ou encore de gens qualifiés en sortilèges comme les langues de plomb. Ou, plus loin, elle songea à ce qu'était l'Ordre du Phénix à la grande époque. Si la menace des mangemorts refaisait surface, y aurait-il quelqu'un pour reprendre les rennes de cet organisation ? Alecia l'espérait de tout son cœur, comme elle espérait que tout ça ne soit qu'un malheureux accident.

▬ Si vous voulez parler de tout ça, je suis là,. Et si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous savez que vous pouvez me contacter. J'ai beau avoir beaucoup de travail, je tourne en rond une fois sortie de mon bureau, aussi si je peux moi aussi protéger les élèves et remonter jusqu'à... ceux qui ont fait ça... Je sais, j'ai toujours été trop téméraire, et peut-être que je me surestime un peu, mais vous savez que les sortilèges ont toujours été ma spécialité. Je ne peux pas rester les bras croisés devant tout ça. Il y a une époque où des gens beaucoup plus jeunes que moi ce sont battus contre le mal. Je n'attendrai pas une nouvelle possible guerre pour réagir.

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▬ Oui, je sais quel genre de professeur vous êtes ; quelqu'un de responsable et d'attentif, de très concerné par l'avenir de ses élèves, Parfois c'était tout de même... Comment dire ? Oui, vous êtes très proche d'eux.

Devait-elle dire qu'à l'époque parfois, elle avait l'impression que toute cette attention lui était personnellement ambigüe ? Avait-elle un jour ressenti quelque chose pour le professeur ? Sans doute, au-delà du respect, peut-être, les barrières de toutes ces notions d'amour ou de sentiments ne lui avaient jamais été familières et pire encore après son agression, elle ne savait plus vraiment comment jauger les personnes qui lui étaient proches ou en qui elle avait confiance. Parfois elle regrettait d'avoir été à ce point dans le brouillard, non pas qu'elle manquait de maturité, seulement elle avait toujours été une paumée. En général elle préférait les professeurs qui enseignaient pour des options, car elle pouvait recevoir une attention plus particulière de leur part et brillait au milieu d'un groupuscule grâce à son travail acharné -presque masochiste par moments-. C'était sans doute égoïste, mais en voyant tant de personnes l'abandonner tour à tour, elle se raccrochait à ce qu'elle pouvait, sans vraiment toujours savoir dans quoi elle s'embarquait.. Elle se sentit, à sa remarque suivante, mi-frustrée, mi-flattée. Frustrée car elle en avait assez que tout le monde la considère comme une petite fille, souvent juste parce qu'elle en avait encore la bouille. Flattée car il semblait encore, envers et contre tout, se soucier de sa sécurité.

▬ Sauf votre respect, professeur, je suis devenue une femme entre temps, et croyez-moi, aujourd'hui je sais me défendre. J'ai appris de mes erreurs, on va dire... Certes, je ne vais pas foncer tête baissée, mais le jour où on aura besoin de moi, je serai là. Il faut que vous commenciez à croire en ceux qui sont plus jeunes que vous, après tout... Vous commencez à vous faire vieux !

La jeune femme éclata de rire, le pique n'étant fait que pour plaisanter et détendre l'atmosphère, Alecia prit une gorgée de sa tasse de thé, comme elle adorait ça ! Ça la calmait beaucoup, l'apaisait, soignait ses petits chagrins ; c'était une bonne médecine naturelle -même si par le passé elle buvait plus du sucre au thé que l'inverse-. L'ex-Poufsouffle ne savait pas quoi ajouter, De base, elle était venue pour vérifier que son ancien professeur se portait bien, et ensuite pour proposer son aide, La première chose était très relative, la seconde, perdue d'avance. Il était têtu et elle le savait, ce qui l'agaçait plus ou moins alors qu'elle était sans doute pire. Quand Alecia avait une idée en tête, il était très difficile de l'en défaire,

▬ Bon j'avoue être à court d'arguments cette fois... Vous êtes vraiment incorrigible, mettre à rude épreuve mes résolutions,,, Je ne promets pas d'être sage, mais au moins de faire attention, je pense que c'est un bon compromis, non ? Enfin bref... Je ne voudrais pas abuser de votre temps, vous avez sûrement beaucoup de choses à régler avec tout ça...

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